Algérie

Entre réticences et manque de vaccin



"Dites-moi seulement quand vous aurez terminé l'injection. Ne vous inquiétez pas, y a El-Hadj, c'est fait, mais ne rentrez pas tout de suite, allez d'abord vous reposer en salle d'observation."Ces propos empreints d'assurance ont été échangés, hier, entre un octogénaire qui a reçu sa première dose de Sputnik V et l'affable infirmière qui a procédé à l'inoculation à la polyclinique des Annassers. L'apostrophant dans le couloir avant de rejoindre un autre box où il sera placé en observation pendant 30 minutes, l'octogénaire Aâmi Omar n'a pas caché sa satisfaction après s'être vacciné.
"Ce jour que j'attendais depuis longtemps est venu. Ce traitement va me protéger contre le coronavirus. Je vais désormais pouvoir sortir et reprendre mes anciennes habitudes", dira-t-il. Pour lui, la vaccination demeure l'unique espoir d'un retour à une vie normale. La campagne de vaccination paraît assez organisée à l'EPSP des Annassers.
Le décor renseigne bien sur le dispositif mis en place. Toute une aile de la bâtisse est exclusivement réservée, toute la matinée, à la vaccination. La personne à l'accueil veille au grain. Seuls les patients convoqués accèdent au compartiment dédié à l'immunisation contre la Covid-19. Après s'être acquittés des différentes étapes de vérification et d'inscription à la plateforme, les patients sont, à tour de rôle, vaccinés.
Il faut savoir que ce centre de vaccination programme en moyenne cinq patients par jour. "La vaccination se fait toute la semaine. Mais les inscriptions uniquement le jeudi. On a organisé les choses de sorte à éviter les bousculades. Ce genre de travail exige une bonne organisation, qui permet de mieux gérer les quotas de doses livrés chaque semaine", nous expliquera un agent de l'EPSP.
"Ce n'est pas encore la grande foule. La plupart des personnes qui se présentent sont âgées et souffrent généralement de certaines pathologies. Il faut dire que les gens sont encore prudents et réticents. Les autorités doivent développer le segment de la sensibilisation", confiera un autre infirmier.
Plus loin, un autre paramédical, après avoir décliné notre fonction, a avoué implicitement qu'il est vraiment difficile de convaincre tout le monde de l'efficacité du vaccin. "Cette réticence n'est pas constatée uniquement chez les simples citoyens, mais même chez les professionnels de la santé. Ce n'est pas tout le personnel soignant qui a exprimé le souhait de se faire vacciner."
Faible engouement
"En attendant, le peu de flacons que nous réceptionnons sont mis à la disposition des citoyens", lancera aimablement notre interlocuteur. Ce peu d'engouement pour le vaccin a été également constaté à la polyclinique "Les Sources" qui relève de l'EPSP de Bouchenafa. L'établissement où le Premier ministre Abdelaziz Djerad avait reçu sa première dose donne l'impression de ne pas désemplir.
Deux agents de sécurité placés à l'entrée de la structure orientent les gens vers "le bureau d'inscription Covid-19". L'opération de vaccination semble y être suspendue, faute de flacons disponibles. "Nous avons vacciné une trentaine de personnes le premier jour, lors de la visite du Premier ministre, et une dizaine d'autres le lendemain.
Depuis, nous attendons l'arrivée d'une nouvelle cargaison pour relancer la vaccination", a tenté de nous expliquer un infirmier, soulignant que le personnel soignant n'est toujours pas vacciné, alors qu'il est considéré comme prioritaire.
"Le registre des rendez-vous est ouvert toute la semaine. Le demandeur règle son inscription en dix minutes, mais le problème qui demeure posé est la date de la vaccination, car le vaccin n'est pas disponible", a-t-il ajouté. Pour sa part, Djamel, 72 ans, originaire de Belcourt, qui a pu s'inscrire hier, dira : "Je viens de m'inscrire, on m'a dit d'attendre leur appel. Combien va durer l'attente ' Nul ne le sait."
Ce commentaire a été vite conforté par une vieille femme de 76 ans : "Je suis venue me renseigner quant à mon rendez-vous. Je me suis inscrite il y a 10 jours, mais il n'y a toujours rien. Nous, les personnes âgées, sommes plus menacées par la Covid que les autres catégories." Jusqu'à hier, plus de 2 000 citoyens se sont inscrits aux Sources. Malgré la réticence, la demande dépasse de loin l'offre disponible.

Hanafi HATTOU


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