Algérie

Entre l'Aïd, les mariages, la petite enveloppe du bac et les vacances Le portefeuille «malmené»



Publié le 26.06.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Walid AÏT SAÏD

Les budgets des citoyens vont souffrir cet été. En plus d'un pouvoir d'achat de plus en plus faible, ils devront faire face aux dépenses inévitables de la saison estivale. Ils vont plonger directement dans le grand bain dès cette semaine avec la célébration de l'Aïd el-Adha. Les prix des moutons ont atteint des sommets, oscillant entre 75000 et 100000 dinars en moyenne. Cela équivaut à deux à deux fois et demi le salaire moyen d'un Algérien. Autant dire que cela va faire très mal. Beaucoup vont devoir sacrifier leurs économies, voire y laisser des plumes. En plus de cela, il faut ajouter les dépenses liées à l'achat des vêtements de l'Aïd pour les enfants. Même s'il existe certaines alternatives, comme opter pour des sandales et des shorts moins chers que des pantalons et des chaussures, cela reste tout de même une dépense importante, avec un minimum de 6000 dinars par enfant. Pour une famille «normale» avec 4 enfants, la facture grimpe rapidement. Nous vous laissons faire les calculs... Mais ils n'auront pas le temps de reprendre leur souffle, car de nouveaux «procès» les attendent, comme on les appelle dans le langage populaire. Il s'agit des enveloppes inévitables pour récompenser les petits qui ont réussi leur examen de 5e année, du BEM (Brevet d'Enseignement Moyen) ou du baccalauréat. Les petits billets d'autrefois ont laissé place aux «bou taureaux» (référence aux billets de 1000 dinars, ndlr) qui devront remplir généreusement les enveloppes, sous peine de devenir un paria dans la famille ou d'être classé dans la catégorie des mauvais oncles! Ces dépenses commenceront dès l'Aïd lors des traditionnelles visites familiales, car les résultats de la 5e année et du BEM ont été communiqués. Les réunions de la grande «smala» seront l'occasion de se «débarrasser» de cette corvée et accessoirement des quelques dinars qu'il nous reste dans les poches. À partir du 5 juillet prochain, c'est reparti pour un tour! La fête de l'indépendance est généralement le jour où les résultats du baccalauréat sont dévoilés. Ce sera donc le moment de faire chauffer une fois de plus la carte bancaire pour retirer les maigres sommes qui restent sur le compte. Un nouveau «procès» qui en appelle d'autres! En effet, juste après, la grande fête de l'indépendance marquera le début de la «saison des mariages». De nom-breux jeunes couples vont convoler en de justes noces et vous serez invité à assister à leur belle union. Mais on ne part pas les mains vides! Il faut prévoir une petite enveloppe ou au minimum un cadeau. Cependant, avec les prix exorbitants de la vaisselle, des produits électroménagers et de la décoration intérieure, il vaut mieux donner de l'argent. Au moins, on est sûr que cela fera plaisir. Depuis que les importations de ces produits ont été restreintes, les prix ont explosé. Une simple casserole coûte pas moins de 3000 dinars. Même le fameux service à eau coûte plus cher que ça. Donc, la solution la plus simple reste la petite somme d'argent. Mais combien donner? Un grand dilemme, selon la proximité avec la personne, mais une chose est sûre, cela va nous coûter! Il y a aussi les circoncisions et autres naissances pour lesquelles on doit également offrir un petit quelque chose, ce qui creuse encore un autre trou dans notre porte-monnaie... Avec tout cela, il faudra réserver un peu d'argent pour les vacances bien méritées après une année de dur labeur. Les Algériens tiennent désormais à cette «habitude» qui vient récompenser leurs efforts, mais il faudra sortir le grand chéquier! Car tout a augmenté. Même la Tunisie, qui était la meilleure option, a vu ses prix doubler. Quant au tourisme local, tout le monde connaît les tarifs qui vont de 5000 à 10000 dinars par nuit si on opte pour l'hébergement chez l'habitant. Une véritable fortune. Même pour ceux qui restent chez eux et passent des journées à la plage, cela coûtera cher. Entre les parkings, les transports, la nourriture, les petits goûters des enfants et les envies de glaces en rentrant, on se retrouve rapidement avec plus de 2000 dinars dépensés pour une simple journée sur une plage gratuite. Pour les petits budgets, ce sont de belles dépenses. Et il ne faut pas oublier les dépenses imprévues: le maillot de bain de la petite, le petit qui se casse une jambe, le médecin, la voiture qui tombe en panne, l'assurance qui arrive à expiration...
Bref, quand on pense qu'il n'y a plus de dépenses, il en reste encore... Nos poches vont souffrir, mais nous restons quand même heureux, car c'est là tout le charme d'être
algérien...



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