Algérie

Enseignement supérieur, Au cœur du LMD (Licence Master Doctorat)



Il ne faut pas perdre de vue que tout système se singularise par l’approche sur laquelle il s’appuie, et le système qui nous préoccupe aujourd’hui, le LMD, s’appuie sur une approche construite sur la diversité de ses offres de formation qualifiées de lisibles et d’attractives, et aussi sur l’orientation progressive de l’étudiant vers la spécialité qu’il souhaite acquérir en fonction de ses possibilités.
L’actuel système de formation supérieure, qualifié désormais de classique, a été mis en place en 1971 dans des conditions que nous connaissons très spécifiques à l’Algérie socialiste. En trois décennies, il a permis au pays de disposer d’un réseau de 60 établissements universitaires où exercent plus de 27 000 enseignants tout en accueillant au jour d’aujourd’hui plus de 800 000 étudiants ; outre qu’il a permis la formation de plusieurs centaines de milliers de cadres qui ont participé ou participent actuellement à l’effort de développement du pays, et même pour certains parmi eux de se hisser à un niveau international acceptable. Mais la vie est ainsi faite, il est difficile dans la configuration actuelle des relations qui régissent le monde dans tous les domaines, caractérisées notamment par la mondialisation des connaissances et du savoir, de continuer à se prévaloir d’un système amoché par la force de ces transformations. L’Algérie a entamé progressivement une série de réformes depuis une quinzaine d’années. En avril 2002, le Conseil des ministres a arrêté les principes de la réforme des enseignements du supérieur dont la première étape est la mise en place d’une nouvelle architecture des enseignements, accompagnée d’une actualisation des programmes et d’une réorganisation de la gestion pédagogique. Dans ce cadre, les établissements universitaires ont été saisis courant 2003 pour initier la réflexion et proposer de nouvelles offres de formation s’inspirant de l’architecture LMD. Le mois de septembre 2004 a vu le démarrage effectif de ce système confié à dix établissements universitaires. Aujourd’hui, plus de quarante établissements ont adhéré à cette architecture nouvelle. Cette adhésion a prouvé que l’université algérienne peut s’adapter aux changements aussi rapides soient-ils. Le LMD, une architecture appelée à répondre aux défis du secteur de l’enseignement supérieur L’université en tant que service public a pour tâche essentielle de répondre aux attentes de la société en matière de formation supérieure qualifiante et de qualité et aussi de satisfaire les besoins du marché de l’emploi en cadres opérationnels et compétitifs, aptes à s’adapter à ses mutations et à ses conversions rapides. Si, jusque là, l’université a rempli tant bien que mal ce rôle, elle n’en demeure pas moins appelée à le tenir davantage, et à faire face à des défis consignés d’ailleurs dans le cahier des charges de la tutelle, dont on peut énumérer les principaux d’entre eux :
 L’accès démocratique à l’université sans concession sur le niveau de compétence ni sur celui de la valeur des diplômes délivrés.
 Augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur et répondre aux besoins de l’éducation en matière de la formation toute la vie.
 Le développement de la professionnalisation des offres de formation tout en développant un dispositif de suivi des étudiants pour favoriser leur insertion professionnelle.
 Participer à l’élévation du niveau de qualification et à la validation des acquis d’expérience. Comment donc trouver dans cette nouvelle architecture les réponses à ces défis tout en sachant qu’ils se produiront avec plus d’acuité dans un environnement socio-économique complexe, caractérisé par un nombre croissant de nouveaux bacheliers et d’une exigence de plus en plus prononcée du secteur utilisateur. Il y va de la manière de l’appliquer et des moyens déployés à sa mise en œuvre, d’autant plus que l’université algérienne est ouverte à tous les bacheliers sans sélection à l’entrée, et que cette même université est astreinte à conduire