Trois ans après la prise d'otages sanglante de Tiguentourine à In Anemas, et presque une année après la publication des résultats de l'enquête judiciaire par le juge Nicholas Hilliard du Tribunal londonien d'Old Bailey, une enquête pour homicide involontaire a été ouverte par le parquet de Paris, à la demande de la famille de Yann Desjeux, seul Français qui fait partie des 37 étrangers de diverses nationalités, abattus par les hommes de Belmokhtar.Selon Europe 1, l'enquête de la justice française devra faire la lumière sur les failles, dans la sécurité du site pétrolier, au moment de l'attaque. La s?ur de la victime avait déposé plainte, en novembre 2015, s'appuyant sur les investigations menées, en Angleterre, entre septembre 2014 et février 2015, au cours desquelles des dizaines de témoins ont été entendus. Les conclusions de l'enquête anglaise ont révélé les failles de British Petroleum (BP), dans la sécurité du site pétrolier d'In Amenas, en raison, notamment, des coûts financiers que la mise en place de mesures, allait engendrer. Les recommandations d'un audit de sécurité, rédigé quelques mois auparavant, n'auraient pas été suivies d'effet, rapporte Marie-Claude Desjeux. «Tous les témoignages montrent qu'il n'y avait non seulement pas de sécurité mais que ce manque de sécurité était signalé depuis 2012. Les barrières n'étaient pas fermées, les personnes n'étaient pas fouillées… Quand les terroristes sont arrivés, les portes étaient ouvertes», expliquera-t-elle. Le juge Nicholas Hilliard avait pointé, dans son rapport, la responsabilité de la direction de l'usine, gérée par la britannique BP, conjointement avec Sonatrach et la norvégienne Statoil, dans l'absence de mesures de sécurité, prévues sur ce genre de sites stratégiques. «Les exercices de Sûreté ont été rarement tenus, il n'y avait pas de gardes armés protégeant les bases de vie des travailleurs étrangers. Les témoignages recueillis, lors de l'enquête, ont, également, révélé qu'il n'y avait pas de gardes armés aux entrées principales des bases de vie, ou même à proximité immédiate des quartiers d'habitation, sur le site d'In-Amenas et les portes auraient souvent été laissées ouvertes», a affirmé Nicholas Hilliard. Il soulignera, également, l'incapacité «des politiques d'évaluation des risques» de «prévenir les véritables dangers» et «déceler la probabilité d'une attaque terroriste». De son côté, Statoil avait mis en place une commission d'enquête indépendante sur l'attaque, présidée par Torgeir Hagen, un ancien responsable des Services secrets norvégiens. Les auteurs du rapport ont conclu que les co-entreprises dans la joint-venture, Statoil et BP n'étaient pas en mesure «d'empêcher l'attaque» faisant porter l'entière responsabilité aux services de Sécurité algériens qui avait, en charge, le périmètre externe au site. Le rapport norvégien précise que «Statoil et ses associés n'ont pas envisagé le scénario où une force de nombreux assaillants atteindrait le site (…) seules les forces militaires algériennes auraient pu éviter l'attaque du 16 janvier. L'importance économique du secteur pétrolier et une conviction que les autorités algériennes feraient tous les efforts possibles pour protéger des installations pétrolières et gazières essentielles, ont renforcé cette confiance». Désormais, une juge parisienne mène une instruction pour déterminer si BP et les autres sociétés qui exploitaient le site sont susceptibles d'être poursuivies pour «homicide involontaire, par négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement».Il y a quelque jours, des familles de proches anglais disparus, durant l'attaque de Tiguentourine, ont lancé une action en justice contre BP, lui reprochant de n'avoir pas pris les mesures de sécurité nécessaires, afin de protéger la vie de ses employés.
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Posté Le : 20/01/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com