Ce ne sera pas la Grande Mosquée d'Alger, ce chantier titanesque lancé depuis deux ans pour un coût d'un milliard d'euros, qui symbolisera dans le futur le règne de l'actuelle équipe au pouvoir, mais bien cette élection présidentielle du 17 avril que les spécialistes peinent à qualifier et à analyser. Des personnalités ayant eu à fréquenter pendant longtemps les arcanes du pouvoir ne sont pas d'un grand secours pour expliquer à l'opinion publique les tenants et les aboutissants de cette phase politique plus proche du hold-up que d'une campagne électorale loyale.La fraude mémorable ayant marqué les élections locales d'octobre 1997, qui avait fait sortir dans la rue de nombreuses forces politiques de l'opposition, n'est rien devant cette incroyable construction électorale destinée à ne permettre aucun changement à la tête de l'Etat en enjambant un scrutin prétendument pluraliste. Les ressorts de la fraude au sein du régime sont insoupçonnables. L'on ne découvre le stratagème que lorsque l'impact est déjà considérable et sans retour.L'intégration d'anciennes figures politiques dans le staff électoral du président-candidat avait donné lieu à de nombreuses lectures, évoquant le sempiternel dosage clanique et le contrôle d'influence entre divers centres de décision. Deux jours après l'ouverture de la campagne électorale, l'on se rend compte qu'il s'agit d'une ingénieuse man?uvre qui tend à réduire ladite campagne aux activités des «illustres» membres de ce staff électoral dédié à la réélection du président en exercice.Des recours ont déjà été déposés auprès de la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle, relevant la trop grande part réservée dans les médias publics aux meetings des représentants du candidat encore au pouvoir. Cette entorse aux exigences de neutralité et d'équité, réitérées pourtant dans toutes les déclarations officielles de ces dernières semaines, est relevée dès le deuxième jour de la campagne électorale. Il est certain que les autres candidats en course dans cette élection, ainsi que l'opinion publique, découvriront en cours de campagne de nombreuses autres facettes de cette véritable institution qu'est la fraude électorale dans le système politique de notre pays.La fraude est par ailleurs solidement couplée à l'autre fléau de la vie politique nationale qui est le cynisme. Dans cette entreprise de restauration du régime qui va coûter au Trésor public près de 25 milliards de dinars, il n'est pas rare d'entendre que le statu quo attendu de l'élection du 17 avril vise la «rénovation de la République». Le vrai débat et les luttes pour le changement sont portés par des forces politiques saines et jeunes, loin des salles des meetings électoraux, mais, pour l'heure, face aux sections de police antiémeute.
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Posté Le : 25/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com