Il faut compter une moyenne de 650 à 850 changements de nom de famille dans chaque wilaya au cours des 50 dernières années. Pour les grandes villes comme Alger, Oran, Constantine et Annaba, les changements sont plus nombreux que dans le reste du pays.
Depuis le recouvrement de l'indépendance, le 5 juillet 1962, des personnes se sont précipitées pour changer leur patronyme. Entre 30 000 et 35 000 noms ont été changés, selon des sources universitaires. Exemple : le nom Khanfous (scarabée) changé en Ben Abbas, ou Oulid Eddib (fils de chacal) changé en Dahbi, les dossiers de demande pour le changement de nom de famille en Algérie continuent à être envoyés au ministère de la Justice. Cela concerne souvent les personnes qui ne veulent pas porter un nom injurieux, véritable fardeau lorsqu'on sait que la société est railleuse.
Il subsiste un black-out sur les véritables statistiques. Le ministère de la Justice préserve les chiffres comme un secret Défense. Pour preuve, les services de la communication de ce département ministériel n'ont pas jugé utile de nous communiquer la moindre information. Toutefois, selon les chiffres que nous avons pu recueillir auprès d'universitaires, le nombre de changements de nom de famille oscille entre 35 000 et 40 000 depuis 1962. Me Fatma Zohra Benbraham avance, quant à elle, un chiffre encore plus élevé qui dépasse les 50 000.
Nos sources nous expliquent qu'il faut compter une moyenne de 650 à 850 changements de nom de famille dans chaque wilaya au cours des 50 dernières années. Pour les grandes villes comme Alger, Oran, Constantine et Annaba, les changements sont plus nombreux que dans le reste du pays.
Au niveau de la capitale seulement, plus de 1500 changements ont eu lieu depuis le recouvrement de la souveraineté nationale. A Constantine, les demandes de changement de nom sont très significatives. Elles dépassent les 2000. Nous ne citerons aucun nom, mais force de constater que les noms ignominieux et obscènes sont monnaie courante à l'est du pays.
Dans ses travaux, le docteur Farid Benramdane, spécialiste en Algérie de la question patronymique, maître de conférences à l'université de Mostaganem, nous indique que «l'administration algérienne travaille toujours sur la base de l'état civil du 23 mars 1882.» Cette loi édicte les procédures de choix ou d'attribution du patronyme. La transcription de l'état civil s'est faite en «13 ans à peine, d'après les textes de Louis Millot, et par un personnel non spécialisé». Au bout de cette décennie (1882 à 1895), 13 000 à 15 000 noms ont été octroyés à des Algériens. Au fil des années, en comptant les différentes transcriptions, ces données ont triplé. Par exemple, Belhocine s'écrivait chez certains administrateurs Belhoucine ou Belhoussine.
De son côté, Ouerdia Yermèche, docteur en sciences du langage, souligne dans ses recherches que «la transcription des patronymes en arabe se fait toujours sur la base de la graphie française, laissant libre cours à la fantaisie des employés de l'état civil», puisque l'administration algérienne travaille toujours sur la base de l'état civil de 1882. Ce qui laisse également la porte ouverte aux erreurs et aux manipulations.
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Posté Le : 08/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mehdi Bsikri
Source : www.elwatan.com