Algérie

Entre l'urgence sécuritaire et les intérêts économiques



Vingt-quatre heures après cette entrevue, la seule information disponible sur le site web du département des Affaires étrangères a trait au discours du ministre à  la réunion plénière de l'Assemblée générale des Nations unies. C'est à  croire que le chef de la diplomatie algérienne s'est livré à  une quelconque activité clandestine. Cela renseigne, en effet, sur le culte du secret qui entoure généralement l'activité diplomatique algérienne. Aussi intenses soient-ils, les rapports entre l'Algérie et la France, on n'en parle pas beaucoup du côté algérien. Certaines questions relèvent presque du tabou, certains dossiers de l'ultra secret. Et l'on est tenté de dire que l'on sait rarement quand les choses vont bien, mais ça ne rate pas d'éclater au grand jour quand elles sont au plus mal. Encore une fois donc, c'est la communication française qui s'illustre. Elle s'empare de l'évènement pour annoncer un début de réchauffement des relations bilatérales. Ainsi, dans une dépêche postée dans la soirée de mardi, l'AFP annonce des entretiens entre Mourad Medelci et Bernard Kouchner à  New York. Le ministre français des Affaires étrangères a évoqué avec son homologue algérien, a indiqué la même source, son souhait d'effectuer une prochaine visite à  Alger et évoqué la situation au Sahel pour laquelle Alger se montre «très coopératif». «Nous avons parlé du Sahel», a-t-il dit, soulignant la volonté des Algériens de «conforter» un état-major déjà existant et constitué des cinq pays du Sahel, qui devrait, selon le ministre français, se réunir dans les prochaines semaines. «Nous saluons tout cela, ils sont très coopératifs», a-t-il affirmé, sans plus de précisions. Selon son porte-parole Bernard Valero, Bernard Kouchner a évoqué la question sécuritaire et souligné avec son homologue algérien «la nécessité de renforcer la coopération régionale». Il a souligné «la contribution de l'Algérie à  l'effort collectif» dans la région du Sahel. Les deux ministres «se sont accordés à  souligner la densité, la qualité et la dynamique de progrès» entre les deux pays, et «se sont accordé à  travailler ensemble à  la poursuite de l'approfondissement» de ces relations, selon M. Valero. S'il est vrai que cette rencontre, – sur terrain neutre –, a été dictée par l'urgence et imposée par la tournure grave prise par la situation concernant la sécurité dans la région du Sahel, après la série d'enlèvements des ressortissants français par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), elle s'inscrit aussi dans le cadre de la succession des échanges déclenchés par les deux visites à  Alger du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, les 21 février et 20 juin derniers. A la fin de la semaine écoulée, c'est l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, qui a organisé une sortie médiatique pour faire part des visites d'officiels français et de personnalités françaises à  Alger et décliner son espoir de voir les rapports entre les deux pays relancés. Selon lui, «les trois derniers mois, il y a eu un certain nombre d'étapes importantes qui font qu'aujourd'hui, l'on peut espérer qu'il y ait un nouveau développement et un nouveau rythme dans les relations algéro-françaises ». Le représentant de la diplomatie française à  Alger avait annoncé la visite d'abord de la secrétaire d'Etat chargée au commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, et de Pierre Chevènement. Les deux sont venus. Ils ont plaidé le réchauffement des relations entre les deux pays. L'on prépare aussi la venue prochainement de l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, chargé récemment par le président français, Nicolas Sarkozy, de présider la coopération économique entre Alger et Paris et le développement des investissements entre les deux pays. Xavier Driencourt avait souligné que les entreprises françaises n'ont pas toujours accès «au ministre algérien», et M. Raffarin va àªtre un facilitateur en quelque sorte. Mme Idrac, qui a eu des entretiens avec le Premier ministre algérien, a souligné, lors d'une conférence de presse organisée lundi dernier, la bonne disponibilité de ce dernier qui avait qualifié, a-t-elle rapporté, la nomination de Jean-Pierre Raffarin d'«une nouvelle étape dans nos relations». L'on présume alors de la bonne disponibilité d'Alger de décoincer ses rapports avec Paris. L'épisode du diplomate Mohamed Ziane Hasseni semble clos. Paris semble même décider à  offrir une fleur à  Alger : une possible prochaine grâce de cheb Mami, condamné par la justice française, par Nicolas Sarkozy.                   
 


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