Algérie

Entre corruption et redressement...



L'actualité nationale est marquée de faits factuels que sont la corruption - qui défraye la chronique depuis de nombreuses années - et les «redressements» - dont seuls les partis politiques en détiennent le secret - qui donnent de l'Algérie une image peu enviable. La persistance même de ces faits, qui semblent spécifiques à notre pays - sans que l'Etat puisse y mettre un terme - en dit long sur des dérives économiques et politiciennes qui placent l'Algérie en marge du droit. Toutefois, ces pratiques condamnables ont des retombées négatives sur le vécu des Algériens «normaux» qui ont l'impression qu'ils n'ont pas leur place dans la construction de leur pays. Ainsi, les Algériens de toute catégorie et classe sociale, et de tous niveaux, ont le sentiment d'être exclus de l'échelle des valeurs de la société, de ne pouvoir s'intégrer dans le tissu social du pays, qu'ils ne disposent pas de moyens de concrétiser leur ambition par le travail, par les études, par la recherche scientifique et la spécialisation. Dit plus sobrement, l'opportunité pour le citoyen d'acquérir un statut social et de justifier ce statut par sa contribution au développement de la société et à la consolidation de l'Etat. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Certes! Mais entre ces voeux et leur réalisation, il y a comme un impondérable qui fait que ce n'est pas aussi simple que cela pouvait paraître. Le sentiment général est que - au moment où une minorité exhibe des fortunes sans raison, que la corruption s'affiche et gangrène le pays - la majorité des Algériens se voit sans utilité dans une société où elle est marginalisée. Ce blocage, qui n'est pas seulement psychologique, se manifeste au niveau culturel, social, économique et aussi politique - cf; l'absence d'une véritable classe politique en Algérie marquée par de pseudo-partis en perpétuel mouvement de redressement - qui fait que des Algériens s'estiment dans l'incapacité de s'assumer dans leur pays, que leurs compétences et qualités ne trouvent pas à s'exprimer, quand ce n'est pas leurs aptitudes même qui les éliminent du champ du travail. Ce qui fait que de nombreux diplômés sont condamnés à vivoter, mis en marge de leur devenir. Nombreux sont aussi les Algériens qui choisissent de rompre les attaches, de s'expatrier, souvent à jamais. Le paradoxe est dans le fait que plusieurs de ces Algériens qui s'expatrient se font rapidement une place sûre dans le pays où ils se sont établis. Nombreux aussi sont ceux qui ont réussi à l'étranger ce qu'ils n'ont pu faire - ou mis dans l'incapacité de faire - dans leur pays. Peut-on dès lors s'étonner que dans l'Algérie indépendante il y ait plus de «Franco-Algériens» qu'il n'y en a jamais eu dans l'Algérie vivant sous le joug de la colonisation' Combien d'Algériens ont opté ainsi pour la nationalité française, américaine, canadienne, britannique, espagnole, italienne et même égyptienne, syrienne, et... apportant leur plus-value aux pays d'accueil' Au moment où des gens jouent avec l'avenir et le crédit du pays, ses valeurs sûres s'exportent à l'étranger où leur compétence, leur savoir-faire sont rapidement reconnus. Cette réussite aura-t-elle été au rendez-vous s'ils étaient demeurés en Algérie' Il est permis d'en douter. Aussi, la question qui se pose est: pourquoi ces Algériens ont-il pu se transcender à l'étranger et devenir des valeurs sûres, alors qu'ils sont, d'une manière ou d'une autre, bloqués dans leurs pays' En fait, que demandaient les jeunes Algériens au président français, Jacques Chirac lors de ses visites en Algérie' Des visas! Ce qui était vrai en 2003, l'est toujours, fâcheusement, en 2013. Pendant ce temps, à quoi s'occupent les partis dit «politiques»' A se «redresser», à «redresser» leurs dirigeants pour assurer leurs prébendes. Des responsables vident les caisses de leurs entreprises. Combien d'affaires de détournements et de scandales financiers a-t-on relevé lors des dernières années, dont le plus inopportun est encore celui de Sonatrach' Faut-il s'étonner de ces dérives quand le «trabendiste» roule carrosse, que le «travail» d'un footballeur est évalué à 320 millions de centimes par mois (en sus des primes) alors que le professeur d'université, le patron des hôpitaux, l'enseignant, l'ingénieur - qui assurent le devenir du pays - vivotent avec des salaires de misère. Aussi, quand «corruption et redressement», occupent le haut du pavé, il faut à raison se demander s'il y a une place en Algérie pour ses enfants qui ne demandent qu'à s'inscrire dans son développement!


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)