Et l?on reprend le fil là où nous l?avions laissé, après avoir encore vérifié les énormes nuances qui différencient les congés des vacances et ces dernières de la joie. La culture elle, n?était pas en congé. Elle s?est même trouvée en danger avec les terribles incendies qui ont ravagé la Grèce. Le site archéologique d?Olympie, berceau des J. O. antiques, classé au patrimoine mondial de l?Unesco, a été sauvé in extremis. Faute de quoi, après le sac du Musée de Baghdad ? dont plus personne ne parle d?ailleurs ?, les témoignages de civilisation de la Méditerranée auraient été encore plus gravement atteints. Mais, ici aussi, une énorme nuance réside entre la rive Nord et la rive Sud. Sur la première, en dehors des aléas naturels, les vénérables vestiges n?ont pas grand-chose à craindre tandis que sur la seconde, les guerres, la rapine et le laisser-aller ordinaire commettent d?innommables ravages. L?Algérie n?a pas été épargnée puisqu?à la fin août, la Gendarmerie nationale a constaté que le site rupestre de Safiet Bourenane, à 20 km de Djelfa, avait fait l?objet d?une agression caractérisée. La gravure dite de l?Antilope Elancée a été retrouvée découpée à la meule électrique, à même la roche. Cette tentative de vol indique bien qu?il existe des réseaux organisés et qu?ils disposent de débouchés planifiés. De même, El Watan (26 août) a révélé que certaines toiles de maîtres dont dispose l?APC de Skikda auraient disparu. Que dire quand il ne semble plus rester que les malfrats pour s?intéresser à l?art et au patrimoine ? Nous avons eu encore cet été le festival de Timgad et ses succédanés, Djemila, Guelma... Est-il écrit quelque part que là où se trouve un théâtre antique, doive nécessairement se tenir un festival dont le contenu et l?ampleur ne correspondent pas avec le site, tant du point de vue de sa fragilité que de son esprit ? Sommes-nous incapables de percevoir l?énorme nuance entre la prise en charge légitime des besoins régionaux d?animation culturelle et la préservation des sites archéologiques ? Cet été, en Iran, pour la première fois depuis la révolution islamique de 1979, un orchestre occidental s?est produit dans ce pays, interprétant Brahms et Beethoven. Des mois auparavant, les éléments féminins de l?orchestre symphonique d?Osnabrück ont accepté de répéter en hidjab pour se familiariser au maniement des instruments sous cape. Le chef de cet orchestre à cordes, vents et voiles, satisfait de la tournée, a déclaré : « Le plus important, c?est la musique. » Enorme nuance encore de ceux qui savent que l?art est si précieux qu?il mérite des sacrifices pour être porté auprès de ceux qui l?aiment.
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Posté Le : 06/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com