la grande majorité d’entre eux à une formation, à un diplôme. Le LMD, comme levier d’amélioration de l’enseignement supérieur L’université en tant que lieu où se formalise le savoir se doit être en recherche permanente des voies les meilleures pour améliorer et maintenir la qualité de son produit. Qu’en est-il de l’apport du LMD dans ce dispositif ? La réponse à cette question se trouve gravée dans les principes fondateurs de cette architecture qui prône un enseignement attractif en suggérant des passerelles entre les parcours de formation, la mobilité et l’évaluation continue des enseignements mais aussi la mutualisation des connaissances pour ne s’intéresser qu’à ces points.Le LMD permet à l’étudiant de ne pas se cloisonner dans ses études, de rectifier son choix initial en empruntant au courant de sa scolarité une passerelle vers un autre parcours. C’est un point fort important, innovant dans le sens d’un enseignement souhaité par l’étudiant et non d’un enseignement imposé par l’université contre le gré de l’étudiant. A ce propos, il convient de remarquer qu’il n’est pas facile de garantir les passerelles entre tous les parcours quelle que soit l’étape de scolarité où pourrait se trouver l’étudiant. Les passerelles ne sont raisonnablement envisageables que dans les parcours d’un même domaine.Le LMD suggère le déroulement d’un processus continu d’amélioration de la formation. Pour ce faire, il faut multiplier les sondages, les enquêtes socioprofessionnelles auprès des étudiants, des enseignants et du secteur utilisateur. Les résultats collectés du déroulement de ce processus permettront d’orienter les décisions à prendre. Parce qu’elle touche au cœur même de l’activité étudiante, cette évaluation ne constitue pas moins un outil privilégié de dialogue entre les étudiants et les enseignants d’une part et l’université et le secteur utilisateur, d’autre part.Outre qu’elle permet le rapprochement entre les établissements, la mutualisation des connaissances permet de consolider les efforts et de faire face aux besoins en encadrement. Il n’est pas incongru que des établissements universitaires en fonction de leurs possibilités conjuguent leurs efforts en vue de lancer des offres de formation communes. Le LMD, une architecture qui place l’étudiant dans une logique de succès La curiosité, la participation et l’initiative sont des éléments indispensables à l’accomplissement d’études de qualité, car elles placent l’étudiant dans une logique permanente de succès. L’architecture LMD favorise l’émergence de ces éléments car :
 Le LMD est construit autour d’un nombre réduit d’unités d’enseignement réparties dans le semestre. L’agencement de ces unités d’enseignement est faite de telle sorte que l’étudiant puisse à la fois se consacrer à l’approfondissement des matières scientifiques de base et d’acquérir des connaissances transversales par la lecture et la documentation.
 Les modalités d’évaluation et de progression ne sont pas conçues de façon contraignante mais elles sont destinées à sonder de façon permanente au mieux le niveau de compréhension et de participation de l’étudiant. Les premières statistiques montrent que c’est ce travail continu qui est à la base du taux de succès conséquent obtenu par les étudiants.
 Un autre point qui mérite aussi d’être souligné est lié au coefficient de pondération. Celui-ci, compris entre un et trois au prorata du nombre de crédits de l’unité d’enseignement dans le semestre, est fixé de façon à permettre à l’étudiant de travailler l’ensemble des matières du cursus. C’est ce qui est recherché par un enseignement moderne. L’émergence de ces éléments outre qu’elle demande une présence réelle de l’étudiant, est sujette à participation effective de l’enseignant par le biais du tutorat. Le tutorat est l’une des innovations apportées par le LMD. Il permet à l’étudiant d’avoir un interlocuteur permanent qui l’aide, l’oriente et l’accompagne dans ses études. Ce n’est pas une tâche subsidiaire. La reconnaissance et la mise en œuvre effective de cette tâche pérennisent le système.

