Algérie

Entre aspirations démocratiques et relents ataviques L'APN et le test des réformes



Entre aspirations démocratiques et relents ataviques                                    L'APN et le test des réformes
Photo : Riad
Par Abdelkrim Ghezali
La démagogie de certains députés se révèle à travers leurs attitudes contradictoires. D'une part, ils votent l'article 31 bis de la constitution qui consacre le droit de la promotion politique de la femme pour la sortir du ghetto dans lequel le code de la famille l'a enfermé et d'autre part, trouvent des arguments pour rejeter l'article 2 de la loi sur le même sujet, estimant que le principe des quotas n'est pas démocratique. Etrangement, dès qu'il s'agit d'élaborer une loi favorable à la gente féminine et, par ricochet, au progrès social, les relents ataviques se réveillent pour faire barrage et paradoxalement en invoquant les principes démocratiques. Certes, le principe des quotas est antinomique avec la praxis démocratique. Le parti est en principe souverain de choisir ses candidats en fonction de leurs compétences et de leur crédibilité. Est-ce le cas ' N'a-t-on pas vu des élus nationaux ou locaux dépourvus de toutes compétence et n'ayant aucune crédibilité ' C'est grâce au truchement et à la fraude qu'ils sont élus.
Par ailleurs, l'argument qui consiste à dire que la société n'est pas prête à voir les femmes s'occuper de politique et d'investir en force la scène politique, est une fuite en avant pour justifier l'injustifiable. A ce rythme, jamais la femme n'aura une place au soleil.
Les attitudes conservatrices ont été battues en brèche lorsque l'Etat a imposé le droit de la femme à l'éducation et au travail et ce dès l'indépendance du pays. Heureusement que la moitié de la société a acquis ce droit puisque la femme a démontré à travers les résultats scolaires qu'elle est aussi capable que l'homme sinon mieux pour gravir les marches du savoir et de la connaissance.
Cependant, la scolarité et le travail n'ont pas libéré pour autant la femme des pesanteurs d'une société schizophrène et bicéphale. Si l'élite politique et intellectuelle de la nation ne cherche qu'à plaire à la société en se conformant à sa mentalité et en la caressant dans le sens du poil, non seulement elle opte pour la stagnation mais enclenche une dynamique de recul qui rogne les espaces de liberté, de progrès et de modernité.Au lieu de se regarder en face et de décider d'en finir avec les contradictions historiques de la société, en libérant le génie national, en nivelant la société à travers une mise à niveau de toutes les forces vives, en élargissant les espaces de liberté sans exclusion ni ségrégation sexuelle, régionale et intellectuelle, les députés qui sont face à un test démocratique déterminant, continuent à pratiquer la politique de l'autruche et risque ainsi de faire rater au pays l'occasion de rattraper un retard immense tant au plan politique que social.La crise identitaire dont souffre la société a générée une monté en puissance du conservatisme, du patriarcat et de l'obscurantisme, qui ont grandement investi tous les secteurs de la vie sociale, politique et culturelle. Même l'école et l'université, bastion de la connaissance, du savoir, de l'universalisme et de l'humanisme, sont soumis à une gestion idéologique et politicienne, les éloignant de leur vocation essentielle, à savoir la connaissance et le foisonnement des idées novatrices et révolutionnaires, sans tabous ni contraintes. Cette crise identitaire n'est pas le fait d'une quête d'origine ethnique, mais du refus d'assumer l'histoire collective, l'héritage commun et les acquis de toutes les invasions que l'Algérie a subies. Les Algériens sont le produit de tous les apports civilisationnels, culturels et linguistiques qui ont forgé, qu'on le veuille ou pas, leur personnalité et leur mental.Aborder cette question de façon sélective et moraliste, tel que c'est fait jusque-là, c'est nier l'évidence et entretenir une dépression collective qui maintient les Algériens dans un état de stagnation et déchirement dont les lendemains sont incertains.


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