Entre les lignes du bonheur

Pour deux êtres mûrs, liés par un sentiment profond, la vie commune, comme toute autre chose en ce bas monde, est un mélange étonnant. Il y a les colères qui font mal, les blessures qu'il faut panser, plus encore que celles de l'autre que les siennes propres, les succès qu'on célèbre ensemble, les échecs qui seraient écrasants s'ils n'étaient pas partagés. Et avec tout cela et à doses égales, l'humour. On fait des gestes tendres, parfois maladroits, pour montrer son amour. On a besoin de quelqu'un qui partage nos joies, notre jeunesse qui sera près de nous la vieillesse venue, quelqu'un qui connaît notre personnalité, passée et présente, nos exigences intérieures, nos rêves, nos espoirs. Et puis, personne n'est jamais trop vieux pour sentir le besoin d'une intimité physique, d'une caresse affectueuse, d'une main réconfortante. On ne devient jamais vraiment adulte, tant que l'on n'est pas prêt à prendre le bonheur de quelqu'un d'autre sous sa responsabilité. Entre un être et un autre, il ne peut exister de véritable intimité que s'ils ont atteint ce degré de maturité. Essayer de répondre aux attentes de l'autre, c'est franchir d'un bond l'abîme de la solitude, l'aspect le plus hideux et le plus terrifiant de la condition humaine. Cela dit, ce n'est pas l'engagement réciproque, celui où chacun attache plus d'importance au bonheur de l'autre qu'au sien propre, qui peut briser un ménage; c'en est au contraire l'absence, l'égoïsme qui sont dangereux. Même si toute entreprise humaine valable comporte souvent une possibilité d'échec, il n'en reste pas moins qu'une relation dénuée d'égoïsme, du mensonge a de fortes chances de prospérer, de perdurer. Car, pour garder son équilibre dans le monde changeant d'aujourd'hui, le besoin d'une zone de stabilité où le bonheur se conjugue à tous les temps du possible, s'en fait grandement sentir. Et quand on est heureux à l'intérieur de nous-mêmes, notre âme restera toujours jeune, pleine de fraîcheur, et notre corps, même vieilli, souple et agile. Le bonheur a ses raisons que seul l'amour comprend...