Entre réalité et illusions

Le Hamas peine de plus en plus à assurer son contrôle sur la bande de Ghaza. D'une part, le mouvement islamiste palestinien est gêné par l'activisme de certains groupes armés radicaux, dont les tirs sporadiques de roquettes contre Israël risquent d'attirer des représailles et de rompre la trêve observée depuis fin août 2014.D'autre part, il est confronté à une situation nouvelle du côté égyptien, subissant la pression de groupes affiliés à l'Etat islamique de plus en plus présents dans le Sinaï, qui tendent à s'infiltrer à Ghaza. Cela dans un contexte de tensions avec les autorités égyptiennes, depuis l'arrivée au pouvoir du général Abdel Fattah el-Sissi. Au Caire, des cercles proches du pouvoir accusent les Brigades Azzeddine al-Kassam, bras armé du Hamas, d'entretenir des liens avec l'Etat islamique. Une accusation rejetée par le mouvement palestinien, qui tente justement de se poser aux yeux d'Israël comme un rempart face à la montée en puissance des forces salafistes radicales. Ces dernières sont de plus en plus présentes à Rafah, tandis que le Fatah tente d'effectuer un retour dans la ville de Ghaza et que les Iraniens manipulent ou suscitent l'apparition de certains groupes, comme le mouvement chiite Sabirine (récemment interdit). Enfin, sur le plan socio-économique, alors que Ghaza est toujours soumis à un blocus israélien, la situation est aggravée par la fermeture des tunnels, poumons du territoire, qui entretenaient toute une économie parallèle. Pour sa part, le gouvernement de Benjamin Netanyahu est soumis aux pressions croissantes de l'état-major de l'armée israélienne, qui souhaite un sérieux allègement du blocus terrestre et maritime imposé autour de la bande de Ghaza. Pour les militaires, cet assouplissement constitue le seul moyen d'éviter une reprise des affrontements, comme ceux qui ont dégénéré en guerre l'été dernier, faisant plus de 2 200 morts, dont une majorité de civils palestiniens, et provoqué la destruction de près de 20 000 maisons. Les militaires préconisent de faciliter l'entrée de matériaux de construction, tels que le ciment, l'octroi de permis de travail en Israël à des milliers de Ghazaouis et une ouverture vers la mer pour désenclaver Ghaza, sous forme d'un port flottant en Méditerranée ou en faisant passer les marchandises par un port chypriote, où des inspecteurs européens pourraient contrôler qu'aucune arme ne passe. D'ores et déjà, un modus vivendi s'est instauré à la frontière avec des patrouilles effectuées par des membres de la branche armée du Hamas, avec l'assentiment de l'armée israélienne, pour éviter des tirs de roquettes de la part de groupes djihadistes.