Le parcours de l'équipe nationale dans les éliminatoires de la coupe du
Monde a généré une belle illusion chez certains : la réconciliation définitive
des jeunes Algériens avec leur emblème national. Malheureusement, l'absence du
moindre intérêt pour une date hautement significative de l'histoire
contemporaine de notre pays, en l'occurrence le 1er Novembre, repose autrement
la relation entre jeunes et symboles de la souveraineté nationale.
A une bande d'adolescents engagés
dans un commentaire passionné des résultats de la dernière journée de la Ligua,
nous avons posé la question sur le 1er Novembre. L'un d'eux, un peu intrigué, a
osé nous demander de lui élucider le sens de notre question. Il s'est retenu de
nous rire au nez quand il a saisi son sens. Pour lui, ainsi que pour ses
camarades, à peine si notre propos évoque une leçon d'histoire qu'il avait
apprise sous le joug de la contrainte dans une salle de classe. Presque avec
fierté, il annonça qu'il n'a pas regardé le programme spécial concocté par les
chaînes de télévisions nationales pour célébrer l'événement. Un adulte, se
joignant à la discussion devenue plus animée, reprochera à la TV algérienne
d'avoir programmé la chanteuse Warda, pourtant affublé du titre de la diva de
la chanson arabe. Par contre, il affirme avoir apprécié le programme présenté
par la chaîne III de la radio nationale où le fils de Ben Boulaid a été invité
à se prononcer sur la signification du 1er Novembre pour lui et sa génération.
La veille du 1er Novembre, les
jeunes n'ont pas senti la nécessité de sortir l'emblème national pour le brandir
en signe de commémoration d'une date lourdement significative. Certains qui ont
daigné nous entretenir sur le sujet reconnaissent disposer d'un drapeau chez
eux, acquis après les visites de Chirac et Juan Calos à Oran ou acheté après
les succès de l'équipe nationale devant ses adversaires ces dernières semaines.
Ils attendent le jour de la confrontation avec l'Egypte pour le sortir des
placards et lui redonner vie. Du coup, nous réalisons que le prochain 14
Novembre constitue une date marquante pour la plupart de ceux que nous avons
interrogés, adultes comme adolescents. Pour cause, ils ont préparé tout un
attirail proposé depuis quelques semaines par des commerces qui se sont
spécialisés du jour au lendemain dans les articles se rapportant à l'équipe
nationale : posters, drapeaux, brassards, serre têtes et maillots des joueurs
du onze national. La nuit du 14 Novembre promet d'être longue et agitée, quel
que soit le résultat de la rencontre du Caire.
En attendant, ce sont uniquement
quelques artères et les édifices officiels qui ont été rehaussés par
l'accrochage des couleurs nationales. Toute la partie Oran-est, abritant des
dizaines et des dizaines de milliers de citoyens, n'a pas bénéficié de ce soin.
Certes, le manque criard des équipements collectifs et des édifices officiels
dans ce prolongement de la ville explique en partie le déficit de visibilité du
drapeau national à l'occasion du 1er Novembre notamment. En dehors des
ronds-points, l'espace de déploiement de l'emblème national s'est circonscrit
aux alentours immédiats de certaines institutions. L'exemple du centre-ville de
la commune de Bir El-Djir est édifiant dans ce sens. Parce que le siège de
l'APC, de la daïra et du siège de la Sûreté de daïra se retrouvent presque dans
le même périmètre, on s'est contenté d'accrocher les drapeaux à leurs
alentours. On n'a pas jugé utile d'agrémenter de la même manière certaines
avenues, pourtant très fréquentées. Certains élus évoquent la razzia, devenue
tradition, que subissent les couleurs nationales, une fois mises à la portée
des jeunes.
Du côté des populations, rares
sont ceux qui ont tenu à marquer le 1er Novembre en hissant l'emblème national
sur sa demeure. Le cas de ce militant de gauche qui déploie, à chaque premier
Novembre, fièrement le somptueux drapeau, ramené d'une représentation
diplomatique algérienne d'Espagne, n'a pas encore fait école. Pour lui, « il
s'agit de s'approprier cette date à laquelle des membres de sa famille avaient
grandement participé ». Tout le monde n'a pas le même rapport avec l'histoire
du pays...
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Posté Le : 02/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com