Algérie

Enseignants et étudiants solidaires



Une imposante marche les a réunis, hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya sous l'égide de la Coordination locale des étudiants (CLE). Organisés en carrés, ils étaient des milliers de marcheurs à  s'être ébranlés du campus d'Aboudaou vers 10h30 pour parcourir une bonne dizaine de kilomètres sous les slogans et mots d'ordre scandés pour stigmatiser tout le système de gestion universitaire.
Au bout de deux heures de marche, la marée humaine a déferlé aux alentours du siège de la wilaya où un rassemblement, avec prises de parole, a eu lieu. Une lecture a été faite de la déclaration et de la plateforme de revendications du CLE, qui se présente comme le cadre de lutte rassemblant comités pédagogiques des différents départements, comités de cité et associations estudiantines. La CLE décèle, dans la politique de l'enseignement supérieur, des velléités de «démanteler le caractère public de l'université».
Et comme énième preuve est cité le dernier décret présidentiel qui a irrité le monde universitaire : «L'instauration de la carte universitaire en 1989, la dissolution de l'Office national de la recherche scientifique (ONRS), la précipitation de la mise à  mort programmée de l'ancien système sans évaluation et sans concertation des acteurs concernés (étudiants et enseignants) ne va que dans la logique de dévalorisation des diplômes et la destruction du secteur public, qui ne sert qu'une classe dirigeante», écrivent les représentants des étudiants. L'abrogation du décret présidentiel n°10-315 n'a pas suffi à  débloquer la situation. Les étudiants estiment qu'elle ne répond nullement à  leurs attentes, considérant qu'«en confiant l'autorité pédagogique aux recteurs», les pouvoirs publics réduisent les étudiants au rôle de «figurants, spectateurs de la déchéance de leur avenir». Comme eux, les enseignants estiment que la crise de l'université est profonde.
Constitués en collectif, ils dénient à  la conférence nationale des chefs d'établissement «la qualité d'autorité pédagogique» et considèrent ceux-ci rien moins que «le prolongement politique de ceux qui les ont nommés». Pour les enseignants, si l'abrogation du dernier «décret de la colère» est le fruit de la mobilisation, le risque demeure de voir promulguer un «texte similaire relevant du même esprit de fuite». Ils exigent la démocratisation de la gestion de l'université. «Les recteurs, les doyens, les chefs de département… tous les responsables pédagogiques doivent àªtre élus et non désignés», réclament-ils à  l'unanimité.
Faisant jonction avec les revendications des étudiants, ils exigent que soient reconnus les comités pédagogiques élus des étudiants et la tenue des états généraux du secteur de l'enseignement supérieur. Les étudiants revendiquent aussi un moratoire sur les réformes universitaires, de ne pas soumettre l'université au secteur économique, le maintien du système classique et du concours du magistère, l'accès au mastère sans condition, l'amélioration de l'encadrement qualitativement et quantitativement, la création d'écoles doctorales…    
Pour des états généraux de l'enseignement supérieur  
Etudiants et enseignants partagent la revendication de tenir des états généraux du secteur. «Nous demandons, écrit le collectif, la tenue des états généraux du secteur de l'enseignement supérieur, cadre adéquat pour un débat constructif et serein pour procéder à  une évaluation objective et scientifique des systèmes LMD, avec les acteurs élus de l'université», nous a déclaré Kamel Aïssat, enseignant. «Il s'agit d'un audit, d'une évaluation des réformes, des textes et de tout ce qui concerne l'université, mais pas avec les seules représentants de l'administration», ajoute son collègue Djamel Bahloul. «C'est aux états généraux de décider du maintien ou non des deux systèmes d'enseignement», soutient M. Haddad, qui a présidé l'assemblée générale des enseignants, décidés à  accompagner les étudiants dans leur mouvement de protestation.                          
 


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