Au fur et à mesure que l'élection présidentielle approche, les scénarios autour du report de cette échéance se multiplient. Mais tout ce «bruit», loin de constituer un vrai débat encadré, ne contribue pas à offrir plus de visibilité.Et pour cause, au moment où l'option du report se dessinait presque dans la conception des partis, notamment de l'opposition, une autre thèse soutenant l'annulation de l'élection présidentielle et la révision de la Constitution tente de faire son chemin. Les partisans de ce scénario qui, pour le moment, s'expriment dans l'ombre et par médias interposés, parlent de révision de la Loi fondamentale juste après les élections portant renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. Une révision limitée qui passera comme en 2016 et en 2008 à travers la convocation du Parlement avec ses deux chambres (APN et Sénat). Il est ainsi question de réajuster l'article 110 qui précise que «pendant la durée de l'état de guerre, la Constitution est suspendue, le président de la République assume tous les pouvoirs. Lorsque le mandat du président de la République vient à expiration, il est prorogé de plein droit jusqu'à la fin de la guerre (?)». Le but étant d'élargir les cas de prolongement du mandat du chef de l'Etat. Bien que ce soit inédit, à quatre mois de l'élection présidentielle, il faut dire que l'idée ne sort pas de nulle part.
Elle est même la suite logique d'un semblant de consensus autour du report du scrutin. Les partis de l'Alliance présidentielle parlent depuis quelques jours de continuité. Dans leur discours, il n'y a point de place pour le 5e mandat réclamé avec zèle par l'ancien secrétaire général du FLN limogé, Djamel Ould Abbès. Ceux de l'opposition ne marquent pas de résistance aussi. Samedi à l'occasion de son 1er congrès national, Amar Ghoul, président de TAJ, a déclaré lors d'un point de presse improvisé que son initiative pour une conférence de consensus sous l'égide du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été proposée à l'ensemble des acteurs de la classe politique. Et «aucun des partis, ni le MSP, ni El Bina, ni le FFS, ni le RCD ni même Talaie El Hourriyet d'Ali Benflis n'ont rejeté l'idée», a assuré Ghoul. Ces nouveaux éléments, conjugués à l'appel d'Abderrezak Makri, président du MSP, au report du scrutin «pour une année» sont révélateurs. Bien plus que ça, puisque Nacer Hamdadouche, cadre du même parti islamiste a, dans un entretien accordé à TSA Arabi, affirmé que «notre adhésion à ce projet est suspendue à l'appel du président Bouteflika. (?) Si le président Bouteflika en fait l'appel (à la continuité),devant l'opinion publique, à ce moment-là, nous y adhérerons». Reste à savoir si cette conférence aura bel et bien lieu dans les prochaines semaines? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que la scène politique en l'état actuel ne donne aucunement l'impression de s'apprêter à connaître une course à la magistrature suprême du pays. À moins d'un mois de la convocation du corps électoral, l'on n'est toujours pas dans la confrontation de programmes ou les propositions de solutions pour les problèmes des Algériennes et des Algériens. C'est le flou total ! Pire, à l'exception de six candidats à la candidature, inconnus d'ailleurs de la scène, les grands ténors ne se sont pas exprimés. L'hésitation des leaders de l'opposition à se lancer dans la course et le suspense entretenu autour de la candidature de Bouteflika pour un autre mandat renforcent ce sentiment partagé, mais dissimulé, qu'il vaut mieux repousser encore le rendez-vous. Même du côté des experts en droit constitutionnel, la faisabilité de la chose n'est pas totalement écartée, comme nous l'explique la constitutionnaliste Fatiha Benabou (voir l'entretien), qui n'écarte pas une révision de la Constitution pour «justifier» le report de la présidentielle.
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Posté Le : 16/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aïssa Moussi
Source : www.letempsdz.com