Pour la seconde
année consécutive, les hasards du calendrier ont été cruels pour l'écrasante
majorité des familles, contraintes de faire face aux dépenses du ramadhan, de
la rentrée scolaire et de l'Aïd.
Depuis plus d'une semaine, c'est la ruée vers
les échoppes, les bazars et les marchés versés dans l'habillement, et ce à
travers tout Oran. Choupot, Souk el-kettane et le centre-ville demeurent les
plus prisés par des familles entières à la recherche du vêtement beau, solide,
mais surtout pas cher. Pour ce, M'dina Jdida, avec ses innombrables ruelles,
reste inégalable du fait que le marchandage est permis pour des articles de
même qualité. Des jeans pour enfant de 4 ans sont proposé à 1.400 dinars. Sa
mère est stupéfaite, elle qui a 3 enfants dont deux scolarisés. Le produit lui
plaît et sait qu'elle ne pourra pas l'avoir ailleurs moins cher, mais tente sa
chance en demandant au vendeur de lui faire un prix raisonnable du fait qu'elle
voit que certains autres produits l'intéressent aussi.
Une autre dame négocie avec le jeune vendeur
une éventuelle réduction du coût d'un pull pour adolescent, proposé à 700
dinars. Son objectif est de l'avoir à 500 dinars en faisant descendre la barre
jusqu'à 400. Le vendeur réagit et lui dit : «Dernier prix, 600 dinars. A
prendre ou à laisser!». La bonne femme ne désespère pas et arrive enfin à
l'avoir à 550 dinars. Elle nous dira que dans les centres commerciaux ou les
bazars, il est difficile de négocier le prix, alors qu'à M'dina Jdida, les
mêmes produits sont vendus moins cher. Et grignoter quelques dinars par ci et
d'autres par là vous permet de faire face à d'autres dépenses aussi pressantes
les unes que les autres. Selon la dame, les Algériens sont de «bons
consommateurs qui recherchent de plus en plus la qualité. Ce qui est en soi une
bonne chose». Seulement voilà, assure-t-elle plus loin, les prix affichés dans
les magasins et les autres «points de vente légaux», à la veille de l'Aïd, sont
loin de correspondre à l'état réel des salaires. Les gens se mettent alors à
chercher des produits conformes à leurs bourses.
Après le f'tour, Choupot et le centre-ville
sont envahis par des milliers de familles dans un brouhaha indescriptible.
Selon les commerçants du premier quartier, le rush cette année a été
particulier en raison de l'ouverture de dizaines de magasins spécialisés dans
la bonneterie et le prêt-à-porter, mais encore le centre-ville devient
inaccessible vu les travaux de voirie entrepris dans les principales artères.
Dans cette artère et contrairement à M'dina Jdida, connue pour ses ferrachas,
ce sont ces commerçants occasionnels qui viennent chaque année au même endroit
et à la même période exposer des habits de l'Aïd et souvent les mêmes que ceux
exposés dans des boutiques dites «chic».
Suivons le parcours d'une femme qui doit
acheter pour deux enfants, une fille et un garçon. Elle préfère en finir avec
le garçon dont le choix est plus facile, aussi bien pour les vêtements que pour
les chaussures. En revanche, pour la fille, il y a le mariage des couleurs à
respecter; il faut aussi éviter de mettre la même tenue que la voisine, etc. Il
est 22 heures et elle commence son shopping en commençant par se faire une idée
sur les prix dans les magasins pour se permettre de marchander chez les
marchands occasionnels. Vers 23 heures, il est même difficile de circuler sur
les trottoirs et ce n'est que vers 1 heure du matin qu'on retrouve la mère de
famille. Questionnée, elle est satisfaite de ses achats, même avec plus de
13.000 dinars dépensés.
Durant la journée, la friperie d'El-Hamri
accueille également son lot de clients. Ici, on peut distinguer deux sortes de
vêtements et souliers usagés: ceux qu'on appelle la «bonne occase» et le tout
venant. Les citoyens rencontrés sur place vous avancent qu'ils sont là pour
économiser quelque dinars du fait que «nous sommes encore au début du mois et
que des dépenses importantes pointent du nez. Là, la différence est de taille,
et avec 2.500 dinars, tu peux habiller un enfant de 10 ans; et avec un coup de fer
à repasser, le tour est joué. Un père de famille nous dira : «Que voulez-vous,
nous sommes coincés entre le couffin et l'école».
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Posté Le : 12/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com