Algérie

Entre frais d'accès et mauvais temps La viande rouge flambe à Oran



Le prix de la viande rouge connaît, depuis un peu plus d'une semaine, uneaugmentation notable chez les bouchers de la ville d'Oran. Dimanche, le kilo deviande ovine était cédé à 622 dinars.Une hausse que d'aucuns imputent directement au bras de fer qui opposeles maquignons, principaux fournisseurs du marché local, et le nouveauadjudicataire du marché à bestiaux d'Oran, M. Graïne. Une lecture des événementsbattue en brèche par les explications des grossistes de la viande qui estimentque cette variation de la mercuriale est principalement due aux dernièrespluies qui se sont abattues sur le Nord du pays. Une interprétation qui revientdans le discours de beaucoup de maquignons rencontrés, en tout début desemaine, au marché à bestiaux de la ville, au sein des abattoirs municipaux.Des éclaircissements qui se suffisent à eux-mêmes puisque nos interlocuteurspréféreront ne pas s'étaler sur le sujet, gardant sûrement pour eux des secretsde fabrication. Surveillant d'un oeil, à première vue, distrait maissuffisamment en alerte, hadj M., emmitouflé dans sa djellaba en laine marron etla tête couverte d'un chèche, traite de loin les affaires. Son employé luiremet une liasse de billets, fruit d'une transaction commerciale.«L'augmentation n'est pas de notre seul ressort et on doit faire face auxautres pressions», en justifiant les cent dinars de différence pour lekilogramme de viande qu'a enregistré le marché depuis le début du mois encours. «L'guétra», en regardant le ciel dégagé comme pour incriminer le mauvaistemps qui a sévi sur le pays. Revenant sur le bras de fer que lui et les autresmaquignons ont engagé avec l'adjudicataire, il remettra en questionl'augmentation du droit d'accès au marché qu'il qualifie de prohibitive. Unemajoration de 40 dinars, le ticket d'entrée passant de 20 à 60 dinars par ovinet jusqu'à 300 dinars par tête de bovin, ce que les habitués du marchén'arrivent pas à accepter. «Auparavant on payait deux mille (centimes) à lamairie et lui nous exige six mille, c'est beaucoup», dira-t-il, l'attentiontoujours portée sur son troupeau. «Si c'est 10 dinars, on serait d'accord pourpayer», affirmera-t-il au nom de tous ses camarades. Ces tarifs, pourtantappliqués un peu partout dans les marchés à bestiaux du pays, sont rejetéscatégoriquement par nos interlocuteurs qui les considèrent injustifiés puisquene répondant tout simplement pas à la réalité du terrain. Debout devant sa Mazdabâchée, quatre brebis à l'arrière, Ahmed, la quarantaine bien tassée et ungourdin à la main, partage les arguments avancés par les autres maquignons. «Unmouton qu'on ne vend pas le samedi, on peut le vendre le lundi ou le mercredide la même semaine et il est hors de question de débourser 180 dinars pour uneseule tête toutes les semaines», ajoutera-t-il. «Ailleurs, c'est sog wahèd, ilspeuvent donc payer les 60 dinars, mais à Oran ce sont trois jours d'ouvertureet il n'est pas pensable de payer six mille trois fois par semaine», expliqueraMahmoud, un jeune, bottes en caoutchouc et bleu de travail. Une fréquence dumarché, ouvert les samedi, lundi et mercredi, qui, de l'avis des maquignons,justifie amplement leur refus d'honorer la nouvelle tarification. Quant à ladurée de cette hausse des prix de la viande rouge, hadj M. pense qu'elle vaencore perdurer jusqu'à nouvel ordre. Devant un pronostic sur les jours ou lessemaines à attendre pour un éventuel rabais dans les prix, il se contentera dehausser les épaules. Du côté de l'adjudicataire, M. Graïne, ce qui s'est passé samedi dernierest l'incident qui l'a poussé finalement à demander officiellement larésiliation du contrat de soumission, d'une durée de trois ans, qui le lie à lamunicipalité d'Oran. «Un camion a défoncé la porte d'accès alors qu'elle étaitverrouillée», dira-t-il en substance. Joint par téléphone, le concessionnairedéclarera qu'en absence de sécurité et devant l'état d'abandon qui caractérisele marché, il a préféré ne plus continuer à le gérer. «Je ne veux pas qu'onporte atteinte à l'intégrité physique de mes employés», insistera-t-il. Apropos de la nouvelle tarification concernant les droits d'accès, il dira queles prix proposés sont homologués par la municipalité et qu'ailleurs, cesmaquignons payent sans rechigner. «A Relizane, c'est 120 dinars l'accès et àOran, depuis le 1er mars, date d'entrée en vigueur des nouveaux tarifs, ilsn'ont jamais payé un centime», dira encore M. Graïne. Ce dernier ira plus loinen accusant certaines parties de pousser au pourrissement de la situation. «Lesgrands maquignons ont décidé de payer mais ce sont les petits éleveurs qui ontrefusé de le faire, certainement incités par des gens malintentionnés»,développera-t-il son idée. En attendant la réponse de la mairie d'Oran, lecours de la viande rouge continue d'enregistrer toujours une courbe ascendanteau grand dam des consommateurs.


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