Algérie - Revue de Presse

Enseignement supérieur Des universités privées sous conditions



L'Université algérienne sur l'orbite des compétences hautement qualifiées et de la performance ? C'est en tout cas ce que ambitionne de faire le gouvernement algérien à travers le projet de loi amendant et complétant la loi relative à l'orientation de l'enseignement supérieur. En effet, dans son exposé ce lundi du projet de cette loi devant les membres du Conseil de la nation, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Rachid Harraoubia s'est astreint à l'exercice d'exploration des voies et moyens qui vont permettre au système universitaire algérien de faire un saut qualitatif. Et en ce sens rien ne semble avoir été laissé au hasard. Mais c'est surtout la politique de la carotte et du bâton qui prend ainsi le pas sur le système de «fonctionnariat» de l'enseignant des établissements universitaires qui a prévalu jusqu'ici. Et pour cause, si le gouvernement a décidé à travers le projet de décret exécutif relatif au statut des professeurs de l'enseignement supérieur des augmentations de salaires qui vont dépasser 150.000 dinars à la base. Ces mêmes professeurs s'exposent en revanche à des sanctions qui n'incitent pas à certaines pratiques comme celle par exemple du plagiat des travaux scientifiques. Des pratiques de ce genre peuvent mener leurs auteurs à la radiation définitive des effectifs universitaires et même à des peines de prison. Toujours sur cette lancée, les salaires attractifs vont minimiser le départ des enseignants du supérieur vers les établissements privés, selon le ministre qui souligne la nécessité d'assurer un climat favorable à l'enseignant à travers sa prise en charge sur les plans matériel et moral tout en laissant la voie ouverte à la concurrence. En contrepartie de ces avantages, désormais le professeur sera soumis à une évaluation puisqu'il doit présenter un rapport annuel à l'administration de l'université dans lequel il donnera dans le détail le travail accompli durant l'année universitaire. A partir de ce rapport, une évaluation pédagogique sera faite par les instances habilitées de l'université. Le but de cette évaluation n'est autre, selon le projet, que l'amélioration du rendement au sein des universités dans le cadre de la nouvelle orientation de l'enseignement supérieur décidée par le gouvernement. Selon M. Harraoubia, ceci intervient dans le sens d'une «dynamisation de la fonction d'évaluation, car étant un outil d'amélioration de la qualité qui permet aux établissements universitaires de s'adapter aux normes internationales en vigueur et atteindre les objectifs pédagogiques et scientifiques». Pour donner plus de chances de réussite au développement de l'Université algérienne, le texte ouvre la voie aux «initiatives privées» à travers la création d'établissements universitaires privés dans toutes les spécialités à l'exception des sciences médicales. Ce qui contribuera, selon l'orateur, dans un cadre organisé «à l'effort national de développement des ressources humaines hautement qualifiées». Et celui-ci de souligner que le texte consacre un chapitre «garantissant un encadrement juridique efficace pour la création d'établissements privés et définissant les modalités de leur gestion». A cet effet, il est prévu l'obligation d'obtenir une autorisation du ministre du secteur conformément à un cahier de charges. A une question sur les établissements privés actuels, le premier responsable de l'enseignement supérieur a affirmé que son département «n'a accordé aucune autorisation dans ce sens» indiquant que la nationalité algérienne est obligatoire pour les recteurs d'universités». Rachid Harraoubia a qualifié, devant le Conseil de la nation ce lundi, le projet en question de «base juridique à même de conduire le système universitaire vers le développement conformément aux exigences de la qualité». Le ministre devait préciser que le gouvernement compte d'abord «répondre à la demande sociale en matière d'enseignement supérieur ainsi qu'aux besoins de l'économie et de la société en matière de compétences et de savoir-faire, toutes spécialités confondues, et ce suivant les besoins de développement». Ensuite «asseoir une pédagogie de réussite en faisant découvrir à l'étudiant ses compétences et en lui permettant d'entamer son propre projet futur, quels que soient son milieu social et sa situation matérielle». Autrement dit articuler cette pédagogie sur le système LMD qui est, rappelons-le, une nouvelle structuration de l'enseignement supérieur comptant trois cycles d'enseignement: licence, master et doctorat. Le passage vers ce nouveau système se fera selon le ministre en douceur. En effet, le projet de loi, dira Harraoubia, a imposé des critères pour «permettre aux étudiants en cycle de formation de passer de l'ancien système au nouveau». Toutefois, le choix entre l'ancien système et le système LMD a été maintenu, selon le ministre, précisant dans cette veine que c'est par «respect à la volonté des étudiants et par souci de les convaincre de l'efficacité du nouveau système».


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