Enquête-Témoignages

Le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire a annoncé la création de 5 000 clubs verts scolaires. Le ministère de la Santé veut susciter également la création de «clubs de santé»dans les établissements scolaires en vue de promouvoir l'éducation des élèves par leurs pairs.Qu'en pensent les enseignants, parents et élèves 'Naïma, cadre dans une entreprise, maman d'une élève : «Aucun effort de la part de l'établissement»«Je suis jalouse quand j'entends d'autres parents d'élèves dirent que leur enfant a fait une excursion dans le cadre du club vert ou bien encore a participé à une célébration par le biais de la chorale scolaire. Je suis vraiment déçue que les responsables de l'établissement scolaire de ma fille ne fassent aucun effort.» C'est en ces termes que Naïma, cadre dans une entreprise, a répondu à notre question.«Je propose beaucoup de choses à la directrice de l'école et elle ne veut absolument faire aucun effort. Pour la plantation d'arbres, elle préfère faire appel à des agents de l'APC et acheter les arbustes au lieu de donner la chance aux élèves de participer à cette action bénévolement. Lorsque nous insistons auprès d'elle, elle répond : «Je ne veux prendre aucun risque ; imaginez que l'élève soit victime d'un accident ou bien qu'il soit mal pris en charge'» Ou encore : «Je ne veux pas obliger les enseignants à faire des heures supplémentaires. Je ne suis pas obligée.» Une telle démobilisation m'horrifie et les parents d'élèves doivent s'y soumettre sans rien dire. Je pense qu'il faut aller au-delà des vœux pieux des autorités et amorcer une réalité de terrain par l'existence de ces clubs. Je suis convaincue que cela sera un plus appréciable pour tous les enfants.Manel, responsable dans une entreprise publique, maman d'une élève scolarisée : «Ma fille est devenue moins timide»«Je suis pour les clubs scolaires et je trouve que c'est très intéressant.» Manel, cette maman d'une petite fille en 1re année primaire, ne cesse de faire l'éloge de l'établissement scolaire où est inscrite sa fille. «Ils ont plusieurs clubs scolaires dont les plus importants sont sportif et vert. Pour le sportif, il y a plusieurs équipes avec des couleurs de tee-shirts différents. Ils s'affrontent dans des matches dans un stade offert par un parent d'élève.Ils jouent au basket après les heures de cours sous la surveillance de leur enseignante. Pour le club vert, ils apprennent des chansons, plantent des arbres et les arrosent. Ma fille est très fière de son rôle surtout qu'on lui a donné sa carte d'adhérente. Ces clubs scolaires lui ont permis d'appréhender le monde scolaire avec beaucoup plus de confiance. Je pense qua la directrice de l'école et les enseignantes sont très volontaires et courageuses pour prendre de telles initiatives. J'estime qu'elles aiment leur métier. Nous, en tant que parents, nous les encourageons et faisons en sorte de participer le plus possible à la réussite des activités des clubs. Ils nous permettent aussi de créer d'autres liens avec l'encadrement scolaire et de ne pas nous limiter au souci des résultats et des notes de nos enfants. Ils cassent une vitre et nous permettent à tous de nous retrouver. Il faut dire aussi qu'hormis les encouragements des parents et certains partenaires ils ne reçoivent aucune aide ni de l'académie ni des autorités locales. Ce qui est vraiment dommage.»Nora, enseignante : «C'est de la poudre aux yeux»«J'ai été parmi les premiers enseignants à mettre en place un club vert scolaire mais au fil du temps j'ai découvert que c'était de la poudre aux yeux. Nous sommes livrés à nous-mêmes sans aucun suivi. Nous essayons d'apporter un plus aux enfants mais sans connaître réellement l'impact. Je me suis rendu compte que j'essayais moi-même de me convaincre de cette bonne action mais à la longue, j'ai baissé les bras», explique Nora, désabusée.«Le pire est que même les parents n'étaient pas très enthousiastes. Il a fallu au départ que je me batte pratiquement avec le directeur pour qu'il me permette de planter des arbres avec les enfants mais le jour J, soit le mardi après-midi, je me suis retrouvée avec deux ou trois élèves.Les parents n'ont pas estimé nécessaire d'envoyer leurs enfants. J'ai persisté et quand j'ai vu que même l'académie et les établissements de l'environnement n'apportaient aucun soutien concret loin des projecteurs, j'ai décidé de ne plus faire aucune activité.Je regrette des fois d'avoir baissé les bras au bout de deux ans mais je suis convaincue que les clubs scolaires ne sont que de la poudre aux yeux pour éloigner les débats sur de vrais sujets tels que les programmes et la lourdeur des cartables. C'est décevant que moi, enseignante, réfléchisse de cette façon mais c'est la triste réalité.