Algérie

ENQUÊTE-TEMOIGNAGES



Trois lettres sont synonymes de stress, fortes émotions et angoisses pour des milliers d'élèves et leurs parents, il s'agit bien sûr du bac et du BEM. Ces examens auront lieu dans quelques jours, et la montée d'adrénaline a commencé pour les concernés. Les élèves sont à leurs dernières révisions et les parents aux petits soins.
Hamida, maman de trois enfants : cours particuliers jusqu'au dernier jour
Tout au long de l'année, les élèves et leurs parents doivent jongler avec leurs emplois du temps pour assurer les cours scolaires et les cours de soutien. «C'est un véritable investissement financier et humain. Nous devons, tout en transportant notre aînée, pouvoir travailler, assurer la stabilité de nos autres enfants dans leur scolarité et enfin avoir un minimum de qualité de vie», confie Hamida, maman de trois enfants dont l'aînée passe l'examen du baccalauréat. «Alors, pour moi, pas question de fléchir les dernières semaines. Du moment qu'elle n'a pratiquement plus de cours maintenant, nous continuons à jongler avec le temps jusqu'à la veille des examens. Apparemment, l'école, qui lui assure les cours privés, prévoit de faire des révisions pendant les examens. Je suis pour, cela lui permet de ne pas baisser de rythme. Après, elle aura tout le temps pour se reposer», enchaîne Hamida, qui se dit que toutes les privations, le stress et la fatigue ne sont nullement un sacrifice mais un «devoir».
Zoheir, cadre supérieur, papa de trois enfants
Les aînés de Zoheir passent respectivement les examens du baccalauréat et du BEM, un régime «militaire» a été imposé à toute la famille depuis le début de l'année. «C'est simple, pour pouvoir atteindre des objectifs, il y a une seule règle à respecter jusqu'au dernier jour. Elle se résume en un seul mot : rigueur.» Et cela se transcrit dans le planning quotidien. «Mes aînés qui passent ces importants examens se lèvent quotidiennement trois quarts d'heure avant leur jeune sœur, soit à six heures. Ils révisent et préparent leurs cours. Après le retour à la maison et une pause d'une heure, ce sont les cours de soutien qui s'enchaînent et les révisions jusqu'à 20h 30. Ils se mettent au lit, au grand maximum à 22h. Pour ce qui est des week-ends, c'est le même régime, sauf que ce sont des cours de soutien qui se suivent. Et ils ont l'après-midi du vendredi jusqu'à 16h pour se reposer. Sincèrement, je crois en cette méthode et j'espère de tout cœur qu'elle donnera de bons résultats», résume Zoheir avec un grand sourire confiant. La façon d'appréhender ces examens a bien changé. «De notre temps, seuls les élèves des branches scientifiques ou mathématiques avaient recours aux cours particuliers. Et il ne s'agissait que des matières à forts coefficients. Aujourd'hui, cette pratique s'est généralisée, il y en a même qui prennent des cours particuliers pour la langue arabe», témoigne Meriem, 26 ans, promotion 1999. Et d'ajouter : «Je me rappelle que dans ma classe de sciences naturelles et vie, il y avait à peine une dizaine d'élèves qui avaient recours aux cours particuliers. Et ce n'était que pour deux matières : les mathématiques et la physique. Maintenant, c'est systématique et pour toutes les matières, même la langue arabe.»
Recettes de grand-mère…
En plus d'une préparation intensive, les parents misent aussi sur les recettes de grand-mère pour une stimulation optimale des neurones. Les parents veulent choyer leurs enfants, tels des sportifs de haut niveau, juste avant la dernière ligne droite, ils ont droit à des plats «extras» et à des sucreries. «Ces derniers jours, j'essaye de préparer de plats bons pour la mémoire à base de poissons surtout. Des fruits et des sucreries comme le chocolat et des bonbons sont à gogo dans la maison», témoigne Naïma dont l'enfant passe le baccalauréat pour la première fois. «C'est vrai que cela revient cher, mais du moment que je ne l'ai pas fait tout au long de l'année ! J'essaye de me rattraper tant bien que mal et avoir bonne conscience», ajoute-t-elle en souriant. Au-delà de ces plats doux, d'autres élèves ont recours à des produits plus consistants.
