Entre anarchie et pollution Transport urbain et suburbain à Touggourt

Les pouvoirs publics ont longtemps fermé les yeux sur l'anarchie qui a caractérisé le transport urbain dans la ville de Touggourt et ses environs du fait d'une défaillance de gestion et d'organisation de ce secteur.
L'anarchie, la violation de la réglementation, le mépris envers les usagers et l'arnaque, tels sont les qualificatifs évoqués par le citoyen concernant la situation du transport urbain et suburbain, qu'il s'agisse de minibus, taxis, ou clandestins. Les usagers se plaignent de toutes sortes d'abus de la part des transporteurs. Mais peut-on espérer une meilleure qualité de service fourni par le transport privé comme le souhaitent les milliers de citoyens utilisant ce moyen ' Il est indéniable que la responsabilité n'incombe pas uniquement à ces opérateurs, étant donné l'anarchie frappante qui remet en cause et le sens du civisme chez le citoyen et l'esprit de responsabilité dans les services concernés. Reconnaissons que la culture des transports en commun n'est pas encore acquise, la destruction des abribus en est l'exemple édifiant. Pour transformer cette image négative, les pouvoirs publics devraient passer à l'offensive pour inciter le changement et redonner au transport urbain son statut de service public.
Les contrats d'exploitation des lignes de transport urbain accordées par la direction des transports de la wilaya semblent ne pas prendre en considération certains paramètres liés à la gestion, la programmation des horaires, l'organisation, l'entretien et la maintenance des véhicules de transport, la programmation du contrôle technique, le nombre limite de places, etc. Aujourd'hui, les conditions sont favorables pour l'amélioration et la restructuration du transport urbain, ainsi que le renforcement du secteur grâce à l'intervention des jeunes transporteurs avec les possibilités offertes par l'Ansej, qui a jusque-là appuyé à fond l'amélioration du secteur de prédilection des jeunes de la région, à savoir l'acquisition de véhicules de transport collectif. La saturation tant clamée par les autorités pour un service en déficit permanent avec une qualité médiocre pousse à réfléchir aux raisons de cette situation qui n'arrange personne. La permanence du transport est vivement souhaitée par le citoyen, le transport de nuit et à certains horaires de la journée, surtout en été, faisant défaut, cette défaillance handicape énormément les gens pris par des urgences (maladie, voyage...) contraints à chercher d'autres moyens à des prix exorbitants que beaucoup ne peuvent se permettre. D'où la multiplication des taxis clandestins communément taxés de «fraudeurs».
Sur le plan environnemental, le trafic généré par le parc automobile, y compris le transport particulier et collectif, est en forte croissance ces dernières années et utilise des carburants non conformes aux règles édictées en matière de protection de l'environnement, ce qui cause une pollution atmosphérique en milieu urbain. Le manque d'études épidémiologiques ne permet pas d'établir, avec suffisamment de données, le lien entre le problème de santé (maladies, allergies) et la pollution atmosphérique, en particulier celle due à la circulation automobile de manière générale. En effet, il n'y a pas d'indicateurs santé- pollution ni d'informations sur les coûts directs (hospitalisation et soins) et indirects (perte de productivité) entraînés par les gênes respiratoires, crises d'asthme, bronchites et cancers des poumons.
Pour avoir une idée sur les dégâts causés par cette pollution, il suffit de visiter les stations anarchiques de taxis et de camions de transport qui stationnent un peu partout non loin des habitations et stations de bus et de minibus de la ville : vrombissement incessant des moteurs qui tournent à longueur de journée, engendrant toutes les formes de nuisance possibles ; vibrations et gaz d'échappement incommodent le citoyen envahi par la fumée dégagée par les tuyaux d'échappement. Pour faire face à cette situation préoccupante et dans le but de mettre en place une gestion intégrée des transports urbains, il faut donc une meilleure gestion permettant la maîtrise globale de ce service public, même s'il dépend majoritairement des opérateurs privés, sans oublier d'intégrer la dimension environnementale, sociale et économique des transports urbains.