Algérie

Entre hausse fulgurante et effondrement des prix du poulet: Prémices d'une crise dans la filière avicole



Depuis quelques semaines, les prix du poulet ont connu une baisse significative voire un effondrement. Ainsi le prix du kilo est passé de 500 dinars et plus, à moins de 250 dinars. Une baisse due à la disponibilité du poulet de chair ainsi qu'au comportement du consommateur qui a boudé l'achat des viandes blanches. Les prix actuels arrangent les affaires des ménages, qui ont été saignés durant plusieurs mois, mais cette situation fait naître des craintes quant aux retombées de cette baisse des prix sur la filière avicole qui se retrouve plongée dans une crise. C'est du moins l'avis de quelques professionnels qui activent à Oran et qui avertissent sur le risque d'une faillite totale de la filière dans la wilaya, et certainement ailleurs, dans le reste du pays, si cette situation de fluctuation des prix persiste. Ces mêmes interlocuteurs affirment que cette baisse subite qui prédit une augmentation des prix dans les prochains jours et un nouveau dérèglement de la filière.En effet, la majorité des éleveurs activant à Oran et dans plusieurs wilayas de l'ouest du pays tirent la sonnette d'alarme quant à l'instabilité du marché de volaille et quant à l'éventuel abandon de l'activité par certains aviculteurs. Une situation qui a engendré des pertes considérables aux aviculteurs. Ces pertes sont dues à la baisse de la demande. C'est ce qu'a expliqué M. Lakhdar Belhocine, éleveur âgé de plus de 80 ans qui active dans ce secteur depuis des décennies. «Les éleveurs vivent actuellement une crise de surproduction. Le prix de revient du kilo du poulet atteint les 260 DA, alors que les aviculteurs le cèdent à 200 DA pour éviter davantage de pertes. Chez le détaillant, il est fixé à 300 DA, voire moins, depuis quelques jours et ils ne trouvent pas d'acheteurs ni d'abattoirs ni de chambres froides pour stocker leurs productions et risquent donc de voir leurs poules périr, ce qui leur inflige de grosses pertes qui les poussent sûrement à abandonner l'activité».
Il ajoute que la stabilité des prix entre 300 et 350 dinars est la meilleure solution pour barrer la route aux spéculateurs et maintenir la filière. Il a souligné que cette fourchette de prix profitera également aux consommateurs qui pourront acheter le poulet au même prix à longueur d'année au lieu de l'avoir à un bas prix pendant une semaine ou 2 maximum et de devoir le payer à des prix exorbitants durant le reste de l'année et notamment pendant certaines périodes tel le mois sacré. «La réalisation de nouveaux abattoirs et de nouvelles chambres froides peut aussi aider à la stabilité de la filière et permettre de créer des emplois et pourquoi pas exporter la surproduction notamment vers la Mauritanie, si les facilitations administratives sont mises en ?uvre», a-t-il ajouté.
La forte baisse des prix de la volaille va pousser les éleveurs à se détourner de cette activité. «C'est dans ces conditions que le prix du poulet risque d'augmenter et d'être encore plus cher à l'avenir, une fois l'activité abandonnée par les aviculteurs qui auront subi de grosses pertes», expliquent d'autres éleveurs. «D'où l'urgence de réorganiser la filière avicole et de mettre en ?uvre un cahier des charges garantissant aux éleveurs une marge bénéficiaire acceptable et des prix abordables aux consommateurs, et la création de coopératives avicoles pour contrôler la filière et mettre à la disposition des producteurs les moyens d'affronter et de surmonter de telles crises», ont conclu nos interlocuteurs.


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