«La science
restera toujours la satisfaction du plus haut désir de notre nature, la
curiosité; elle fournira à l'homme le seul moyen qu'il ait pour améliorer son
sort». Ernest Renan.
Microprocesseur,
laser, scanner, géothermie, biotechnologie, robotique, l'astrophysique, les énergies
renouvelables… des mots comme ceux-ci sont devenus en peu d'années familiers à
tout le monde(ou presque).
Cela révèle un
phénomène majeur du monde contemporain: aujourd'hui, plus que jamais, la
science et la technique bouleversent la vie des gens, les relations entre pays,
la stratégie des entreprises…
L'enseignement
des sciences dans nos écoles, comme tout enseignement, suppose à ses débuts
l'acquisition d'un certain nombre de connaissances de base, qui dépend de
l'usage correct d'un vocabulaire, qui étaient étrangères à l'enfant. Mais cet
effort d'apprentissage est insuffisant.
On ne doit pas
seulement faire apprendre, il faut faire comprendre, et cela n'est possible
qu'en donnant à l'instruction, des sciences un caractère concret pour élever
l'enfant à l'abstrait.
D'après les
Instructions officielles, les leçons des sciences doivent être des exercices
d'observation sur les choses…Elles doivent placer les enfants devant les faits
afin qu'ils s'habituent à les observer attentivement et à les décrire de façon
précise, c'est-à-dire à faire dans la mesure de leurs moyens, la première
opération de la science du monde extérieur, la seule qui leur soit accessible :
«l'observation».
La valeur
éducative des leçons de sciences ainsi comprises est immense. Elles provoquent
en effet trois opérations qui mettent en Å“uvre toutes les ressources de la
personnalité: voir, décrire, raisonner.
Voir suppose
attention et vo-lonté, c'est-à-dire maîtrise de soi.
Décrire exige la possession des symboles verbaux, c'est-à-dire la maîtrise du
langage.
Raisonner demande
jugement, formation d'images composites, d'idées générales, c'est-à-dire
maîtrise de la pensée.
Accomplir ces
trois opérations, c'est passer de la pensée subjective
à la pensée objective, de l'égocentrisme à l'attitude scientifique. Il y faut
toute la scolarité car l'enfant est instable et n'est le maître ni de sa
personne, ni de son langage, ni de sa pensée.
OBSERVATION ET
EXPERIMENTATION
- «Des millions
de gens ont vu tomber une pomme, Newton est le seul qui se soit demandé
pourquoi.» Bernard Baruch.
On définit
parfois également l'observation en l'opposant à l'expérimentation: l'expérimentation
serait la manipulation des faits, tandis que l'observation en serait tout
simplement la lecture ou, si l'on veut, l'enregistrement quasi passif de leur
déroulement. On pourrait dire également qu'observer une chose, c'est l'examiner
attentivement pour découvrir comment elle est faite, qu'observer un phénomène
c'est en suivre l'évolution avec l'arrière-pensée de découvrir à quoi elle
aboutit. Au fond, l'observation c'est l'attitude dictée par la curiosité:
observer, c'est épier la nature pour en surprendre les secrets. L'esprit humain
surprend les secrets de la nature en construisant des concepts avec les
jugements que lui suggère l'observation des faits, en s'élevant d'une façon
inductive du particulier au général, des réalités concrètes à la loi qui les
embrasse. Il s'agit de fonder l'éducation et le savoir des enfants sur leur
activité et sur leur expérience, donc de prendre appui surtout ce que nos
élèves peuvent constater, découvrir, étudier, observer, utiliser, transformer.
Les moyens
audiovisuels: rétroprojecteur, vidéo, projecteur de diapositives, data schow, Internet… qui constituent pour le jeune
d'aujourd'hui un mode naturel d'expression doivent être mis largement à la
disposition des maîtres. Cela suppose que l'école change, elle aussi, le rapport
de son enseignement à la science qu'elle ne véhicule plus seulement une science
qui se dit par un moyen unilatéral et contemplatif, celui de la parole et du
«bourrage» de crâne.
Le professeur doit parler peu. Sa devise est :
peu de mots, beaucoup de faits. Il montre, fait observer sur le vif, analyser,
manipuler, expérimenter, confectionner, collectionner. Et il doit n'enseigner
rien à l'intérieur de ce qui peut s'apprendre à l'extérieur et n'enseigner rien
avec la nature morte lorsqu'il peut faire ses observations sur la nature
vivante. Alors que les enfants sont spontanément attirés par les manipulations,
alors que leur curiosité pour les sciences est à son apogée entre dix et
quatorze ans, pourquoi l'école prend-elle si peu en compte leur soif de découverte?
Pourquoi leur offre t-elle si peu d'occasions de l'étancher?»
- L'un des motifs
les plus puissants qui ont conduit l'homme vers la science était celui
d'échapper au quotidien.»Albert Einstein.
«5,4,3,2,1,0…, un hurlement de joie accueille l'envol de la
fusée. C'est plus émouvant qu'à Cap Canaveral! Vingt-cinq petites poitrines ont
crié «çà y est!»Subjugué par le succès de l'opération, un élève de onze ans a
murmuré en serrant très fort la main de l'animateur: «C'est le plus beau jour
de ma vie.»
Cette
démonstration s'est passée en Savoie(France) où les
clubs et associations scientifiques sont nombreux. Dans ces clubs, les jeunes
font de la physique, du dessin, des maths, de la propulsion, de la résistance
des matériaux, du guidage. Ils permettent ainsi une maturation d'une culture où
la technologie occupe une place immense.
L'IDEE DE
REDECOUVERTE
- «C'est par
l'expérience que la science fait son progrès chez les hommes.» Aristote.
