Entre scepticisme et satisfaction Les Algérois s'expriment sur les grands projets de la capitale

Photo : M. Hacène
Par Samir Azzoug
Metro d'Alger, tramway, autoroute Est-Ouest, la mosquée d'Alger restent les grands chantiers de l'aménagement urbain de l'ère Bouteflika - en plus des millions de logements, pour certains construits alors que d'autres sont programmés ou en cours -.
A l'heure de l'inauguration de plusieurs de ces réalisations, dans la journée d'hier, par le président de la République, les Algérois opinent sur ces réalisations qu'ils voient s'ériger sous leurs yeux. «Le métro est une bonne chose pour la capitale. J'espère qu'il va désengorger la ville. On en a marre des embouteillages et du diktat des transporteurs et des taxis», se félicite un jeune gérant de restaurant à la rue des Fusillés, en face du terminus de métro d'Alger et du tramway. «Je croyais ne pas assister à sa mise en service. Pour une vieille personne comme moi, le métro et le tramway sont une aubaine. Je quitte rarement le quartier, mais avec ces nouveaux moyens de transport, je vais pouvoir sortir de mon isolement», nous dit une octogénaire, qui s'aide d'une canne en bois pour marcher. «J'espère juste qu'ils ont prévu des aménagements pour handicapés. Car Alger est une ville qui ne présente aucune accessibilité pour les gens comme moi. Se déplacer dans la ville est un challenge», déplore un hémiplégique trentenaire. S'agissant des nouveaux moyens de transport et des réalisations en matière d'infrastructures routières, les Algérois adhèrent complètement quant à leur nécessité et à leur impact positif sur leur quotidien. «L'un des plus grands problèmes de la capitale est la circulation automobile qui épuise les nerfs et use les poumons. Espérons que la mise en circulation des nouveaux moyens de transport fera baisser la tension qui électrise le climat d'Alger», souhaite un quadragénaire en costume cravate. «Je ne sais pas ce que c'est, et j'ai peur de rouler sous terre», intervient une vieille femme, qui se pose des questions sur l'aspect sécuritaire de wagons et gares souterraines, qu'elle imagine sombre comme une nuit sans lune. Le projet de la Grande mosquée d'Alger suscite plutôt des
interrogations, parfois teintées de ressentiments. «Pourquoi construire une grande mosquée à Alger '», s'exclame Hamid, un jeune père de famille. «Je suis musulman pratiquant, mais je ne vois pas pourquoi une telle mosquée. Déjà que celle qui existe dans mon quartier est vide durant les prières quotidiennes. Alors une salle de prière pour des centaines de milliers de personnes !», s'étonne-t-il. Deux points sont systématiquement relevés par les personnes questionnées sur ce qui sera la troisième plus grande mosquée du monde : pourquoi près de Oued El Harrach ' Et pourquoi ce sont les Chinois qui la réalisent ' «Je ne peux même pas rester une minute près de ce déversoir (Oued El Harrach), alors comment vais-je pouvoir prier près d'un endroit aussi nauséabond», poursuit-il. «Il paraît que ce sont les Chinois qui vont réaliser ce projet, j'espère qu'ils ne vont pas se tromper sur la qibla», ironise un autre, qui regrette qu'une plateforme comme celle qui est réservée pour le projet n'ait pas servi à «construire des logements». «J'espère qu'il y aura un grand parking dans cette mosquée. Car c'est le problème de stationnement qui m'incommode le plus à Alger, pas celui de la prière», poursuit-il. Sur l'aspect symbolique et représentatif de l''uvre, les Algérois opposent le «fiasco du Maqam Echahid. Ça devait être un symbole du rayonnement algérien. Du moins, c'est comme ça qu'on le présentait à l'époque. Aujourd'hui, il ne sert qu'à accueillir les gerbes de fleurs lors des dates historiques», déplore l'octogénaire à la canne.