Algérie

Entre croissance spontanée et prise de conscience



Des émissions de CO2 notamment ceux d'origine fossile progressent rapidement depuis 7 ans et constituent une alerte sérieuse et un rappel sans appel aux participants de la Conférence sur le climat en Pologne.L'environnement prend du retard sur l'économie
La courbe continue de s'inverser entre l'économie mondiale qui progresse et le dérèglement climatique qui impacte négativement les ressources de la planète.
L'environnement prend du retard sur l'économie malgré les engagements successifs et répétés de la communauté internationale.
Selon l'ensemble des études, les émissions de CO2 provenant de l'industrie et du charbon continuent de croître (1,7%) en 2017 et atteindraient 2,7% en 2018.
La rhétorique continue et les décideurs tergiversent
Les stocks de la terre se réduisent, les milieux récepteurs se dégradent, l'effet boucle est en marche, alors que les politiciens tergiversent de conférence en conférence et la rhétorique officielle continue à distiller les mêmes certitudes.
On s'éloigne dangereusement de la trajectoire de 1,5°C, voire même de 2°C, fixée par la Conférence de Paris : le dérapage n'est pas loin !
Encore plus de CO2 dans l'atmosphère...
Cette hausse est alimentée par la surchauffe des économies dominantes : La Chine + 4,7% lié à l'utilisation du charbon, et ce, malgré des résultats encourageants enregistrés les années précédentes, les Etats-Unis avec + 2,5% qu'il faut imputer vraisemblablement à un hiver rigoureux et à un été extrême qui ont sollicité l'usage des climatiseurs et du chauffage, et à l'Inde + 6,5%.
A l'inverse, les émissions de l'Europe et certains pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique et d'Australie sont confinées à des niveaux acceptables : c'est la classe des bons élèves.
D'une manière générale et au plan mondial, les pics de croissance des émissions continueront à croître dans le futur immédiat selon les différents prévisionnistes boostés par la croissance du parc automobile, le recours de l'aviation au carburant : 27% en 10 ans, et le développement de la déforestation, et ce, malgré l'utilisation graduelle des énergies nouvelles.
Ici, comme ailleurs, il n'y a pas de croissance spontanée, ni de pilotage automatique
Certes, ce n'est pas un retour aux chiffres des années funestes de l'an 2000. Mais, il ne s'agit pas de se voiler les yeux, la trajectoire ascendante est là...
Les Etats, les grandes entreprises, les organisations, bref, la communauté internationale est interpellée afin qu'elle sorte du cycle dangereux de la réitération des engagements sans lendemain et de l'euphorie des déclarations et des déclamations.
La planète terre perd progressivement des opportunités d'action, afin de réguler les forces du marché et de s'engager sur la voie des accomplissements en matière d'environnement car, ici comme ailleurs, il n'y a pas de croissance spontanée, ni de pilotage automatique en matière d'économie et d'environnement et le climat n'est pas une variable d'ajustement. Il est planétaire.
Réallumer les feux de l'optimisme
Le Sommet mondial en cours à Katowice, au coeur de la Pologne, nous offre l'opportunité de redonner de la crédibilité aux institutions internationales, de réallumer les feux de l'optimisme et d'offrir un peu d'espoir à une opinion lassée par les promesses, et ce, à l'aube de la nouvelle année 2019 ; une année que je souhaite bonne pour tous les Algériens et les Algériennes... et meilleure pour la planète.
C. R.
(*) Ambassadeur des déserts et des terres arides (Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification).
Président de la Fondation des déserts du monde. Ancien ministre. Membre de l'organisation internationale «Leaders pour la paix».


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