La critique, dit-on, est aisée l'art est difficile. Ce qui se passe aujourd'hui dans ce domaine tenu pour ésotérique résume en quelque sorte la cacophonie qui règne et qui a enfanté bien des individus se proclamant comme étant «critiques d'art».On ne devrait pas s'étonner quand on est assommé à longueur de journée par médias interposés de ces «doctour» (docteur) et ces «oustedh» (professeur), bombardés experts et analystes politiques alors qu'ils n'en maîtrisent même pas les concepts et continuent à débiter leur baratin pour abrutir encore plus les téléspectateurs et auditeurs.S'agissant de l'expression artistique, il en est de même dans les colonnes de la presse écrite et dite indépendante. Certains s'évertuent à encenser telle ?uvre jusqu'à épuiser tous les superlatifs, d'autres àdescendre en flammes la même ?uvre; les deux, la plupart du temps, sans aucune connaissance des règles de la critique et parfois ignorant même le thème dépeint. Un «brouillon» de culture né de lectures tronquées et de bribes ramassées ça et là à travers d'autres écrits -bien plus sérieux, ceux-là- qui, en vérité, n'est rien de plus qu'un moyen comme un autre pour tenter de s'imposer en tant que critique.Or, la critique d'une ?uvre suppose une connaissance parfaite du domaine, un jugement par rapport à une norme admise ou reconnue, par rapport au plaisir que ressent la personne en admirant un tableau, en écoutant une musique, en lisant un livre, en contemplant une sculpture ou en regardant un film.Cependant, les théories sur la critique d'art divergent et chacune part d'un postulat différent pour affirmer son bien-fondé et son authenticité. L'on affirme que le jugement esthétique est basé sur le plaisir que procure une ?uvre, postulat rejeté par d'autres qui soutiennent que la critique d'art relève d'une exigence de normativité car le plaisir éprouvé ne fait pas del'objet une ?uvre d'art. Selon Rainer Rochlitz, philosophe, historien de l'art et spécialiste d'esthétique, «les arguments esthétiques n'ont qu'une validité intersubjective, mais ne reflètent aucune doctrine, aucun concept du beau qui viendrait s'imposer a priori. Ils jugent l'actualisation effective de l'?uvre par rapport à ses propres ambitions».De ces théories et postulats on est encore loin et les écrits et les débats sur les plateaux de télévision abordant la question de l'art restent subjectifs et sans portée réelle dans le sens d'une éducation du goût ou des supposés éclairages qu'on apporte s'agissant d'une ?uvre, et c'est tout juste si on effleure la chose pour ensuite se complaire dans un lexique emphatique vide de sens, omettant d'émettre une critique normative, même si les normes sont remises en question. Car, là au moins on se base sur des concepts pour approcher une ?uvre et en appréhender les sens.M. R.
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Posté Le : 04/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Rahmani
Source : www.latribune-online.com