Algérie

Entre déni et relâchement collectif



Malgré les mesures de protection sanitaire décidées depuis le début de la crise du Covid-19, les maints rappels au respect de ce protocole ne semblent pas trouver un écho favorable parmi un grand nombre de la population. Ceux qui continuent à faire dans le déni de la pandémie n'en font qu'à leur tête et outrepassent les consignes. Les sanctions rigoureuses prévues, elles, tardent à être appliquées par les autorités locales.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les chiffres annoncés quotidiennement par le Comité scientifique pour le suivi de l'évolution du Covid-19 donnent froid dans le dos. Le nombre de nouveaux cas de coronavirus est, depuis quelques semaines, constamment en hausse. Mais la plupart des Algériens restent toujours dans le déni de la pandémie et continuent à bafouer les mesures barrières mises en place pour parer à la propagation de ce virus. Leur comportement dans la rue et dans les lieux publics en est la preuve. Même les nouvelles mesures décrétées et le durcissement récent des sanctions n'ont pas eu raison de leur entêtement.
Inconscients, de nombreux citoyens, des jeunes en majorité, continuent à vaquer à leurs occupations quotidiennes sans aucune protection, comme si de rien n'était. Les marchés de fruits et légumes sont les espaces où le non-respect des mesures barrières est flagrant. Les marchands, tout comme les clients, ignorent ces gestes. A l'ouest d'Alger, le marché communal de Chéraga a été récemment fermé. Une sentence qui est tombée après de multiples opérations de sensibilisation et d'avertissements dont avaient fait l'objet les commerçants et les clients se trouvant sur place. Les mises en garde des autorités locales n'ont pas finalement trouvé d'oreille attentive. Il semblerait d'ailleurs que certains des marchands ont été confirmés positifs au virus. Un peu plus au nord, le marché de Aïn-Benian donne, depuis le début de la pandémie, l'image désolante d'une irresponsabilité inouïe.
A longueur de journée, les clients, sans masque pour la plupart, ou avec une bavette qui pendouille au menton pour les moins intrépides, se bousculent dans les étroites allées de ce haut lieu commerçant et s'agglutinent devant ses différents étals de marchandises. Ici, la distanciation physique est aux abonnés absents. Idem pour la plupart des vendeurs qui, eux également, défient l'instruction des autorités publiques et travaillent sans port de masque. Un geste pourtant obligatoire à toute personne accédant à un espace commercial et passible d'une amende de 10 000 dinars pour les contrevenants. «Presque personne ne porte le masque au marché ni les vendeurs ni les clients», affirme Mohamed, un habitué du marché de fruits et légumes de Aïn-Benian. Selon lui, même la distanciation sociale n'est pas du tout respectée. «J'ai l'impression que les gens n'ont rien à faire dans leur vie et passent des heures à sillonner les allées du marché. Certains d'entre eux prennent le temps de s'arrêter au milieu des étroites allées pour saluer et entamer de longues discussions avec des connaissances rencontrées sur place, encombrant ainsi le passage», raconte-t-il tout déçu. Outré par ces comportements «irréfléchis», ce retraité avoue éviter ce marché depuis le début de la pandémie. Pour faire ses emplettes en fruits et légumes, il va dans les magasins de son quartier. «Ici, les prix sont plus élevés mais le risque de contamination au coronavirus est moindre», dit-il.
Autorisées depuis le début de la crise sanitaire à rester ouvertes, les superettes font, elles aussi, dans le déni. Certaines d'entre elles n'ont même pas pris la peine de limiter le nombre de clients à accéder au magasin et de mettre à leur disposition des gels désinfectants. Pire encore, ni les caissiers ni les autres employés ne portent de bavette. Un comportement qui encourage ainsi les clients à faire fi du respect du protocole sanitaire.
«Dans la superette de mon quartier à Aïn-Benian, les clients entrent sans masque et personne ne leur fait la remarque. C'est normal puisque les caissiers eux-mêmes ne portent pas de bavette non plus», assure Djamel. Le jeune homme déplore à cet effet l'absence des services de contrôle mais aussi les services de sécurité. «Je n'ai jamais vu les policiers intervenir pour rappeler à l'ordre des commerçants ou des clients. Tout se passe au vu et au su de tout le monde, mais personne ne réagit. Pourtant, les instructions du Premier ministre et celles du ministre du Commerce sont claires !», s'indigne-t-il.
Les bureaux de poste, l'autre point noir
Après une accalmie de quelques semaines, les bureaux de poste ont renoué avec les longues files d'attente. Pis encore, les grappes de clients agglutinés devant la porte d'entrée de ces bureaux ont refait leur apparition. Au centre-ville de Chéraga, les clients s'entassent devant le bureau de poste sans masque. Ils attendent leur tour qui ne viendra qu'au bout d'une heure ou une heure et demie pour certains. Pour parer à l'ennui, ils n'hésitent pas à faire un brin de causette à trois ou quatre dans l'irrespect absolu de la distanciation physique. Des scènes qui font rager certains passants. «C'est de l'inconscience ! Ce sont les médecins exténués depuis plus de quatre mois qui me font de la peine», lance une dame de passage. Arrivés sans masque de protection, certains clients qui se voient refuser l'accès au bureau de poste n'hésitent pas à emprunter les masques de clients sortants. Pour eux, tous les moyens sont bons pour encaisser leur chèque. Pourvu qu'ils ne rentrent pas bredouilles sans le sou.
Plages fermées, vous dites '
En ces temps de fortes chaleurs, la baignade reste l'ultime solution. Crise sanitaire oblige, les plages ont été interdites. Seulement sur le terrain, la réalité est toute autre. De nombreuses plages algéroises continuent à accueillir des estivants : des jeunes, des enfants et des familles entières. A Aïn-Benian, les plages hors des regards des services de sécurité drainent du monde. Ici, les estivants se baignent et font bronzette en toute impunité. Certains ont même sorti leurs planches à voile et leurs kayaks. Seul le mauvais temps avec une forte houle avait dissuadé ces derniers jours ces vacanciers de piquer un plongeon. Alors que les citoyens responsables et disciplinés se privent de toute détente et restent confinés chez eux, d'autres inconscients et irresponsables profitent des vacances forcées au bord de la mer, comme si la pandémie ne les concernait pas. C'est ici que la démission des services concernés saute aux yeux. Où sont donc passées les autorités locales pour faire appliquer ces décisions claires et nettes du Premier ministre '
Ry. N.


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