L'unité de mesure des grèves dans la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas la journée, mais le mois.
Le scénario semble se répéter et frappe prioritairement les entreprises les plus viables et performantes de la région. La plus importante laiterie de la wilaya, privatisée depuis quatre ans, a été secouée plusieurs fois par des mouvements de grève dont la plus longue a duré plus de quatre mois. Il est quasiment miraculeux qu'une unité économique reprenne vie après des passages à vide aussi longs. Les dysfonctionnements engendrés dans la production et la distribution de ce produit de première nécessité sont extrêmement lourds et pénalisants pour les consommateurs.
Le calme semble revenir à l'ouest de la wilaya, mais la situation se gâte à l'est, où une entreprise publique spécialisée dans la transformation du bois est paralysée depuis un mois et demi. C'est l'une des rares entités économiques encore en activité dans la wilaya, créant richesses et emplois et perpétuant un label de qualité dont s'enorgueillit la région. Il est bien entendu permis de penser que ces débrayages de très longue durée s'appuient sur de vraies revendications socioprofessionnelles, et qu'il ne s'agit pas tout simplement d'une entreprise de démantèlement du tissu économique de la région. Il est des voix qui affirment que l'on est face à un plan global d'asphyxie par l'insécurité et la paupérisation à l'encontre d'une région qui a trop souvent marqué sa présence sur le plan politique. Il est au demeurant étonnant que des ouvriers mettent en jeu dangereusement leur outil de travail, plus prosaïquement leur gagne-pain, pour régler des différends qui ne nécessitent en vérité qu'une assemblée générale sous tous les aspects possibles, élective, de concertation, de dialogue'
Aucun apparatchik, qui serait la «source de tous les maux», ne peut survivre «syndicalement» en passant devant une AG dont la tenue et la convocation incombent légalement aux travailleurs. En tout état de cause, on reste perplexe devant des mouvements de grève qui chevauchent le mois sacré, les fêtes religieuses, parfois les saisons. La faiblesse des organisations syndicales, capables de sauvegarder les intérêts des travailleurs, leurs droits socioprofessionnels mais aussi l'outil de production, qui constitue la charnière entre l'activité et le chômage, est l'une des plaies qui compromettent le développement et la stabilité de la région.
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Posté Le : 25/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com