Algérie

Entre satisfaction et méfiance



Tout en exprimant sa joie, la population de Tizi Ouzou n'omet pas de souligner que ce nouvel acquis de l'amazighité est aussi le fruit du combat des militants de la cause."C'est une aspiration populaire et légitime !", "Yennayer retrouve la place qui lui revient", "C'est le résultat évident du long et noble combat pour tamazight", "Il était temps de reconnaître Yennayer comme fête nationale et officielle en Algérie", telles sont les réactions des citoyens qui reviennent le plus souvent dans les rues et les lieux publics de Tizi Ouzou, la capitale du Djurdjura, mais aussi dans les autres villes et villages de Kabylie où, depuis mercredi soir, l'annonce de la promulgation de "Yennayer fête nationale et officielle" aura polarisé l'actualité dans toutes les contrées de la wilaya de Tizi Ouzou. "En fait, cela fait quand même quelques années que nous avons décrété Yennayer jour férié en Kabylie et que nous avons toujours fêté le jour de l'An berbère dans la joie et l'allégresse, mais maintenant que l'Etat algérien a décidé de reconnaître officiellement Yennayer comme journée fériée, chômée et payée, c'est une bonne chose pour tout le peuple algérien et l'Algérie tout entière qui reconnaît enfin son identité ancestrale et se réconcilie, ainsi, avec son histoire millénaire", nous dira, fièrement, un père de famille rencontré à la maison de la culture Mouloud-Mammeri venu accompagner ses enfants pour des activités culturelles. "C'est un précieux acquis pour tamazight qui aurait dû être concrétisé depuis longtemps déjà. Vous voyez bien qu'il suffit d'une simple décision politique pour mettre du baume au c?ur aux Algériens et restituer à notre cher pays, l'Algérie, l'histoire qui est la sienne, autrement dit l'histoire de nos ancêtres que des générations entières ont défendue et ravivée, depuis plusieurs décennies, au prix d'un combat noble et juste qui a fini par porter ses fruits", dira encore une enseignante accostée au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou où elle venait d'assister à une pièce théâtrale pour enfants en compagnie de sa fillette. Dans la rue, les cafés maures, les marchés ou sur les places publiques, l'officialisation de "Yennayer, jour férié" aura suscité de nombreux commentaires et des signes de satisfaction et de fierté émanant de citoyens de tous âges, encore que la plupart des citoyens insistent sur le fait que "tous les acquis portant sur la reconnaissance de tamazight ont été arrachés sur le terrain de la contestation populaire et le fait de célébrer, désormais, Yennayer en toute liberté et en toute solennité est l'aboutissement logique du long combat mené en Algérie pour promouvoir la dimension nationale de l'identité et de la langue berbères".
Cela dit, si la reconnaissance officielle de "Yennayer comme journée fériée, chômée et payée en Algérie" a été accueillie avec fierté et soulagement en Kabylie, il reste que l'annonce de la mise en place d'une académie algérienne de la langue amazighe constitue aussi un acquis considérable pour la promotion de tamazight et de son aménagement linguistique. "Cela fait des années que nous exigeons l'instauration d'une académie algérienne de la langue amazighe comme ce fut le cas pour la langue arabe, et maintenant que cette revendication est devenue une réalité, il faut choisir des chercheurs et des linguistes compétents, c'est-à-dire désigner les hommes qu'il faut pour faire avancer les choses car le combat est encore long et certainement semé d'embûches", avoue un enseignant chercheur exerçant au Département de langue et de culture amazighes de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.
Mohamed HAOUCHINE
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