Déjà suffisamment connus pour leur indifférence vis-à-vis des élections, en particulier les législatives et les locales, beaucoup parmi les Algérois rencontrés hier à l'occasion d'une virée dans quelques rues de la capitale semblent d'ores et déjà acquis à l'idée de pérenniser une telle «notoriété» qu'ils comptent manifester lors du prochain rendez-vous des urnes.
La campagne électorale boucle sa deuxième semaine, et les habitants d'Alger ne bronchent toujours pas. Le désintérêt affiché pour les prochaines joutes électorales est frappant. «Ça changera quoi de se rendre au bureau de vote pour choisir un nouveau maire '» interroge Louiza, la cinquantaine, rencontrée hier à la sortie du marché de Bir Mourad Raïs. «Voyez- vous, la vie est dure», poursuit-elle. «Je viens de sortir du marché où les prix affichés crachent du feu (')
Un kilo de pomme de terre qui frise les 80 DA, cela est tout simplement insoutenable. Au bout de quelques achats, vous êtes déplumés. Pour nous les gens simples, notre seul souci quotidien c'est bien de savoir comment s'en sortir face à un pouvoir d'achat qui s'érode de jour en jour. Quant à voter, franchement je n'y vois aucune utilité, car cela ne changera absolument rien à notre vie de tous les jours», assène encore cette mère de cinq enfants, tous scolarisés.
Nous vivons d'une seule mensualité, celle de mon mari qui est chauffeur dans une société privée», concluant que «le vote devrait uniquement concerner les haut placés de l'Etat, ''l'qmaqem'' qui touchent 30 millions par mois». Plus loin, à l'intérieur de la cafétéria située en contrebas, un des employés nous confirme qu'il ne se rappelle pas encore avoir entendu sa clientèle parler du prochain scrutin.
«Les gens parlent surtout du foot, des voitures, des nanas, les vieux se racontent leurs souvenirs de la belle époque ' Franchement, je n'ai encore entendu personne parmi la clientèle évoquer les élections», nous dira-t-il. Une clientèle parmi laquelle ammi Saïd, un septuagénaire au regard vif qui suivait jusque-là la discussion en sirotant tranquillement son verre de thé intervient :
«Vous êtes journaliste, je compte donc sur vous pour rappeler à tous ces candidats qui postulent par centaines pour devenir responsables à la mairie ou à la wilaya que la responsabilité n'est pas une mince affaire et que lorsqu'on l'assume, on est redevable devant Dieu. Je suis chef d'une famille de huit personnes et je ne vous mentirai pas en vous disant que j'ai vraiment du mal à les gérer. Je ne sais vraiment par quel miracle. Ces candidats comptent bien gérer une population se comptant en millier d'individus, cela relève tout simplement de l'impossible'»
«Ce n'est pas la responsabilité qui fait courir tous ces candidats, ils veulent simplement s'enrichir en gérant des budgets se comptant en milliards», croit savoir de son côté Mustapha, la trentaine, qui vient ainsi couper court à la philosophie de ammi Saïd. Plus loin encore, au niveau de la place Audin, au c'ur d'Alger, nous avons rencontré Réda qui nous dit qu'il ne s'éloigne jamais des lieux car tout simplement il n'a pas où aller. «Je ne travaille pas. Je suis chômeur depuis plusieurs années. Nous sommes une famille de sept personnes qui se partagent un F2.
Cela fait plus d'une dizaine d'années que nous avons déposé notre dossier de demande de logement et cela n'a pas encore abouti. Sincèrement, ces élections dont vous parlez beaucoup dans les journaux me n'inspirent rien du tout». Boudissa Selma, avocate de profession, ne croit pas qu'elle se rendra au bureau de vote le 29 novembre pour élire le futur maire de sa localité située sur les hauteurs d'Alger. «Je ne pense pas le faire, cela me n'intéresse pas vraiment», a-t-elle tranché.
Omar, jeune mécanicien, est du même avis. «Tous ces candidats sont prêts à se mettre à quatre pattes pour s'assurer nos voix. Ils n'arrêtent pas de promettre monts et merveilles. Une fois élus, ils ne daignent même pas vous recevoir. La réalité est connue de tous': le peuple est livré à lui-même et les seuls soucis des responsables, maires, députés ou autres, c'est de s'enrichir encore et encore tant qu'il y a du pétrole à profusion». conclut notre interlocuteur.
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Posté Le : 18/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Aoudia
Source : www.letempsdz.com