Algérie

Entre élection et mutation


La convocation du corps électoral doit se faire au plus tard le 16 janvier 2019», nous apprennent les constitutionnalistes, non sans préciser que «le mandat du président de la République se termine le 16 avril à minuit».C'est dans cette intensité dramatique que le pays appréhende les trois prochains jours comme on attend les trois coups du destin. Le «corps électoral» et le reste du pays, ses élites, son opposition politique et ses transfuges du régime attendent dans un fatalisme non dissimulé ce qui se décidera en «haut lieu».
Il est symptomatique qu'une personnalité comme la patronne du Parti des travailleurs, présente sur la scène politique depuis plus d'un quart de siècle, guette des signes de «clarification», lesquels ne peuvent venir que des accointances secrètes du chef du MSP ou de l'autorité qui veille sur l'obligation de réserve d'une partie de l'opinion.
Toutes les constructions politiques autour de la prochaine présidentielle sont en train de s'effondrer et il apparaît «clairement» que le pays n'est pas à la veille d'une élection, mais en phase de mutation radicale dans son système de pouvoir. Les exigences d'une élection régulière et transparente lors du scrutin d'avril apparaissent sinon surréalistes, du moins décalées de la réalité des événements en cours.
Le scénario d'un big bang démocratique à quelques semaines du jour du vote est une parfaite utopie. Le système en place n'a pas la culture, encore moins l'ADN, de l'ouverture politique, il a juste l'énergie et la préoccupation de chercher une porte de sortie sans grands dommages ni préjudice pour ses intérêts et son aura réelle ou surfaite.
Quand il prend langue avec des figures de l'opposition, ce n'est pas pour prêter l'oreille au discours sur la transition ou l'alternance, mais pour s'assurer que la chute sera moins dure.
En avril prochain, il n'y aura pas l'expression du suffrage, mais le dénouement d'une ultime lutte des clans qui ne sont pas au faîte de leur puissance mais au paroxysme de leur désarroi. Ce sont d'anciens hauts cadres de ce même système qui l'attestent, non sans essuyer quelques salves symboliques.
Ce dernier épisode du culte de la personnalité n'est pas porteur de périls comme d'aucuns le craignent, il rend possible la construction démocratique. Elle sera à l'ordre du jour au lendemain de la prochaine échéance électorale, pas avant.
Pour cela, il faut capitaliser tous les parcours et toutes les expériences politiques, à l'exception du mouvement nihiliste des islamistes des années 1990. En se gardant, à titre d'exemple, d'une tentation «révisionniste» qui ferait de mauvais procès aux patriotes, qui avaient pris leurs responsabilités, à cette période, dans la société et au sein de l'Etat.
Il y a matière à positiver y compris dans le pouvoir en place qui, sans avoir eu la vocation de pionnier de la démocratisation, a eu quelques initiatives presque instinctives qui vont dans le sens de l'histoire, comme la réhabilitation identitaire et culturelle ou le renforcement des prérogatives de l'Exécutif relatives à la sécurité intérieure. Il faudra cependant faire face au legs d'une gestion sans cap et dont l'ambition n'a pas dépassé le cadre clanique.
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