Zoulikha préconise les vitamines pour son fils
Son fils passe également cet examen. Elle avoue : «Je reconnais que ces dernières semaines, j'ai acheté beaucoup de vitamines pour mon fils. Régulièrement, je fais un tour dans les pharmacies pour en prendre connaissance. Le dernier produit que j'ai acquis est Gelphore.
«C'est simple, pour pouvoir atteindre des objectifs, il y a une seule règle à respecter jusqu'au jour J. Elle se résume en un seul mot : rigueur.»
Il est à base de gelée royale. Cette dernière est pratiquement introuvable et de surcroît coûte cher, alors j'ai opté pour cette vitamine.» Zoulikha, rencontrée non loin d'une pharmacie du 1er-Mai, ajoute : «Je pense lui acheter aussi Juvamine. Pour moi, il s'agit d'un coup de pouce en plus. Je me sens utile même si je le soutiens moralement et financièrement. Je sens que je suis moins stressée aussi.» Pour beaucoup de parents, ces vitamines sont un coup de pouce pour achever les révisions. Loin des recettes de grand-mère dites bonnes pour la mémoire à base de miel, la génération actuelle de bacheliers puise ses forces également dans d'autres produits. Outre le café ou le thé fort, les élèves ont recours à des boissons énergisantes étrangères pour pouvoir réviser et faire face à la pression. Sans ou avec le consentement des parents, ils consomment ces boissons sans prendre conscience des éventuels dangers. Ces boissons, dont les plus connues sont Red Bull et Black Dog, sont en vente libre à plus de 140 DA la canette. «Mes amis en consomment tout le temps. Ils pensent que c'est bon pour les révisions. Moi, je préfère ne pas trop m'y habituer. Sans connaître toutefois les méfaits potentiels», reconnaît Amina, bachelière. En effet, les vertus de ces boissons «dopantes» ne seraient pas seulement physiques, elles agiraient aussi sur le mental en améliorant la concentration et la mémoire. Ces energy drinks se composent de la taurine et d'un taux élevé de caféine. Rares sont ceux qui avoueront en consommer régulièrement. «Ces breuvages permettent d'augmenter la capacité de travail en période de révision mais peuvent mener au surmenage le jour j», soutient un spécialiste.
Fouad, 17 ans, passe son bac
«J'ai pris l'habitude d'en boire, et cela m'aide énormément. Mes parents sont au courant et ils pensent que c'est bon pour moi. Mais c'est vrai que nous ne le crions pas sur les toits. J'en bois lorsque je sens que je suis fatiguée et à bout de nerfs. Avec le stress et les efforts que je dois prodiguer, ces boissons restent un bon stimulant. Au fond, je me dis que peut-être c'est faux et que cela n'a rien à voir avec ces boissons. Et que psychiquement, je me sens plus fort, mais bon, du moment que cela ne fait pas de mal», témoigne Fouad qui passe le bac pour la première fois. Une attitude qui tranche radicalement avec d'autres élèves et parents. Pour eux, le maître-mot pour réussir et gérer son stress est de rester zen !
Saliha, gynécologue, soyons zen
Gynécologue et maman de cinq enfants, dont l'aînée passe son baccalauréat cette année, Dr Saliha se veut zen. «Je ne veux pas stresser et je le dis haut et fort, cela ne changerait rien à la réalité des choses. Il faut que ma fille se concentre sur ses études et c'est tout. Je la laisse libre de gérer son planning comme elle l'entend. Au fond, je me positionne comme mes parents. Pour eux, les études étaient importantes et nous prodiguaient tous les moyens pour réussir, sans que cela tourne à l'obsession.» Pour cette maman, il faut relativiser pour pouvoir aller de l'avant. «Bien sûr que je suis ce que fais ma fille et je reste attentive à ses besoins, mais ni son père ni moi n'allons la rappeler à chaque fois à l'ordre pour réviser. Je me positionne comme un soutien et non pas comme un moteur. Sinon, la pression sera énorme pour tout le monde, surtout pour ma fille.» Rigueur, zen attitude, recettes miracles, chacun y va de sa propre méthode pour que la future génération ait le sésame de l'université, et à tous, souhaitons bonne chance !




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