Algérie

ENQU'TE-TEMOIGNAGES



Les hypocondriaques ou les malades imaginaires sont le plus souvent pris pour des simulateurs, ils constituent aussi un v?ritable casse-t?te pour les m?decins, puisque ces derniers peinent ? ?tablir un diagnostic, face ? la symptomatologie d?crite par ce genre de patients.Pour les sp?cialistes, l?hypocondrie est une n?vrose qui se manifeste par des troubles qui sont en rapport avec les conditions sociales du patient, il s?agit donc d?une situation qui doit ?tre prise au s?rieux. Afin de faire la lumi?re sur les zones d?ombre qui planent encore sur cette pathologie aussi redout?e que mal connue, on a recueilli aupr?s de deux hypocondriaques des t?moignages accablants sur la souffrance endur?e au quotidien.
Djamila, 50 ans, enseignante
Sa vie tourne essentiellement autour de sa sant?, elle est constamment habit?e par la peur de tomber malade ; ce sentiment fort et irrationnel prend chez elle un aspect pathologique. Celle-ci fr?quente avec assiduit? les services des urgences, les salles de consultation et les cabinets m?dicaux priv?s, elle est particuli?rement mortifi?e ? l'id?e d'attraper ? n?importe quel moment une maladie, d?une simple grippe ? un cancer en passant par le diab?te, l?hypertension art?rielle?
?On a besoin du soutien ind?fectible de toute la soci?t? pour venir ? bout de ce mal qui nous ronge.?
Cela lui a permis peu ? peu d?acqu?rir une culture g?n?rale dans le domaine m?dical, elle conna?t presque tous les tableaux cliniques des maladies, notamment les plus funestes. ??a a commenc? il y a quatre ans, quand les m?decins ont diagnostiqu? un cancer du rectum chez une amie qui est d?c?d?e six mois plus tard. Elle me d?crivait des rectorragies (h?morragies anales) et des douleurs intenses. J?ai alors oblig? un gastroent?rologue ? me faire une rectoscopie, qui n'a rien r?v?l?, mais malheureusement ce n'?tait que le d?but.? Le cancer du sein, l?infarctus du myocarde sont les pr?occupations majeures de Djamila. ?La peur de faire un arr?t cardiaque me provoque une insomnie rebelle au traitement, la moindre douleur thoracique m?affole, je palpe et j?inspecte constamment mon corps ? la recherche des signes qui pourraient ?tayer mes suspicions. Les taches bleu?tres (ecchymoses) me font craindre une leuc?mie, les douleurs articulaires m??voquent un cancer des os et les migraines sont pour moi r?v?latrices d?une tumeur du cerveau. Je reconnais ?galement ma passion effr?n?e pour les guides et les dictionnaires m?dicaux, je subis, donc, un stress intense au quotidien, je suis persuad?e que c?est un comportement qui rend la vie tr?s difficile pour mon entourage, mais une chose est s?re, c'est que j?ai vraiment mal moi aussi, je vis tellement avec un sentiment de culpabilit? que je me sens tr?s fragile. J?ai l?impression que je suis devenue insupportable ; Dieu merci, quelques tr?s rares personnes me soutiennent. Je saisis cette opportunit? pour rendre un vibrant hommage ? ma ch?re maman, pour tout ce qu'elle fait pour m?aider, les gens qui nous aiment savent toujours comment se comporter avec nous, notamment dans les moments difficiles, mais ils comprennent aussi qu?on se comporte de la sorte malgr? nous. Je reconnais aussi que certains praticiens m?ont appris beaucoup de choses sur l?hypocondrie et la conduite ? tenir pour limiter ses d?g?ts.? Vraisemblablement, Djamila est une hypocondriaque qui s?assume. Malgr? son handicap, elle a r?ussi ? ?lever convenablement ses deux enfants et surtout ? exceller dans l?accomplissement de sa noble t?che d?enseignante.
?La maladie empoisonne ma vie, j?ai sans cesse des envies suicidaires?
Elle est revenue sur certaines difficult?s rencontr?es avec ses proches, notamment dans le milieu conjugal : ?Avec mon mari, je reconnais qu?il y a des hauts et des bas, certaines de ses remarques me laissent penser qu'il va finir par en avoir marre de supporter mes probl?mes et des fois mon profil anxieux suscite chez lui une grande inqui?tude.? Cette hypocondriaque n?a pas manqu? de nous faire part de sa profonde d?tresse : ?On a besoin du soutien ind?fectible de toute la soci?t? pour venir ? bout de ce mal qui nous ronge, et il faut admettre aussi que nous sommes en butte aux pr?jug?s des gens qui consid?rent ces craintes injustifi?es et exag?r?es. Je lance un appel solennel ? tous ceux qui ne sont pas en mesure de nous supporter, qu?ils cessent de d?courager les autres ? le faire, comme ?a on peut dire qu?on finira un jour par vaincre cette disposition obsessionnelle.?
Farida, 30 ans, informaticienne
Depuis mon plus jeune ?ge, j ai toujours ?t? attentive aux maladies et je me renseignais aupr?s de ma famille et mon entourage. Aujourd?hui, j?ai 35 ans et je ne pense qu?? cela du matin au soir, c?est vraiment horrible. Si j?ai un petit mal de gorge, je cours chez le m?decin pour savoir si je n?ai pas un cancer. A la moindre douleur je m?imagine que je suis malade, que je vais mourir et ?a m?empoisonne la vie. Je ne peux plus vivre comme ?a. Ma t?te est sans cesse pleine, je r?flechis tout le temps ? toutes les horribles maladies que j?ai toujours peur de contracter et je ne peux pas m?emp?cher d?y penser. A force d?imaginer que j ai des saloperies, je vais finir par les provoquer et vraiment tomber malade. Un coup c?est le cancer du sein, un autre c?est celui de l?ut?rus, c?est atroce. Je ne demande pourtant qu?? vivre comme tout le monde. Je veux faire plein de choses, j?ai des projets plein la t?te, mais comme mon esprit est toujours pr?occup? par les maladies imaginaires cela a foutu ma vie professionnelle et sentimentale en l?air. Je reste clo?tr?e chez moi ? me ronger les sangs et cela me rend de plus en plus malade. J?ai atteint un niveau de d?pression tr?s important et je n?en peux plus. Cela va finir par me d?truire. J?ai sans cesse des envies suicidaires, mais je continue ? lutter contre cette affreuse maladie.


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