Algérie

Enquête-Témoignages


Enquête-Témoignages
Par Soraya NailiChaque année, c'est le même constat. Dès que «Sidna Ramadhan» pointe le bout du nez, une hystérie collective s'empare des jeûneurs. Ramadhan rime avec surconsommation, gloutonnerie et gaspillage. Plus que tous les autres mois de l'année, le budget des familles explose.Les yeux plus gros que le ventre, les jeûneurs écument les marchés, boulangeries et autres supérettes. Leurs bras ploient sous le poids de sachets remplis de toutes sortes de victuailles qu'ils goûteront à peine du bout des lèvres quand sonnera Adhan El Iftar. Certains iront jusqu'à s'endetter, tirant le diable par la queue pour des futilités. Au final, une surconsommation effrénée qui ouvre la porte à toutes sortes d'excès mettant KO santé et porte-monnaie.Sid-Ali, 45 ansSid-Ali le reconnaît sans ambages. Il fait partie de ceux qui cèdent au chant des sirènes lorsque sa glycémie est en berne et que son estomac lui flanque d'horribles coups de pied. «Sous le coup de la faim, je suis tenté par tout ce que je vois. J'achôte toutes sortes de pains, d'olives, de zalabia”'je lorgne les viandes et salive en imaginant une belle 'chtitha Djedj' ou une 'kebda m'charmla'. Même le prix exorbitant des viandes ne parvient pas à tempérer mes ardeurs gourmandes. Je suis comme hypnotisé, téléguidé ! Le soir, au moment de la rupture du jeûne, la table déborde de toutes sortes de mets.J'avale mon bol de chorba, mords dans un bourek, mange deux feuilles de laitue et me lève. Je ne peux rien avaler de plus, tellement je suis calé. Ma femme s'arrache les cheveux en me voyant débarquer le lendemain avec de nouvelles provisions. Je dois admettre que je suis incorrigible. J'ai tellement peur qu'il n'y ait pas suffisamment à manger le soir, que je remplis mon couffin sans réfléchir», se justifie Sid- Ali.Kamelia, 52 ansKamelia (52 ans) s'amuse de voir les gens s'affoler devant les étals au marché. Les excès liés au Ramadan la mettent hors d'elle. «C'est comme si nous étions en période de disette. Les gens achètent à tour de bras, tout et n'importe quoi, faisant le bonheur des commerçants véreux qui augmentent leurs prix et font leur beurre sur le dos des consommateurs.Je trouve que c'est complètement ridicule de chambouler ses habitudes alimentaires sous prétexte qu'on fait carême. Chez moi, aucun gaspillage n'est permis. Je prépare les mêmes plats que pendant le reste de l'année. Couscous, spaghettis, soupes, riz, quiches”? Même les pâtes font partie de mes menus. Ce sont des sucres longs qui aident à récupérer et à surmonter la faim.En tout cas, je veille à concocter des recettes simples et équilibrées pour toute ma famille. J'ai banni toutes les sucreries, genre kalb ellouz et zlabia, de purs poisons à cause du sucre qu'elles contiennent. Passer toutes la nuit à se goinfrer puis aller se coucher le ventre plein est fortement déconseillé du point de vue médical», conclut-elle.Majda, 36 ansElle aussi est du genre à garder la tête froide. Majda, 36 ans, condamne les comportements démesurés auxquels nous assistons chaque année pendant le Ramadhan. «Chez nous, force est de constater que tout est axé sur la nourriture au point d'en oublier l'aspect spirituel qui devrait primer sur le reste durant ce mois sacré. Se priver toute la journée et faire bombance le soir n'a aucun sens. Ce qui est désolant c'est de voir toutes ces poubelles déversant baguettes de pains, restes de nourritures, fruits pourris”? Des centaines de dinars partis en fumée et qui auraient fait le bonheur des nécessiteux. Pourquoi ne pas acheter jusque ce dont nous avons besoin au quotidien ' Nous devons apprendre à nous discipliner et transmettre à nos enfants les valeurs enseignées par l'ancienne génération : la maîtrise de soi et la lutte contre le gaspillage.» Eviter la surconsommation et privilégier le partage avec ceux qui n'ont rien dans leur assiette au moment de la rupture du jeûne, et si on s'y mettait tous '


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