Algérie

Entre consommation de kif et inhalation de colle



33.600 élèves se droguent à Oran «33.600 élèves, soit 12% des 280.000 enfants scolarisés dans la wilaya d’Oran, s’adonnent à la drogue». Telle est la conclusion alarmante d’une étude menée par des spécialistes en psychologie pédagogique relevant du département de psychologie de l’université d’Es-Sénia. L’étude en question, réalisée durant l’année scolaire 2007-2008, relève que «25% de ces 33.600 élèves consomment du haschisch, 25% prennent des psychotropes et 50% sniffent de la colle». Il ressort aussi de cette étude que cette consommation de drogues diverses est à l’origine de bien des actes de violence dans les établissements scolaires, tout particulièrement dans le cycle moyen où ont lieu 60% des agressions et des troubles de l’ordre. Pour les spécialistes, cela s’explique par le fait que, dans ce cycle, l’élève atteint l’âge de l’adolescence où la violence devient, selon les spécialistes, le mode de communication privilégié. «L’adolescence, explique-t-on, est la phase de la vie humaine de transition entre l’enfance et l’âge adulte. C’est la période de la fameuse crise du rejet de l’autorité et du désir d’autonomie. Et l’adolescent, en quête d’identité et de sensations nouvelles, est plus exposé au risque de tomber dans l’une de ces dépendances: tabac, alcool, médicaments psychotropes et autres drogues». Mais il faut dire aussi que l’environnement favorise en quelque sorte l’extension de ce phénomène. «Aujourd’hui, l’adolescent arrive malheureusement à se procurer facilement des drogues chez le dealer du quartier ou le vendeur de cigarettes du coin», explique un psychopédagogue qui ajoute que «cette drogue, l’enfant l’achète soit de son argent de poche ou de l’argent pris dans la poche du papa ou du porte-monnaie de la maman, à leur insu». Mais ce qui est encore gravissime, relèvent des psychologues, c’est que «arrivé au stade de la consommation et de la dépendance, l’enfant peut facilement verser dans la délinquance et dans le vol». «Evidemment, souligne-t-on ici, les premières victimes sont les parents et l’entourage le plus proche». L’élève consommateur de drogue devient alors danger, un danger pour ses camarades de classe, pour les enseignants et pour lui-même. Interrogés à ce propos, des enseignants affirment: «Parfois, nous avons affaire à des enfants violents qui n’ont aucun respect pour les professeurs qu’ils se permettent d’injurier quand ils ne les tabassent pas!» «On préfère laisser les élèves à problèmes ou ceux qui s’adonnent aux drogues s’installer au fond de la classe. C’est un moyen de s’épargner bien des problèmes», souligne une enseignante. D’autres rappellent, dans ce contexte, qu’«il y a eu plusieurs cas de confrères agressés par des élèves». Ils ajoutent: «Un élève dans son état normal ne peut pas porter la main sur son professeur!» Nadjet, une adjointe d’éducation dans un lycée de la wilaya d’Oran, dira: «Je suis quotidiennement confrontée aux élèves turbulents qui sont généralement, au meilleur des cas, seulement des fumeurs, sinon il s’agit de consommateurs de drogues diverses. Et ces derniers sont franchement violents, s’en prenant à leurs camarades et aux professeurs. J’évite donc d’entrer en conflit avec eux.» Pour leur part, certains élèves affichent clairement leur désapprobation de ce phénomène. C’est l’exemple de Fatima, Nawel, Faïza, Kamel et autres, qui préfèrent rester anonymes. «Nous connaissons les camarades qui consomment de la drogue et nous les évitons. De toute façon, ils ont leur groupe à eux, nous avons le nôtre», soulignent-ils. Des parents d’élèves, interrogés à ce sujet, diront eux: «On est outrés de savoir que des enfants scolarisés s’adonnent à la consommation des drogues alors que même fumer la cigarette est intolérable pour des adolescents. En fait, le gros problème vient de l’abondance des drogues sur le marché.» D’autres diront qu’«il est souhaitable que des psychopédagogues multiplient les campagnes de sensibilisation dans les écoles et organisent des rencontres avec les parents pour leur expliquer comment reconnaître un enfant qui s’adonne à la drogue et quelle attitude prendre dans ce cas». «Il faut aussi faire en sorte d’interdire aux vendeurs de cigarettes de s’installer aux abords des établissements scolaires», souligne une maman, inquiète du phénomène.   Hafida B. / M.B.


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