Le phénomène date déjà des années 50. Hadj M'hamed El Anka n'était pas resté alors insensible à « Abi », une chanson de son fils aîné, Mustapha, dont on oublie qu'il fut aussi un chanteur, s'exprimant indifféremment en arabe et en kabyle. A Paris, le jeune Halo travaillait à l'ORTF dans des émissions destinées, avant l'indépendance, aux émigrés. Il avait enregistré quelques disques dont un duo avec la chanteuse Hnifa. Il sera, après son retour en Algérie, plus connu au cinéma où il a interprété plusieurs rôles, notamment dans des films de Hilmi, Hadj Rahim et Mahmoud Zemmouri. Dans « »Abi » (Mon père), il s'adressait à son géniteur pour exprimer son amour filial et étaler quelques griefs. Très ému et bouleversé par ces paroles, le cardinal, Hadj M'hamed El Anka chargea alors un jeune, le débutant Kamel Hamadi, de lui composer une réponse. « Ami Azzizen », (cher fils) qui sera reprise plus tard par Matoub Lounés l'aurait fait pleurer raconte Kamel Hamadi. Lors de son enregistrement, El Anka a craqué et s'est mis à pleurer, laissant l'orchestre continuer à jouer. La complainte très bluesy, d'une une voix rocailleuse, révélait l'attachement d'une personne pour son fils.Un nom qui vous dépasseCes dernières années, ils sont encore plus nombreux à marcher sur les pas et les traces d'un père et plus rarement d'une mère. Ils ne se contentent pas de répondre, de prendre place anonymement dans un orchestre. Djaffar Ait Menguelet chante les paroles de son père et partage souvent la scène avec lui. Ce dernier, dans son dernier album, a impliqué tous ses enfants. Les couples d'artistes ne sont pas rares en Algérie. Si on connaît le duo Kamel Hammadi et Nora, le peintre Temmam a épousé Bahia Farah et le comédien Abdelkader Tadjer forme un couple avec la chanteuse Bariza très connue dans le genre musical sétifien. Dahmane El Harrachi ressuscite à travers le timbre rocailleux de son fils Kamel. Ce dernier n'a pas vraiment connu son père, mort alors qu'il avait à peine sept ans, mais il a été bercé par sa musique. Adolescent, il commença l'animation des fêtes où il reprenait des chansons culte de son père. Dans tous les genres, on trouve des « fils de » qui, par un contact du milieu artistique favorisé par un père qui a ses entrées, se sont fait un nom. La liste serait longue. Houari Benchenet, Hadj Tahar El Fergani ont transmis le goût de l'art à leur progéniture. Sans la figure tutélaire de leur père, il aurait été difficile pour les filles Ababsa d'entamer une carrière artistique. C'est en voyant son père, le célèbre Rouiched, que son fils, Mustapha Ayad, a « chopé » le virus du théâtre. Evoluer avec un nom qui vous dépasse n'est pas facile. Il faut se frayer un chemin, imposer sa touche personnelle. Une carrière prend alors les allures d'un défi. « Quand on a un père de la dimension de mon père, on avance sur un terrain miné » confie Abdou Deriassa, le fils d'El Hadj Rabah Deriassa, la grande vedette des années 70. Depuis ses débuts en 1996, il a beaucoup chanté les succès de son père, multipliant les hommages de reconnaissance et les reprises, avant de se frayer sa propre voie. Beaucoup d'artistes n'encouragent pas pourtant leurs enfants à suivre le même chemin. Le milieu artistique a mauvaise réputation en premier lieu chez ses hommes et ses femmes. El Hadj Boudjemaâ El Ankis avait ouvertement exprimé une telle prévention. Beaucoup d'autres se suffisent de leur notoriété qui rejaillit d'une manière ou d'une autre sur leurs enfants, même s'ils veulent rester à l'ombre.
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Posté Le : 16/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R Hammoudi
Source : www.horizons-dz.com