Ils sont à leur 37e jour de jeûne de protestation et visiblement à mille lieues de se faire entendre par les hauts responsables du gouvernement.
Les enseignants contractuels en grève de la faim depuis le 14 juillet dernier frôlent la mort à chaque instant. Dans une totale indifférence des pouvoirs publics. Le dernier rapport médical traitant de l'état de santé des grévistes, signé dimanche par le président du Conseil national de la santé publique, Houari Kadour (rendu public hier par le syndicat autonome Snapap) est des plus alarmants. Hypoglycémie, difficultés respiratoires aigues, chute de poids très marquée de l'ordre de 66%, lit-on entre autres dans la synthèse du rapport en question. Les enseignants contractuels comptent rééditer aujourd'hui leur sit-in devant la Présidence, à El Mouradia. La répression féroce qui s'est abattue sur les syndicalistes et enseignants lors des deux récentes tentatives de rassemblement ratées du 12 août et du 23 juillet à El Mouradia et devant le siège du ministère de l'Education nationale ne semble pas dissuader l'Intersyndicale autonome.De son côté, le département de Benbouzid, qui avait, rappelons-le, annoncé en juillet passé un recrutement massif dans le secteur de l'éducation et 26 000 nouveaux postes budgétaires, ne semble pas prêt à lâcher du lest. Bien au contraire. Le ton est plus que jamais au durcissement, en témoigne le communiqué rendu public hier par le cabinet du ministère de l'Education nationale. Après un silence radio ayant duré plus d'un mois, le ministère de l'Education répond par une accumulation de cynisme. L'épreuve qu'endurent les enseignants grévistes, dont certains ont déjà un pied dans la tombe, est complètement éludée. Le document remis à la presse se veut d'abord « un démenti » à une information rapportée par la presse (voir El Watan du lundi 18 août) faisant état d'une « médiation » entre les enseignants contractuels et le ministère de l'Education nationale, assurée par l'Union nationale des associations de parents d'élèves en vue de désamorcer le conflit pendant. Une « fausse information », selon le cabinet du ministère, qui précise qu'« aucun contact de quelque nature que ce soit n'a eu lieu » et que « l'unique interlocuteur officiel des parents d'élèves est la Fédération nationale des parents d'élèves ».Mais les revendications des enseignants contractuels sont-elles à ce point illégitimes ' Elles le seraient, d'après le ministère de l'Education nationale, qui dégaine dans son communiqué une série de textes législatifs et réglementaires. L'accès à la fonction d'enseignant est régie, selon le cabinet de Benbouzid, par l'ordonnance n° 06-03 de juillet 2006 portant statut général de la Fonction publique ; le décret exécutif n° 90-49 de février 1990, modifié et complété, portant statut particulier des travailleurs de l'éducation et l'arrêté interministériel du 21 septembre 2005 fixant les programmes des concours sur épreuves et examens professionnels pour l'accès aux différents corps spécifiques au secteur de l'éducation nationale. Comme pour fermer à double tour portes et fenêtres devant les grévistes de la faim, cloîtrés dans leur supplice depuis 37 jours au siège du Snapap à El Harrach, le chef du cabinet du ministère de l'Education nationale rappelle que les enseignants contractuels et suppléants ayant participé au concours lancé par la Fonction publique le 29 juillet dernier « ont bénéficié d'une bonification liée à leur expérience professionnelle » accordée « à titre exceptionnel » ; il s'engage publiquement « à les aider dans le cadre de la loi ». Pour ce qui est des enseignants frondeurs, la messe est dite. A moins qu'aujourd'hui, le secrétaire général du ministère de l'Education nationale, qui organise un point de presse, ne fasse une tout autre annonce.
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Posté Le : 19/08/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohand Aziri
Source : www.elwatan.com