Algérie

Entre sport et business



Rendez-vous planétaire ce jeudi, indépendamment des fuseaux horaires, avec le «kick-off» de la Coupe du monde 2018. La plus emblématique compétition sportive mondiale organisée tous les quatre ans dans un ou plusieurs pays par la FIFA va démarrer à peine 48 heures après une historique poignée de main à Singapour entre les présidents américain et nord-coréen qui, il y a quelques mois, s'étripaient sur les réseaux sociaux. La Russie, boudée par le reste de l'Europe et sous embargo économique pour son rôle dans la crise en Ukraine et au Donbass, va, elle, vivre «sa» Coupe du monde.Vladimir Poutine, celui qui fait peur aux démocraties occidentales par ses méthodes brutales de gouverner la Russie, a réussi cependant là où les anciens apparatchiks du parti communiste soviétique ont échoué, avec le boycott des JO de 1980, une année après l'invasion de l'Afghanistan. Poutine, après avoir envahi la Crimée et divisé l'Ukraine, a vaincu lui aussi le «signe indien» et jubile déjà d'organiser la plus prestigieuse des compétitions sportives mondiales. Même si elle n'espère pas en engranger de gros profits financiers, la Russie a, en réalité, réussi à s'imposer. Et sera, l'espace de grandes confrontations footballistiques entre les plus grandes stars du «footbiz», le centre du monde, le centre de l'attention de milliards d'êtres humains. De toutes conditions.
Mais, cette compétition planétaire, enfin selon les critères de la FIFA, puisque la représentation de chaque continent reste biaisée, est surtout une immense opération de marketing et de gros profits pour l'instance mondiale du football et ses sponsors. Car en dehors des rectangles verts, là où l'effort et l'intelligence, couplés à la technicité des joueurs et les tactiques des coachs, offrent aux milliards de spectateurs des matchs absolument fabuleux, parfois déconseillés aux cardiaques, des moments de pure bonheur sportif, la FIFA, elle, encaisse. Car en fait, et loin des prouesses techniques qui passeront à la postérité des Neymar, Messi, Ronaldo ou Mohamed Salah, l'entreprise «Coupe du monde» est un tiroir-caisse, une immense opération de gains et de profits. Car la Coupe du monde c'est aussi une affaire de gros sous.
Sans grande surprise, ce sont les droits TV et de marketing, les droits payés par les sponsors, qui rapportent le plus aux caisses de la FIFA. En restant dans le troisième millénaire, et donc depuis 2002, le Mondial génère 80% à 90% des revenus de l'instance footballistique installée à Zurich en Suisse. En 2002, la Coupe du monde organisée en Corée du Sud et au Japon avait rapporté 1,94 milliard de dollars de recettes et en 2006 en Allemagne cela passe à 2,63 milliards de dollars, puis en 2010 en Afrique du Sud, c'est 4,19 milliards de dollars. En 2014, la barre des 5 milliards de dollars est dépassée au Mondial brésilien avec des recettes de 5,7 milliards, une croissance de 66% en une décennie. Et, fatalement, c'est la FIFA qui encaisse la majorité des gains de l'organisation d'une Coupe du monde.
Celle de 2018 de Russie, qui débute ce jeudi 15 juin, est la plus chère de tous les temps, soit plus de 13 milliards de dollars pour le pays organisateur, la Russie. Mais, au final, ce sera toujours la FIFA qui remportera le jackpot. «La FIFA a inventé et monétisé un système génial: tous les droits lui appartiennent et aucun produit où figure le logo de la compétition ne peut être vendu sans son accord», résume un expert russe. Une Coupe du monde de football, c'est devenu surtout du «business», un peu politique et du sport. Le reste, du vainqueur aux perdants, cela fait partie du jeu.


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