Ensemble !

Tant que le danger ne sera pas écarté, il sera souvent, sinon toujours, question de coronavirus dans cet espace. C'est un choix. Il n'a pas été vraiment difficile à faire mais c'est tout de même un choix. Contrairement aux premiers jours où beaucoup d'Algériens ne semblaient pas réaliser l'ampleur du danger qui guette le pays, il y a une nette amélioration. Elle est perceptible dans la lucidité retrouvée de tous ceux qui doutaient du sérieux de la chose et l'ont publiquement exprimé, avec tout ce que cela implique comme conséquences. Elle est perceptible dans les gestes simples, le regard attentif et la démarche mesurée. Il y a encore quelques jours, vous voir avec un masque faisait écarquiller des yeux, ou pire, suscitait le sarcasme. Elle est perceptible dans le fait qu'il y ait de moins en moins de gens dans la rue et dans le trafic routier de plus en plus fluide. Non, les vacances scolaires forcées n'expliquent pas tout. A vrai dire, elles n'ont jamais vraiment expliqué quelque chose. Nous voilà déjà dans un autre sujet et au point où nous en sommes, c'est une digression inutile. Depuis hier, on peut voir des amis ou des parents se saluer sans se serrer la main, sans s'embrasser. C'est finalement possible. Hier, on a entendu des Algériens s'émerveiller pour les élections municipales? en France. Ils n'étaient déjà plus dans « l'incohérence » qui a fait qu'on ferme les cafés pour maintenir une élection. Ils n'étaient plus dans « le rendez-vous démocratique qu'on ne reporte pas ». Ils ont plutôt regardé avec admiration comment ça se passait. Des files d'attente où un mètre d'espace vital entre un électeur et un électeur est finalement possible. Des bureaux qu'on n'approche pas, des isoloirs qu'on n'ouvre pas et des agents électoraux qui ne touchent pas les cartes de vote, ce n'est pas la mer à boire. Ils ont vu un ministre de l'Economie refusant de répondre à une question médicale parce que ce n'est pas de son ressort. Ils ont comparé avec leur ministre des Transports reprenant une thèse de grand-mère selon laquelle le coronavirus va disparaître avec la montée de la chaleur ! Ils ont vu tout ce qui se fait ailleurs et ils ont encore comparé : leurs gouvernants n'ont pas fait tout ce qu'il y avait à faire et ce qu'ils font manque souvent de cohérence. Il leur est arrivé d'oublier « le reste », concernant leurs gouvernants. Ceux qui voulaient continuer les marches se sont rendu compte que ceux qui appelaient à la trêve médicale ne sont pas des vendus. Et ceux qui appellent à la « pause » trouvent d'autres mots pour convaincre. Ils savent maintenant que les « autres » ne sont pas forcément des inconscients, des irresponsables, des criminels qui veulent envoyer le pays à la mort. Le coronavirus n'attend pas, il fait déjà des dégâts là où il est combattu avec toutes les armes disponibles. Avons-nous les mêmes armes ' Certainement pas, mais on peut commencer par utiliser celles que nous avons. Ce n'est pas un virus qui va nous terrasser, nous en avons vu d'autres. Toutes les batailles que nous avons gagnées, nous les avons d'abord? livrées. Ensemble.S. L.