L'entreprise Mobilart à Oran a bénéficié d'un prêt CNEP de 5 milliards de dinars alors que son patron est en fuite à l'étranger après avoir été condamné pour blanchiment d'argent et infraction à la législation des changes. La brigade économique de la sûreté de wilaya d'Oran enquête sur ce dossier. Pour la Cnep-Banque, c'est une relation d'affaires normale avec une société et non avec une personne.
Les scandales se suivent et ne se ressemblent pas. La corruption a fini par achever d'entacher le secteur des hydrocarbures ; c'est au tour de la place bancaire de faire face à des esclandres liés à des malversations et autres crédits peu orthodoxes. La CNEP-Banque vient d'être mise en cause pour un crédit accordé au promoteur immobilier Mobilart, une entreprise dont l'ex-patron a été condamné il y a quelque mois pour blanchiment d'argent et infraction à la législation des changes dans le cadre de l'affaire des 43 opérateurs économiques accusés de transfert illicite de devises vers l'Espagne. Condamné à 10 ans d'emprisonnement, il est actuellement en fuite et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international.
Ainsi, le directeur régional de la CNEP-Banque ainsi qu'un directeur d'agence ont été convoqués il y a quelques jours par la brigade économique et financière par la sûreté de la wilaya d'Oran afin de tirer au clair les crédits accordés au promoteur immobilier.
Mobilart a en effet bénéficié d'un total de près de 5 milliards de dinars de crédits pour le financement d'un projet immobilier à Oran. Si les conditions initiales du financement de la CNEP semblent tout à fait normales, ce sont les mobilisations ayant jalonné la relation d'affaires qui peuvent être sujettes à discussion. Mobilart a ainsi bénéficié, en novembre 2005, d'un crédit de prêt, d'ailleurs été consolidé en mai de 3,7 milliards de dinars pour l'acquisition d'une assiette de terrain ainsi que le financement de la première phase d'un projet immobilier.
Le crédit devait s'étaler sur 36 mois et le prêt a été consolidé en novembre 2008. Cependant, le remboursement devait s'effectuer en deux trimestrialités avec un différé de 6 mois, soit en février et mars 2009. Ce qui n'a pas été réalisé à terme. Le promoteur avait entre-temps bénéficié d'avenants à la convention de crédit, en mai 2006, pour l'élargissement de la mobilisation de crédits pour le paiement des factures fournisseurs et au 31 décembre 2007 pour les réévaluations. Au final, ce sont 4,729 milliards de dinars hors TVA qui auront été mobilisés en novembre 2008, soit un prêt complémentaire d'un milliard de dinars en plus par rapport à la convention de crédit initiale. Néanmoins, le plus étrange est que le premier avenant stipulait que les surcoûts liés aux prix des matériaux de construction et aux risques de change devaient être pris en charge par l'emprunteur.
Autre anomalie, celle ayant trait à la nature de la première phase du projet. Si en 2005, il s'agissait de financer un projet consistant en la réalisation de 265 logements, 159 commerces en galerie, 348 commerces individuels, 284 bureaux et des garages pour 1470 véhicules, en 2007, il se mue en projet de réalisation de 460 logements, 150 bureaux et des garages pour 2000 véhicules. Ce qui revient à dire que la CNEP a accordé plus de financements pour un projet dont les objectifs ont été revus à la baisse.
Du côté de la CNEP-Banque, on se défend de toute transaction douteuse avec la Sarl Mobilart. Le premier responsable du service communication de la banque estime, dans ce sens, qu'il s'agit là d'un amalgame entre l'entreprise en question et son gérant. Tenant à clarifier les choses au nom de l'institution qu'il représente, il a indiqué que «la CNEP-Banque entretient une relation d'affaires avec une entreprise, une Sarl juridiquement constituée, qui ne souffre aucun empêchement économique ou administratif», à ne pas confondre avec son ex-patron. Une relation d'affaires qui se passe, selon lui, dans des conditions normales et qui s'acquitte de ses remboursements. Il estime dans ce sens que le projet immobilier en question est le plus gros du portefeuille de la CNEP-Banque. Cela confirme de manière tacite l'intérêt que portent les services de sécurité à la banque, estimant que rien n'est plus naturel que des banquiers soient interrogés par la justice.
Selon le responsable, il est courant que des responsables d'agence soient convoqués par les services de sécurité dans le cadre de contrôles routiniers. Quant à la question de savoir si l'affaire risque de remonter jusqu'aux instances centrales de crédit, il répond simplement que ni le DGA-crédit ni le DGA-recouvrement n'ont été, à ce jour, convoqués ou interrogés, de même q'il dément l'existence d'une mission de contrôle de l'IGF au niveau de la CNEP-Banque, d'autant plus que celle-ci n'a «rien reçu de la part de l'IGF». En tout état de cause, la banque risque de pâtir de la réputation d'une certaine clientèle. Banque des petits épargnants, qui se veut celle de l'immobilier, elle s'est donné la vocation, depuis quelques années, de financer, au-delà des acquéreurs, les promoteurs immobiliers. Or, la pierre est depuis quelques années le refuge de toutes sortes de transactions suspectes 'uvre de personnages à la probité douteuse.
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Posté Le : 03/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Melissa Roumadi
Source : www.elwatan.com