Algérie

Entre statu quo et échec



Entre statu quo et échec
Chacune des fêtes nationales ? nombreuses au cours de l'année ? est l'occasion pour les autorités de lancer le signal d'un nouveau départ pour construire le pays et donner corps à l'espoir d'émancipation et de progrès porté par des générations de patriotes. Les années tout comme les décennies passent sans que la dynamique rêvée ne soit enclenchée.Quand l'argent du pétrole coulait à flots, les citoyens recevaient la parole officielle avec un quasi recueillement et les jeunes, notamment ceux inscrits aux dispositifs de soutien à l'emploi, prenaient les autorités au mot en décidant de dépenser sans rien gagner. A présent que la crise économique a fait son entrée fracassante, pas seulement dans les discours mais dans la vie réelle, les messages officiels désarçonnent l'opinion publique et concourent à la sinistrose ambiante. «La crise est là et nous n'y sommes pour rien», comprend-on du message présidentiel diffusé à l'occasion du 5 Juillet dernier.La crise économique n'étant pas une catastrophe naturelle ni un complot de l'étranger, la responsabilité des différents segments de l'Etat est nécessairement engagée. En plus de constituer une fuite en avant, la teneur du dernier discours «écrit» de la Présidence ajoute au climat d'incertitude et de confusion ayant atteint un niveau délétère ces derniers mois. Il est parfaitement désespérant d'apprendre que les équipes dirigeantes ? notamment celle en poste ? ne sont pas concernées par l'échec en cours et se déclarent donc aptes à relever d'improbables défis de relance économique.En suggérant presque que la crise est un privilège ou un atout puisqu'elle est déclarée ne pas être «l'apanage d'un pays particulier», le texte présidentiel affirme que la situation actuelle n'est pas «la conséquence de failles dans la démarche interne». Il ne reste plus qu'à s'étonner que la crise se soit déclenchée puisque le système de gouvernance a été probant.Mais il ne faut pas compter sur la capacité de contradiction et de désaveu de nos dirigeants qui peuvent revendiquer l'échec de leur démarche dans un même discours bâti sur le déni de la réalité. On lit donc, dans le message présidentiel, que la ressource des hydrocarbures «pèse encore fortement sur notre économie et notre développement».Si le système économique n'est viable que sous perfusion d'hydrocarbures, cela, en plus d'être un échec, est une hypothèque sur l'avenir. Il sera difficile de reconstituer, au pied levé et en pleine tempête, une économie diversifiée et un tissu industriel pouvant «respirer» sans l'apport des ressources du sous-sol.Loin de donner une chance aux idées et aux capacités de management forcément disponibles dans le pays, les décideurs persistent dans l'esprit de rente et continuent de fonder leur «démarche» sur l'exploitation des ressources minières.Concomitamment à l'appel à la mobilisation lancé par la Présidence, l'on a appris que le gisement de Gara Djebilet va constituer «le fer de lance pour le développement économique hors hydrocarbures». En plus du jeu de mots incongru par temps de crise, le projet est esquissé depuis au moins trois décennies. Le système de gouvernance n'aura évolué qu'entre statu quo et échec.


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