Entre la médecine de Amar Tou, celle des tisanes pas chères et celle des Talebs faiseurs de miracles, l'Algérie fait place, depuis peu, à la mode des médecines alternatives qui tentent de se dissocier du procès de charlatanisme par un « design » médical étudié, des offres testées, des médications para-pharmaceutiques et un discours sur l'infini mystère de la guérison par Dieu, par la foi, par l'Islam, par le « flux énergétique » et par les herbes importées à prix d'or. En haut de la liste, El Hidjama, mais pas seulement. Dans ce tout nouveau quartier de la ville d'Oran, le cabinet est modeste, encore tout neuf et sans effet de frappe à l'oeil ou de surdose d'artifices. Fin de journée ou nécessité d'économie, c'est la médecin elle-même, sans appariteur, qui accueille à la porte et introduit dans un cabinet de consultation qui ressemble tout à fait au cabinet d'un généraliste modeste. Sur les murs, quelques planches anatomiques inédites (celle d'un corps humain traversé de points énergétiques ou sensitifs qu'on n'enseigne pas dans les facultés de l'Etat), des publicités pour des compositions d'herbes sophistiquées et surtout un diplôme. Celui délivré par un initiateur venu du Proche-Orient, très célèbre dans le milieu et qui sillonne les pays arabes pour répandre cette science peu enseignée en Algérie. Le docteur Amir Salah, est président de l'association américaine de la médecine traditionnelle. Il est, selon ses disciples, très connu. Ses lettres de « noblesse », il les tient de son titre mais aussi de son statut de professeur de médecine alternative dans l'université de Chicago aux Etats-Unis d'Amérique et du retour en force de ces médecines en vogue et en mode depuis quelques années, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi dans le Maghreb et en Occident. A Oran, la relance est venue avec la visite de Amir Salah en Mars 2006 et s'est traduite par la formation d'une quinzaine de médecins « locaux » après un court stage fermé et qui a connu peu de publicité. En haut du catalogue des médecines non conventionnelles donc El Hidjama ou l'incisiothérapie. « Si les clients sont de plus en plus nombreux, les rumeurs le sont tout autant », nous explique la médecin, un peu sur le qui-vive qui nous accueille dans son cabinet qui a ouvert depuis deux mois seulement. La raison ? « Une méconnaissance mais aussi la concurrence ». Dernier épisode sur cette guerre de positions entre médecins agréés et médecins « alternatifs », les journées de déontologie médicale initiée par le Conseil de l'ordre des médecins de la région de Tlemcen, décembre 2006, et qui s'est conclu par une sévère condamnation de la pratique. Lors de cette rencontre, organisée autour du thème « éthique et responsabilité médicale », à la bibliothèque centrale de l'université de Tlemcen, le Pr Mohamed Slami, président de la Section ordinale régionale (SOR) des médecins de Tlemcen, mettra l'accent sur le caractère « charlatanesque » de cette pratique résumée à une recette d'utilisation de « ventouses pour l'extraction de sang de différentes parties du corps ». « Il s'agit, ni plus, ni moins, que d'une agression contre l'intégrité du corps humain, surtout lorsque les conditions minimales d'hygiène ne sont pas respectées », expliquera-t-il à son assistance, avant de conclure que cette pratique « est condamnée par la loi » car, il s'agirait d'une médecine « illégale », surtout « lorsqu'elle est pratiquée par des médecins ». Le procès fera même état du « cas de deux confrères qui la pratiquaient » et qui s'est traduit par « la fermeture temporaire de leurs cabinets ». Une sanction qui reste loin de l'exemple cité par un autre conférencier qui rappellera que « l'histoire de la responsabilité médicale » remonte à la période babylonienne où le médecin « fautif se faisait couper la main ». L'enjeu est en somme énorme : il implique l'éthique mais aussi la concurrence et est bâti sur une grave méconnaissance de « nos méthodes » nous explique la médecin. L'attaque fera même penser au dépôt d'une plainte auprès « d'El Azhar en Egypte et auprès du conseil des Fetwa algérien » selon nos interlocuteurs. Pour les médecins alternatifs, le procès est un pur procès en sorcellerie. « Cela vient du fait que les médecins algériens sont encore piégés par le rationalisme ambiant et culturel de la France », nous affirmera le co-gérant d'une pharmacie traditionnelle « associée » à un cabinet spécialisé en Hidjama et bien connu dans la place d'Oran. « Un conditionnement mental qui nous vaut des attaques de plus en plus violentes ces derniers temps. Ce genre de procès est inconnu dans les pays anglo-saxons où l'ouverture d'esprit et l'esprit de recherche et de curiosité font que d'illustres professeurs et médecins s'intéressent profondément à nos techniques ». Pour la toute fraîche médecin spécialisée en Hidjama, « nos patients son convaincus et les praticiens de la Hidjama sont obligatoirement des médecins, des biologistes, des chimistes ou des techniciens pour éviter les charlatanismes et les erreurs ». Un Smig de formation qui veut faire barrage à l'accusation de recette pratiquée par les anciens coiffeurs d'il y a cinquante ans dans les marchés hebdomadaires. « Il faut dire aussi que la saignée n'est pas l'extraction de litres de sang comme se l'imaginent certains : il s'agit juste de prises de sang presque à la pointe d'une aiguille sur des points précis du corps du malade ».
UNE MEDECINE DE QUELQUES SIECLES QUI REMONTE A... DIX ANS !
je voudrais savoir la confirmation dun therapeute appele chaouach abdlwahab de blida algerie. est cquil figure parmi vos (students). cordialement..
kara mohamed - enseingnant universsitaire - blida, Algérie
23/05/2015 - 258993
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Posté Le : 16/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com