Algérie

Entre menaces et abdication


Un certain fatalisme doublé d'un aveu d'échec imprègnent désormais le discours officiel. Lors de son intervention, vendredi, à l'occasion du 21e anniversaire de la création de son parti, le chef du RND, et également Premier ministre, a donné l'image d'un régime à bout de souffle, tenté par l'abdication, n'ayant pour seule parade à l'impasse actuelle que le recours à des solutions financières illusoires et aux menaces de répression à l'encontre des mouvements de contestation sociale.Ahmed Ouyahia sait que ces démarches sont parfaitement inopérantes et ne peuvent pas constituer un pari sur l'avenir. «Aucun système politique ne peut s'éterniser», a-t-il lâché. Au terme d'une gestion couronnée par la banqueroute et en pleine colère sociale, le système en place commence à être gagné par le doute. Il s'abandonne à des attitudes propres aux régimes finissants, menaçant de sévir contre les contestataires, d'appliquer la loi «dans toute sa rigueur».
Il n'ignore sans doute pas qu'un arsenal juridique, quand il n'a pas servi à bâtir un pays prospère et faire émanciper la société, est condamné à s'effondrer. L'idée de la constituante formulée par le Parti des travailleurs est, à cet égard, totalement justifiée, même si l'identité politique vacillante grève certaines initiatives de cette envergure.
Quand le chef de l'Exécutif croit pouvoir attaquer et atteindre les syndicats à la pointe des contestations en cours, c'est le mode de gouvernance, la sienne, qui en reçoit les coups. Les cours particuliers, tarifés, ont toujours existé et ne sont que la résultante de la défaillance du système éducatif national, de l'incurie de l'administration qui peut inaugurer l'année scolaire par un scandale dans la distribution des manuels pédagogiques.
Dans le secteur de la santé, bien avant la grève des médecins résidents, le niveau de prise en charge des malades n'a jamais été proportionnel aux budgets alloués aux structures publiques. Les soins de qualité étaient recherchés et payés dans les cliniques privées. La paupérisation était rampante au temps de l'aisance financière. A présent, elle ne peut que s'afficher dans la rue. Il est inutile pour le Premier ministre de préciser le niveau d'indigence atteint par le pays du pétrole et du gaz, qui vit «à moitié à crédit», incapable de construire une école, la population en était déjà édifiée.
Ouyahia a compris le sens des mouvements de grève qui perdurent dans plusieurs secteurs, il est politique. Le cadre syndical et socioprofessionnel déborde nécessairement sur le champ politique quand les conflits ne retombent pas au fil des mois. La rupture sociale amène celle politique. Elle pourra avoir pour théâtre le prochain rendez-vous électoral. «L'élection présidentielle, c'est dans 14 mois», a rappelé le Premier ministre.
Pendant ce temps, il promet, non pas de mettre en ?uvre les réformes structurelles et salvatrices, proclamées et ajournées depuis des années, mais de faire front contre le trafic de drogue et le terrorisme aux frontières. Une dernière ?uvre patriotique qui émergerait du sombre palmarès des échecs et de la faillite. L'échéance de 2019, c'est aussi un défi lancé à l'opposition démocratique. Des revendications syndicales non satisfaites, renaîtra celle formulée en juin 2014 par des partis politiques : une instance indépendante de surveillance des élections.
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