Algérie

Entre le marteau de l'Etat et l'enclume des consommateurs



Le président de la République a frappé à la racine du mal en décidant d'annuler les impôts sur les chiffres d'affaires et ne maintenir que l'impôt sur le bénéfice pour les boulangers. La mesure, sans doute étudiée par des experts, est destinée à enterrer une bonne fois pour toutes la «hache de guerre» sans cesse brandie par les boulangers, revendiquant une hausse du prix du pain. Dans un passé récent, les réclamations des professionnels tenaient la route, en ce sens qu'il était inconcevable de vendre le pain au même prix sur une période aussi longue qui s'étale sur plus de 20 ans. Dans l'intervalle, les salaires des employés progressaient sans cesse, de même que les prix des produits entrant dans la fabrication de la baguette. Les Algériens qui tiennent à acheter leur pain au prix fixé par l'Etat comprenait les poussées de colère des boulangers, sachant que sur plus d'une décennie, ces artisans ont été baladés par les ministres qui s'étaient succédé à la tête du département du commerce. De l'importation d'une farine spéciale dédiée exclusivement à la fabrication du pain, à la menace de sanctions directes contre les contrevenants, en passant par des accusations de détournement de farine subventionnée par l'Etat, les pouvoirs publics ont tourné autour du pot, sans jamais regarder la vérité en face. Celle-ci tient de l'impossibilité de rester sur un conflit latent, récurrent et qui agacent les consommateurs. Mais, il faut croire que durant tout ce temps, les politiques manquaient d'imagination ou de courage. Fallait-il accepter une hausse des prix du pain ou au contraire, prendre le risque d'un gonflement tous azimuts de la subvention touchant ce produit, en apportant un soutien direct aux boulangers' Les pouvoirs publics, avaient, à une certaine époque opté pour la première solution, en tolérant les dépassements de la grande majorité des boulangers, tout en les menaçant pour la forme. Un deal à sens unique qui ne pouvait tenir la route, pour la simple raison que les boulangers refusent d'être le dindon de la farce. À travers la pression qu'ils ont souvent exercé sur les pouvoirs publics, leur intention était d'officialiser une situation de fait. À la surprise générale, le président Tebboune n'a pas validé le statu quo où personne ne trouvait son compte. Il a agi, pas dans l'officialisation des nouveaux prix, mais pour soutenir directement les boulangers, sans que cela ne pèse sur les subventions. Il fallait donc de l'imagination et le chef de l'Etat en a fait montre. En allégeant considérablement la pression fiscale sur les artisans, ces derniers pourront disposer d'une marge financière mieux adaptée et éviter le stress quotidien qu'ils vivent, en étant entre le marteau de l'Etat et l'enclume des citoyens. Et précédant d'éventuelles protestations, il a été décidé de revoir la tarification du gaz et de l'électricité des boulangers. De fait, le coût des plus importants facteurs de production, dont se plaignaient les professionnels du pain sera réduit, ce qui dégagerait de la plus- value. En agissant en amont et en aval de leur métier, l'Etat débarrasse les boulangers de la pression fiscale et du poids financier des intrants. Le nouveau dispositif de soutien à la profession de boulanger peut ne pas être efficace à 100%, mais il est clair que depuis la fixation du prix de la baguette ordinaire à 7,50 DA et l'améliorée à 8,50 DA, c'est bien la première fois que l'Etat propose des mesures concrètes, quantifiables et rentables pour les boulangers.


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