Algérie

Entre satisfaction et scepticisme



Entre satisfaction et scepticisme
Le rapport final promettant d'accomplir l'objectif de la COP21, qui est de limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés et si possible l'amener à 1,5 degré, a, comme attendu, suscité de vives réactions. Aussitôt publié, aussitôt commenté par les spécialistes en environnement et notamment des questions climatiques.De scepticisme à satisfaction, leurs avis divergent. Jean-François Julliard, directeur général de l'association Greenpeace France, a indiqué en marge la COP21 que c'était "une opportunité ratée, on aurait pu aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite". Même avis chez le Fonds mondial pour la nature (WWF France). Selon cette ONG, la 21e conférence des parties n'offre "aucune garantie de soutien pour les plus vulnérables qui souffriront le plus des impacts du changement climatique". L'auteur de Géopolitique du changement climatique (Armand Collin, 2009), Francois Gemenne, a, pour sa part, pointé du doigt "les points faibles de l'accord sur finances, justice, droits ou migration sont éclipsés par son ambition et son universalité".Jean Tirole, prix Nobel d'économie, n'ira pas par quatre chemins pour analyser l'accord soumis aux représentants des 195 Etats réunis à la COP21. "Il faut arrêter de tourner autour du pot et remettre les négociations climatiques sur les rails", a-t-il indiqué.Même son de cloche du côté des experts algériens. "Comme prévu, l'accord occulte sciemment la source du problème, à savoir le système économique mondial basé sur les énergies fossiles. Bien au contraire, cet accord garde les intérêts de ce système", a déploré Asma Mechakra, docteur en biologie cellulaire et moléculaire.Quant à Omar Chaalal, professeur associé en génie des procédés, d'un ton plus ou moins aigu, il a rappelé la succession des échecs qu'a connue la COP. "De Stockholm 1972 à Paris 2015 en passant par COP7 de Marrakech en 2001, une série de mesures jamais appliquées. À Paris, 170 pays ont remis à l'ONU leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre à l'horizon 2025-2030. Mais ces serments hypocrites restent insuffisants pour contenir le réchauffement sous le seuil critique de +2°C", a-t-il indiqué. Et d'enchérir : "Je ne crois pas que les politiciens sont sérieux même si l'Ethiopie montre la voie aux pays riches qui polluent et s'engage à réduire ses émissions de gaz à 61%. Elle tient à respecter ses engagements si les grands pollueurs respectent leurs promesses de l'aider financièrement."La fondation Hullot, en revanche, pense que "les mécanismes sur l'après 2020 proposés sont une bonne nouvelle !". Son président, Nicolas Hulot, a également ajouté qu'"on ne peut encore construire l'avenir, mais la fenêtre se rétrécit de jour en jour".Cécile Vrain, docteur en histoire des relations internationales de l'université de Paris-1 Panthéon-Sorbonne (France) et formatrice en journalisme environnemental, estime, pour sa part, qu'il est encore tôt pour porter des jugements. "Difficile à l'heure actuelle de savoir si la COP 21 a été ou non un succès. C'est surtout le soulagement qui apparaît sur les visages après 10 jours de négociations non-stop", a-t-elle indiqué. Tout en ajoutant que "même si a priori nombreux sont ceux qui estiment que l'événement a une portée historique, c'est dans le temps que l'on verra les résultats. Surtout après le travail des gouvernants et des experts réunis au Bourget, c'est à la société civile de prendre le relais. Il ne doit pas être question d'opposer les uns aux autres, mais au contraire d'y voir un travail commun dans l'intérêt de tous, et c'est pourquoi les ONG manifestent déjà sous la Tour Eiffel".I.A.




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