Algérie

Entre approbation et grincements de dents: La rue commente le nouveau week-end


Le nouveau week-end algérien, à gué entre l'universel et l'ancienne formule islamo-révolutionnaire, n'aura certainement pas été sans être commenté, longuement et parfois avec véhémence, par une rue, prise à témoin à son corps défendant par des décisions gouvernementales «inattendues».

Si, pour le monde de l'entreprise, ce «verdict» était dans l'air du temps depuis quelques années et intervient pour rétablir une situation pénalisante, pour le commun des mortels, il vient s'ajouter aux «surprises», bonnes ou mauvaises, c'est selon, concoctés dans les laboratoires de l'Etat sans pour autant qu'on prenne la peine de le consulter. «Comme toujours, le peuple est le dernier à être informé», ironisera Samir, la quarantaine, exerçant dans une boite privée. «Le problème n'est pas dans le fond mais c'est le mépris qu'on affiche envers le citoyen qui n'a pas son mot à dire et qui doit s'exécuter manu militari», ajoutera-t-il, complètement désabusé. Salah, 44 ans, fonctionnaire dans une administration publique, ne se pose pas trop de questions et estime que «tout est relatif». Philosophe jusqu'à sa dernière cigarette de Rym, il considère que le nouveau week-end finira par rentrer dans les moeurs nationales avec le temps, «on s'habitue à tout», finira-t-il par décréter. «Ce n'est qu'un juste retour à la normale, et encore !», affirmera de son côté, Amar, 55 ans et seulement quelques cheveux blancs sur la tête. Lui, il a pleinement vécu la période d'avant 1975 alors que l'Algérie n'avait pas «encore basculé de l'autre côté de la barrière». «Tout était clair, il n'y avait aucune ambiguïté, le vendredi les gens, ceux qui le voulaient, allaient accomplir leur devoir religieux et le samedi et dimanche étaient consacrés au repos», se rappellera-t-il, la voix empreinte de nostalgie. «Je n'arrive vraiment pas à m'expliquer pourquoi l'Algérie est leader mondial dans les mauvais choix, regardez simplement vers ce qui se passe dans le secteur de l'éducation et vous comprendrez que ce n'est pas demain qu'elle cèdera son trône», dénoncera-t-il. Youcef, la trentaine, chômeur professionnel, se veut moins conciliant. «Ils n'ont même pas le courage d'aller au fond des choses, ou ils laissent le week-end en l'état ou ils s'alignent carrément sur le modèle universel, de toutes les manières, ça ne change rien pour moi». Quant à Fatima, employée dans une agence CNEP, cette nouvelle ne la concerne vraiment pas puisque son secteur, tout comme les postes, les mairies ou encore les banques, fonctionne depuis toujours selon le week-end semi-universel. Pour les zélés défenseurs d'un mode de vie importé du lointain désert d'Arabie, cette «volte-face gouvernementale» est la preuve tangible d'un rapport de force qui a basculé du côté des tenants d'un libéralisme outrancier à l'ombre de certains partis laïcs. Mais, tout le monde s'accorde à dire que quelle que soit la formule du week-end, le problème premier est de s'y adapter. «Il faut tout simplement s'adapter, ça prendra du temps mais on y arrivera», expliquera Samira, 22 ans, secrétaire de direction qui trouve que la décision est à saluer tout comme Mohamed Moro, représentant de l'UDR à Oran. «Cette une décision qu'on a longtemps attendu est un des chevaux de bataille de Amara Benyounes lors des dernières législatives», dira-t-il avant d'expliquer que cette formule «inédite» répond au souci de ne pas froisser les susceptibilités en présence avant de passer au week-end universel, une étape transitoire qui ne saurait prendre beaucoup de temps, prédira encore Mohamed Moro. Quant aux opérateurs économiques, un chef d'entreprise, préférant garder l'anonymat, affirmera que cette décision ne changera rien au sort des petites entreprises. Mme Lazouni, gérante d'AUDIFEL, une boite spécialisée dans les prothèses auditives, estimera, pour sa part, que cette nouvelle formule, «un compromis intelligent» ne peut qu'apporter un mieux à l'économie nationale.


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