Algérie

Entre le discours et la réalité du terrain...



Entre le discours et la réalité du terrain...
Malik BoumatiCela fait des années que les responsables de l'Etat entonnent la chanson qui dit la nécessité de diversifier l'économie nationale pour ne pas subir les conséquences d'une dépendance quasi-totale aux hydrocarbures. Le disque semble rayé et l'Algérie est toujours dépendante des hydrocarbures à un moment où le prix du pétrole connaît une dégringolade sans précédant. Cela fait des années aussi que les pouvoirs publics ressassent l'importance de la culture de proximité et la nécessité d'apporter la culture au public même dans les contrées les plus reculées. L'immense homme de lettres et dramaturge Kateb Yacine a bien dit un jour qu'il fallait déplacer la culture vers les gens et non attendre que les gens se déplacent vers la culture. Les nombreuses raisons qui empêchent les gens de se mouvoir pour des activités culturelles montrent clairement que la seconde option est la plus judicieuse et que l'auteur de Nedjma a encore une fois raison.Dans la wilaya de Tizi Ouzou, même le manque d'infrastructures ne peut justifier ce «refus» de déplacer la culture vers les villages. Les spectacles de rue sont un formidable moyen de surmonter cet obstacle dans les localités où il n'existe aucune structure susceptible d'accueillir des activités culturelles. Le succès que connait le festival des Raconte-arts, organisé annuellement par la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques de la wilaya de Tizi Ouzou, devrait encourager les responsables de la culture à promouvoir cette action au profit des villages et des localités défavorisées, en s'appuyant notamment sur les associations culturelles locales qui ne demandent qu'à activer et créer de l'animation dans leurs régions respectives. Les pouvoirs publics peuvent exploiter la quarantaine de centres culturels et de maisons de jeunes éparpillés sur le territoire de la wilaya pour rapprocher davantage les villageois de la culture et des arts. Ces établissements sous exploités ou mal exploités peuvent être des lieux de rayonnement culturel dont l'action peut se répercuter positivement sur tous les villages avoisinants.Il y a d'autre part plusieurs façons de promouvoir la culture de proximité,notamment en associant d'autres secteurs de l'Etat. Celui de l'éducation est à ce titre bien indiqué, vu le nombre d'écoles susceptibles d'accueillir des activités culturelles. Les centaines d'établissements scolaires de la wilaya de Tizi Ouzou qui accueillent des dizaines de milliers d'écoliers constituent un formidable espace pour le développement de la culture de proximité, si la bureaucratie cesse d'être un frein à cette démarche. Et quand on sait qu'il y a des dizaines d'écoles fermées faute d'élèves à scolariser, l'on se demande s'il n'y a pas un manque de volonté de démocratiser l'activité culturelle et de socialiser la culture. En effet, les établissements scolaires fermés dans des dizaines de villages de la wilaya auraient pu servir la culture, tant qu'ils ne sont pas mis à la disposition des élèves, de plus en plus nombreux à déserter les villages avec leurs parents pour une vie «meilleure» au chef-lieu de wilaya ou dans les grands centres urbains.En outre, et contrairement à ce qu'on pourrait croire en ce qui concerne lechef-lieu de wilaya, les habitants n'ont pas tous droit aux activités culturelles, aussi nombreuses soient-elles, proposées par la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Des spectacles dans les quartiers ne seront pas de trop dans cette ville de 140 000 habitants et, encore une fois, les spectacles de rue sont une solution, parmi d'autres, après l'accueil réservé dans les quartiers aux spectacles de danse folklorique organisés à l'occasion du festival arabo-africain. Et encore une fois, les centaines d'associations culturelles qui hibernent dans la wilaya sont prêtes à relever le défi si on leur donne les moyens et si on leur fait confiance.M. B.




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