Algérie

Enquête sur la drogue dans les établissements scolaires



Réunies jeudi dernier à Constantine par la Fédération nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie (FNLDT) dans le cadre d'une conférence-débat avec les étudiants de la faculté de médecine et les psychologues autour du thème de la prise en charge des toxicomanes en milieu médical, des associations constantinoises ont dressé un état alarmant de ce phénomène qui, selon elles, se répand en milieu juvénile à une vitesse effarante. Les participants ont adopté quatre recommandations faisant appel aux pouvoirs publics, en ciblant tout particulièrement quatre ministères.

 A leur tête, ceux de l'enseignement supérieur et de la santé auxquels ils demandent la révision urgente du cursus médical de formation des jeunes médecins dont le programme ne comporte, en tout et pour tout, que deux heures d'enseignement sur la drogue et la toxicomanie. Aussi, et pour ce point précis, elles ont demandé soit d'augmenter le volume horaire, soit carrément de créer un module de toxicomanie. Expliquant le sujet, le Dr Benarab, président de la FNLDT, a déclaré que «ce sont ces étudiants, futurs médecins généralistes, qui seront confrontés à l'avenir au domaine de la drogue et de la toxicomanie. Et c'est donc logique qu'ils soient mieux armés pour lutter contre ce fléau !».

 Dans la seconde recommandation faite en direction du ministère de l'Education nationale, il est demandé à ce dernier plus d'efforts de sensibilisation dans les établissements scolaires des trois cycles. La troisième recommandation concerne le ministère de la Justice, auquel il est demandé de revoir la loi de 1994 qui réprime durement le toxicomane sans tenir compte de son contexte social. «Le toxicomane, fera remarquer le Dr Abdaoui, président de l'association scientifique constantinoise Hikma, rattachée à la faculté de médecine et co-organisateur de la rencontre, est plus une victime qu'un coupable. Cette loi dit aussi que tout toxicomane qui adhère à une structure de prise en charge pour se désintoxiquer voit sa peine allégée, ou bien carrément effacée. Malheureusement, nous souffrons cruellement du manque de telles structures de prise en charge». La dernière recommandation s'adresse au ministère de l'Action sociale pour lui demander de donner plus de chances de réinsertion aux jeunes par le biais des dispositifs de crédit en cours (Ansej, Angem, Cnac) et la multiplication des structures de loisirs.

 Invité à faire un état des lieux du phénomène de la drogue et de la toxicomanie en milieu scolaire, le Dr Abdaoui dira : «Nous avons constaté que toutes les mesures prises, soit au niveau législatif pour réprimer ce fléau en édictant des lois sèvères, soit par la prise en charge sanitaire, se sont avérées insuffisantes. Je ne vous cache pas que, ces dernières années surtout, le phénomène a pris des proportions alarmantes dans les établissements de l'éducation du primaire et du secondaire et parmi la frange des jeunes dont l'âge varie de 6 à 13 ans. Notre association va prendre l'initiative de lancer une étude sérieuse dans plus de soixante établissements éducatifs des trois cycles pour établir des statistiques qui soient proches de la réalité, et ce afin de nous permettre de définir les moyens de lutte». En dernier lieu, signalons que cette rencontre a vu la présentation de plusieurs communications et la projection d'un documentaire vivant sur les toxicomanes marocains réalisé récemment à Tanger par le Dr Benarab.




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