Pour mener à bien
l'expérimentation, il convient que tous nos établissements scolaires soient
pourvus de matériel pédagogique adéquat. Certains et principalement les
nouvellement construits attendent d'être pourvus. Des CEM et lycées ont des
laboratoires non encore équipés. A l'intérêt spontané des enfants, l'enseignement
répond assez mal et détourne plutôt de l'univers scientifique nombre de ses
élèves. La fonction naturelle des écoliers est moins d'écouter et de réfléchir
que d'agir pour pouvoir réfléchir; ils ont besoin pour s'épanouir de vivre dans
un monde concret.» L'empirisme est l'essence même des leçons de
sciences.» Si nous n'acceptons pas de consacrer à la satisfaction de ces
besoins collectifs une part plus que projectionniste de nos ressources, nous ne
réussirons pas à atteindre nos objectifs d'amélioration. En faisant évoluer le
contenu de l'enseignement, nous devons parallèlement en faire évoluer la forme
et pour cela ne pas hésiter à faire appel aux techniques modernes de
communication. Dans les pays développés, les gouvernements placent leurs
espoirs de reprise économique dans les technologies de pointe.
Les sciences les plus pointues évoluent à un
rythme tel qu'il faudrait se recycler continuellement pour rester à l'écoute de
dernières découvertes.
LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE
- «L'ignorance,
c'est comme la science, ça n'a pas de bornes.» Proverbe québécois.
La presse
spécialisée, les magasines scientifiques sont très peu diffusés chez nous. Et
une revue scientifique, quant elle existe, est trop chère pour les petites
bourses. Ajouter à cela la régression des émissions
scientifiques à la télévision nationale. Elle nécessite réflexion. Les médias
audiovisuels brouillent plus souvent qu'ils ne clarifient les perceptions du
public jeune et moins jeune.
On souhaiterait
que nos chercheurs scientifiques et professeurs universitaires effectuent des
rencontres avec nos jeunes apprenants»ces semeurs des moissons scientifiques
futures.» Ils leur feront partager leurs travaux, leur expérience, les
sensibiliser, leur donner le goût des sciences, de l'expérimentation et
étancher leur soif de savoir.
Dans les pays
développés, tel chercheur parraine telle classe dans son itinéraire de
découverte en lui faisant des exposés, en lui faisant visiter son laboratoire
et en l'assistant dans l'élaboration d'un projet scientifique.
L'avantage
essentiel d'une telle pédagogie sera d'ouvrir au futur citoyen les portes d'une
vulgarisation scientifique de bon niveau. Le problème de cette vulgarisation
est en effet fondamental, dans la mesure où celle-ci permet le partage de
savoir.
Vulgariser, c'est
s'efforcer de créer un patrimoine commun qui permette la communication à
l'intérieur d'une société afin que les décisions puissent être prises par le
plus grand nombre et pour son plus grand bien.
-Vulgariser est
donc une nécessité sociopolitique qui va à l'encontre du clivage que la science
installe entre ceux qui savent et qui, de ce fait, décident et les autres qui
ne savent pas ou croient savoir et qui subissent.
Vulgariser est
difficile, car le meilleur vulgarisateur serait sans doute le chercheur.
Ce que le savant
ne veut faire, le vulgarisateur, véritable médiateur, va le tenter, mais il ne
peut agir que sur un public qui soit en mesure de recevoir un message. Il
doit le faire sur un public préparé dès l'école. La vulgarisation fournit à
l'école des informations et celle-ci devrait lui fournir des individus aptes à
les recevoir. Il convient que le petit algérien fasse la science, qu'il crée
individuellement ses modèles scientifiques, de ne plus recevoir le discours de
la science comme un magistère. La pratique conduit nécessairement à la
théorie, l'activité technique fait appel à la science de la nature pour pouvoir
progresser et atteindre ses fins propres. Et inversement, la science théorique
ne saurait être enseignée sans conduire aux applications techniques qu'elle
fonde, il faut aller de la pratique à la théorie ou de la théorie à la
pratique.» Euréka!Euréka!(j'ai trouvé! j'ai trouvé!) Archimède.
En France
certains établissements choisis par le rectorat du département, reçoivent la
télédétection ou lecture des images prises par satellite. Elle intéresse
l'hydrologie, l'urbanisme, l'aménagement du territoire, la cartographie, la
météorologie. C'est un travail d'équipe qui requiert la
participation d'au moins un géographe, un naturaliste, un physicien, un
mathématicien. Pour le docteur Decroly, toute étude doit comporter trois
moments:
L'observation(découverte des
connaissances au contact du réel) L'association(comparaison des résultats de
l'observation présente et des observations passées, enrichissement par
addition, rectification). L'expression (rédaction des constatations, des
remarques, des conclusions).
Peut-être à
l'école primaire n'accordons-nous pas une part suffisante à chacun de ces trois
temps. Si,comme le disent les Instructions,» apprendre
à observer doit être l'un des principaux soucis de nos éducateurs», ce souci
doit être inséparable de deux autres: apprendre à associer, apprendre à
exprimer. C'est à cette condition seulement que l'observation protégera nos
élèves contre le verbalisme et les acheminera vers le stade de l'esprit
scientifique.
Si l'un des rôles
de l'école algérienne est de fournir des clés et des repères pour déchiffrer le
monde, il faut reconnaître qu'elle faillit souvent à sa mission.
La formation des
enseignants en est, sans doute, en partie responsable. Ils ne peuvent guère
parler de ce qu'ils n'ont jamais étudié.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelhamid Benzerari
Source : www.lequotidien-oran.com