Algérie

Entre déperdition et gaspillage



Entre déperdition et gaspillage
Près de 50% de l'eau potable distribuée au quotidien n'arrivent pas dans les robinets. La raison, ou plutôt les raisons de cette déperdition de la ressource sont nombreuses.Les plus importantes sont les fuites et les piquages illicites. Les 50% restant qui arrivent à bon port sont gaspillés. En effet, la moitié de l'eau produite part dans la nature à cause des fuites. D'après Smaïl Amirouche, directeur chargé de l'alimentation en eau potable auprès du ministère des Ressources en eau, les fuites représentent globalement et sur l'échelle nationale un taux de 30% de cette eau perdue. «Les fuites sont dues essentiellement à la vétusté des canalisations et à l'hétérogénéité des matériaux de ces réseaux, à savoir l'acier, le PVC, le PUHD et autres.
Face à cette multitude de matériaux, nous allons vers la généralisation du PUHD, qui est une matière fabriquée localement et qui a démontré ses capacités dans nos réseaux. Une autre contrainte et de facto cause de fuite, les formes topographiques de certaines régions comme c'est le cas à Tizi Ouzou, Béjaïa ou encore Médéa où les terrains sont très accidentés, ce qui influe directement sur la durabilité des canalisations. Un programme de réhabilitation et de rénovation du réseau d'AEP, qui touche actuellement 11 grandes villes, a été lancé.
Une deuxième phase, qui comprend 7 autres villes, est également prévue. Toutefois, le travail de réhabilitation est continuel afin de veiller sur ces conduites et sur le bon acheminement de l'eau vers le citoyen», explique notre interlocuteur qui insiste sur le fait que «le zéro déperdition» n'existe dans aucun pays. Le taux admissible, et auquel aspire arriver le ministère, ne dépasse pas les 18%.
Pour les piquages illicites, M. Amirouche cite en plus de certains ménages, les industriels et les agriculteurs. Le vol d'eau, selon ce responsable, n'influe pas seulement sur la conduite elle-même mais aussi pénalise l'abonné qui est privé de la pression attendue et parfois même de la ressource. Pour y remédier, le ministère en compagnie des collectivités locales ont lancé tout un programme de proximité de sensibilisation et de recensement de ces piquages.
En plus de cette importante déperdition, les 50% d'eau qui arrivent dans les robinets sont gaspillés. Selon M. Amirouche, on ne donne pas à l'eau sa juste valeur dans notre pays, au moment où cette importante ressource est rare. Une rareté expliquée par la situation géographique de l'Algérie, située dans une zone semi-aride à aride et ciblée par les changements climatiques dont le premier effet est l'absence de pluies. Selon M. Amirouche, la quote-part de l'Algérien à l'eau ne dépasse pas les 400 m3 par an, alors que la norme mondiale prévoit 1000 m3.
«C'est pourquoi, il faut impérativement changer notre comportement envers cette ressource. La consommation estimée correcte et suffisante par jour et par habitant est de 150 litres. Toutefois, dans certaines zones à Alger, à titre d'exemple, on dépasse les 300 litres/jour/habitant. Dans les régions du Sud, la consommation est plus importante et cette dotation quotidienne peut dépasser les 400 litres/habitant», ajoute notre interlocuteur avant de signaler qu'une pareille surconsommation implique une surexploitation du réseau et des différents types de ressource, dont la nappe phréatique.
Si l'été dernier était difficile pour pas mal de régions dans le pays, avec une pareille consommation et une pérennité de déperdition de l'eau, la sécheresse, avec tout ce qu'elle implique comme impact négatif, notamment sur l'agriculture, ne tardera pas à être un fait quotidien omniprésent.


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