Une véritable dynamique à créer

Il est attendu du système LMD de créer une véritable dynamique à trois : l’étudiant, l’enseignant et le secteur utilisateur. Cette dynamique est indispensable à la concrétisation des principes fondateurs du LMD. L’élément central de cette dynamique est l’étudiant. Il est appelé à élargir la sphère de ses connaissances grâce aux matières de découverte dont le but est de lui redonner le goût de la lecture et de la documentation en vue de l’acquisition des mécanismes indispensables à la réflexion et à l’envie d’entreprendre. Ce qui est attendu aussi de l’étudiant est qu’il perçoive son parcours de formation en fonction des besoins du marché de l’emploi et de ses possibilités. A cet égard, l’enseignant et le secteur utilisateur, tous deux, sont appelés à une réelle contribution.L’enseignant qui est le moteur de cette dynamique n’en disconvient pas. Malgré sa charge pédagogique qui ne lui permet pas dans la plupart des cas de se rendre encore plus utile, il n’en démord pas de recevoir, d’expliquer et d’encourager l’étudiant. Cette dose de travail supplémentaire instillée par le fonctionnement du LMD requiert une certaine mobilisation de l’enseignant qui met en lumière avec une acuité particulière la nécessité de reconnaître toutes ses activités pédagogiques annexes d’autant plus, qu’outre sa charge pédagogique, l’enseignant intervient dans la définition des programmes, l’évaluation des connaissances, le suivi de l’étudiant, l’admission et l’orientation. Enfin, le secteur utilisateur est appelé à davantage d’effort de recrutement, d’encadrement de stagiaires et de participation dans la définition des programmes de formation surtout ceux à vocation professionnelle.
 Actuellement, il n’est pas au diapason de ces réformes et ne mesure pas encore l’importance de son adhésion dans ce nouveau processus. Cela pourrait se comprendre car ce secteur est par fondement craintif. Il attend pour mieux voir. Il appartient à l’université d’être plus entreprenante. La formation professionnalisante dans le dispositif LMD-Expérience de Boumerdès La licence professionnelle permet à son détenteur d’exercer de façon convenable à l’issue de l’obtention de son diplôme. Son but est de doter le secteur utilisateur d’universitaires immédiatement opérationnels. Il faut que ce type de formation soit valorisé tout autant que la licence académique. Un exemple édifiant d’une telle formation est la mise en place à l’université M’Hamed Bougara de Boumerdès d’un parcours qualifiant aux technologies des applications du Web avec l’appui d’universités européennes, et entièrement pris en charge dans le cadre d’un projet Tempus Meda de la commission européenne. Cette formation a été choisie car nous ne connaissons pas à l’heure actuelle dans le tissu universitaire du pays une telle filière. L’association du secteur professionnel dans la définition des parcours de formation est souhaitable si elle n’est pas primordiale. Mais ce secteur est-il disposé à collaborer alors qu’il semble tout ignorer de ce qui se produit à l’université ? La nécessaire relation entre les formateurs et les utilisateurs reste à établir. On assiste ici et là à une sorte d’association université-entreprise mais qui reste nettement en deçà de ce qu’elle doit être, se traduisant le plus souvent par des contrats personnels sans impact sur la collectivité.Il est un fait culturel qu’on ne peut occulter, lié à cet aspect de professionnalisation des enseignements. Si dans les pays occidentaux certains termes sont utilisés en tant qu’agrégats pour valoriser telle ou telle formation, en revanche, chez nous, ces mêmes termes ne sont pas forcément interprétés de la même manière et peuvent même produire le contraire de l’effet attendu. Parmi eux, le terme « professionnel » qualifie outre-mer une formation valorisante. Il est utilisé pour favoriser l’intégration précoce et rapide de jeunes diplômés dans le secteur industriel. Le même terme, chez nous, prend une autre connotation. Il est supposé à tort qualifier une formation pour les laissés-pour-compte. Les raisons en cela sont profondes, et on peut les chercher dans la longue période de colonisation qui a privé les Algériens de l’enseignement. A l’indépendance du pays, l’une des aspirations de l’Algérien était justement la quête du savoir menant aux diplômes les plus élevés quelle qu’en soit la durée. Le rôle nouveau des comités pédagogiques nationaux Dans le système classique, le contenu des programmes des enseignements est du ressort des Comités pédagogiques nationaux (CPN). Ces programmes sont figés et rarement visités. L’établissement universitaire, qui obtenait l’agrément ministériel pour telle ou telle formation, lui appartenait d’appliquer le programme inhérent.Les modifications introduites par le LMD dans la gestion pédagogique vont redonner un rôle nouveau pour ces CPN. Contrairement à son rôle statique dans le système classique, un CPN, aujourd’hui, doit s’adapter de façon dynamique aux propositions d’offres de formation constamment renouvelées des établissements universitaires.Il lui appartient pour cela de définir, d’homogénéiser et de veiller à l’application stricte des socles communs sur lesquels reposeront les différentes formations LMD. Il lui appartiendra aussi de participer à la définition du contenu des matières de spécialités en favorisant l’initiative étant connu le caractère spécifique de ces matières. L’indispensable interaction

Le développement consensuel d’offres de formation lisibles et attractives reposant sur des pratiques pédagogiques évoluées, devant réussir l’indispensable interaction entre enseignants, étudiants et utilisateurs est le but majeur assigné au système LMD. Il s’agit pour les premiers, les enseignants, de mieux connaître les attentes de leurs étudiants et d’inventer sans cesse les modalités les plus adaptées en vue de s’approprier les savoirs et les savoir-faire les plus récents. Pour les étudiants, il leur faut percevoir à bon escient les exigences d’une formation universitaire basée sur l’initiative et la participation. Enfin, pour le secteur utilisateur, son adhésion aux différentes étapes de fonctionnement du système est primordiale.L’architecture qui va rentrer dans sa troisième année d’application est appelée à répondre aux véritables attentes de la société en matière de formation de qualité. Les deux premières étapes de cette architecture, aboutissant au diplôme de licence et de master, permettront de doter le secteur économique et industriel de cadres imprégnés à la fois de la polyvalence et de la spécificité des connaissances, et ce, en raison de ses programmes d’étude qui s’appuient non seulement sur un agencement favorisant la maîtrise des concepts fondamentaux et leur pratique, mais aussi de par son fondement amenant l’étudiant vers l’acquisition de connaissances transversales, gage d’ouverture d’esprit.Un inventaire de quatre semestres d’application de cette architecture montre qu’elle sied parfaitement à un enseignement moderne, où l’enseignant et l’étudiant sont tous deux concernés par son fonctionnement, par la qualité de son produit et de son devenir. L’entière responsabilité a été confiée aux enseignants qui ont mis au point les programmes d’étude, suggéré les premiers textes d’application et permis le démarrage effectif de ce système.




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