Algérie

Enterrement hier du frère du Président: Des figures autour d'un cercueil



Décédé le vendredi en début d'après-midi, Mustapha Bouteflika a été enterré hier au cimetière Zedak de Ben Aknoun où repose sa mère depuis à peine un an.

Mustapha s'est éteint vendredi à l'heure de la prière du Dhor après avoir été malade pendant pratiquement une année. Le 27 juillet prochain, il aura fait 57 ans. Mustapha est mort un 2 juillet et sa maman le 5 juillet de l'année dernière. Terrassé par la maladie et évacué dans l'urgence vers Genève pour y être hospitalisé, Mustapha n'avait même pas pu assister à l'enterrement de sa mère.

 En mars dernier, la rumeur de son décès s'était propagée dans le microcosme algérois au point d'obliger son frère, le président de la République, à user de subterfuge pour la démentir. Au moment où il recevait la star du football, Zine Eddine Zidane, Abdelaziz Bouteflika avait convoqué la caméra de la télévision nationale sur le petit écran duquel on le voyait en compagnie du footballeur et avec, à ses côtés, ses deux frères, Mustapha et Saïd.

 Si l'apparition de Saïd à la télévision nationale, à un moment que le président de la République a tenu à présenter comme étant «une rencontre familiale avec Zidane», pouvait donner libre cours à toutes les supputations politiques possibles et imaginables, celle de Mustapha, affaibli par la maladie mais gardant le sourire, avait affligé beaucoup de monde.

Dès l'annonce vendredi de sa mort, beaucoup se sont rendus au domicile mortuaire, Avenue Bachir Ibrahimi, pour présenter leurs condoléances. Il est certain que beaucoup y sont allés parce que Mustapha est le frère du chef de l'Etat. Mais beaucoup aussi y ont été parce que Mustapha était d'une simplicité, d'une gentillesse et d'une discrétion absolues.

Hier matin, le calme de la localité de Ben Aknoun a été complètement troublé par la présence tôt d'un cordon sécuritaire impressionnant. Agents de sécurité, tous services confondus, ont quadrillé le quartier après l'avoir entouré de barricades. Les hauts responsables de l'Etat commençaient à affluer pour se mettre tout au long du mur faisant face au cimetière en attendant l'arrivée de la dépouille mortelle. Vers 12 h, c'est Abdesselem Bouchouareb, le directeur de cabinet du secrétaire général du RND, qui est entré le premier à l'intérieur du cimetière accompagné de deux personnes dont l'une est Madjid Bouabdellah (frère de Wahid, PDG d'Air Algérie), un ancien du MALG mais très proche de la famille Bouteflika depuis de très longues années.

 Contrairement à tous les autres responsables - ministres compris - qui ont été dirigés plutôt vers le stade pour assister à la prière du mort, rares sont les personnalités qui ont été autorisées à rentrer à l'intérieur du cimetière. Bouchouareb l'a fait parce qu'il est très proche des frères du président depuis qu'il a été leur bras droit dans la campagne électorale présidentielle. Entre autres personnalités qui attendaient à l'intérieur du cimetière, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, et autres ministres comme Messehal ou même Halim Benattallah.

 On aura vu entrer, bien sûr, le vice-ministre Zerhouni et le ministre de l'Intérieur Ould Kablia, l'ex-président de la République Ahmed Benbella, suivi plus tard par les chefs de régions militaires et un grand nombre d'officiers supérieurs de l'armée, pratiquement tous les généraux. Gaïd Salah, le chef d'Etat-major était déjà à l'intérieur du cimetière. Avant lui, vers 12h 30, est arrivé à Ben Aknoun, pour de suite entrer dans le cimetière, Mohamed Lamari, l'ex-chef d'Etat-major.

 Le général Touati était aussi parmi les premiers à être sur les lieux. Les responsables d'institutions, les hauts fonctionnaires de l'Etat, les membres des partis de l'Alliance présidentielle, les walis d'un grand nombre de wilayas étaient tous présents mais attendaient dehors. Mohamed Mediène, plus connu par Tewfik, était lui directement dans le cimetière.

 Juste après, les responsables de la sécurité présidentielle ont saisi les appareils photos des photographes des médias mettant ainsi fin au rêve de ceux qui, peut-être, par témérité, voulaient immortaliser l'arrivée d'un personnage qui a toujours échappé aux regards et aux zooms. Peine perdue aussi pour ceux qui avaient réussi à cliquer sur leur appareil, mais ont vu leur «prise» détruite par ordinateur. «C'est une affaire familiale et non un événement officiel», leur a dit un membre de la DSPP. Les appareils photos ont été en effet passés ouverts et vérifiés pour ne laisser aucune trace qui aurait retenu le moindre trait physique du patron du DRS. Le général Ahmed, celui qui a remplacé Smaïl Lamari, est, lui, venu saluer un grand nombre de responsables qui étaient alignés tout au long des barricades.

Après la prière du mort qui a coïncidé avec celle du Dhor, qui a eu lieu au stade de Ben Aknoun, la dépouille mortelle a été remontée vers le cimetière sous «La Illah A Illaha, Mohamed Rassoul Allah», dans la pure tradition de l'Ouest du pays, notamment Tlemcen et Nedroma.

A quelques minutes de l'arrivée du président de la République, c'est la délégation marocaine qui est entrée au cimetière. Le roi Mohamed VI a tenu à envoyer aux funérailles de Mustapha, son proche conseiller, son ministre des Affaires étrangères, Fehri El Fassi, et Fouad Ali Hana, SG du parti majoritaire du Maroc, le parti de l'authenticité et de la modernité. La Tunisie était représentée par le président de son Parlement, Fouad El Mbazâa.

C'est vers 13h 20 que le chef de l'Etat entre dans le cimetière. Il en ressortira vers 14 h passée. Il a été raccompagné jusqu'à sa voiture par Tewfik qui le tenait par la main. Ce dernier l'a aidé à prendre place dans la voiture. Il ne l'a quitté que jusqu'à ce qu'il s'essaye aux côtés de son frère Saïd. Tewfik rebrousse chemin pour regagner le véhicule qui l'attendait à quelques mètres plus loin. La foule commence à se disperser.

La sécurité présidentielle remet les appareils photos aux photographes. A ce moment-là, c'est l'ex-président de la République Ahmed Benbella qui allait monter dans le véhicule qui l'attendait. Du coup, c'est lui qui sera assiégé par les photographes.

Il n'échappera pas aux nombreux cliquetis qui, cette fois-ci, ont réussi à immortaliser un homme qui a grandement marqué l'histoire du pays mais qui aujourd'hui a l'air bien fatigué.




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