Algérie

Ennahdha n'a pas digéré son rejet



Ennahdha n'a pas digéré son rejet
Les islamistes tunisiens d'Ennahdha ne cachent plus leur hostilité face à la détermination du nouveau chef du gouvernement indépendant à respecter les exigences de la feuille de route consensuelle qui avait remis Ennahdha à sa place.Mehdi Jomâa est dans leur collimateur. Les hostilités ont éclaté avec la nomination de nouveaux gouverneurs par Jomâa en remplacement de précédents, pour la plupart partisans et "incompétents" (sans expérience administrative), désignés par les Premiers ministres islamistes, Hamadi Jebali et Ali Laârayedh. Ils avaient été hissés à ces postes de responsabilité stratégiques sur l'unique critère de leur appartenance politique à Ennahdha. Jomâa les a remplacés par de vrais commis de l'Etat qui vont veiller, entre autres, à la stabilisation et à la relance économique dans leur région, mais aussi à l'organisation d'élections libres et transparentes avant la fin de l'année. Ennahdha, auquel s'est joint le parti dénommé son satellite à Tunis, le Congrès pour la république (CPR), a vainement fait pression sur le chef du gouvernement pour qu'il revienne sur sa décision.Donc, un mois après le laborieux processus qui a permis la sortie de crise institutionnelle de la Tunisie avec un nouvel attelage pour organiser la Tunisie post-Ben Ali, après sa parenthèse islamiste, Ennahdha remet des siennes, montrant, s'il en est besoin, que les Islamises ne désarment jamais et qu'ils n'ont nullement l'intention d'accorder le moindre répit au gouvernement indépendant qui a succédé aux troïkas I et II de Jebali et de Laârayedh. Ghanouchi, qui n'a pas digéré sa défaite, semble vouloir rebondir pour empêcher l'équipe de technocrates qui est aujourd'hui aux commandes de réussir là où ses deux gouvernements successifs ont fait chou blanc. Pourtant, la pays est au bord de la faillite économique, entre autres, par la faute des islamistes qui ont fait fuir les investisseurs et mis en chômage le tourisme, le secteur par excellence pourvoyeur d'emplois et de devises. Machiavélique, Ghenouchi a été jusqu'à promettre la relève des touristes occidentaux par des touristes des émirats du Golfe. Non seulement, ils se sont fait attendre mais les promesses d'investissement des émirs sont également restés lettre morte.Au final, il n'y a que des Algériens à se rendre en vacances chez leur voisin. Ennahdha qui ne peut pas officiellement revenir sur sa signature au bas de la feuille de route du Dialogue national, faute de quoi il sera discrédité même chez ses adhérents, essaye donc de contrarier ses étapes bien nettes et contraignantes, car, négociées pas à pas par les démocrates.Ce document dûment signé par Ghannouchi comporte outre la formalité du départ du gouvernement, d'autres obligations qui conditionnent la tenue d'élections démocratiques, libres et justes. Pour les observateurs de la scène tunisienne, les ruades d'Ennahdha expriment sa perte d'audience commencée le 25 juillet 2013, date de l'assassinat de Mohamed Brahmi, leader de la gauche. Autre cheval de bataille d'Ennahda, le maintien des ligues pour la protection de la révolution (LPR), bras armé du parti islamiste. Alors que la feuille de route du Dialogue national dicte leur dissolution, comme la révision des nominations partisanes, Ghannouchi menace d'occuper la rue contre ce qu'il accuse de "nettoyage" politique.Le parti islamiste avait mis ses deux années de pouvoir pour infiltrer l'administration et d'autres rouages du pays, des milliers de positions d'influence. Jomaâ, pour le moment, tente de tenir tête, fort du soutien de la société civile. La semaine dernière, il recevait les membres du quartet du Dialogue national, pour leur réitérer sa détermination à mettre en ?uvre les exigences de la feuille de route démocratique. En outre, le Premier ministre tunisien se sent d'autant plus soutenu que sur le terrain sécuritaire, son offensive antiterroriste se solde jusqu'ici par des succès. En un temps record, des têtes terroristes, présumées ou pas, sont tombées, comme Kamel Gadhgadhi, figure de prou du djihadisme tunisien. D'autres ont été mis sous les verrous et attendent d'être jugés, comme Ahmed Melki, alias le Somalien.Cette offensive antiterroriste, parce qu'elle est nettement plus efficace que ce qu'elle n'a été jusqu'ici et qu'elle donne à croire qu'elle enregistrera d'autres succès aux dépens du djihadisme, semble sérieusement inquiéter Ennahdha qui voit un autre fonds de commerce lui échapper. La détermination qui anime le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, à répondre aux "enfants de Ghannouchi par la force des armes et les arrestations fait redouter à Ennahdha que toute la vérité sera bientôt faite sur ses liaisons douteuses avec les terroristes et sa complicité avec Ansar Charia et leur chef Abou Iyadh", a écrit un éditorialiste dans la presse tunisoise, pressentant la mise en route prochaine de la justice sur l'implication de hauts responsables d'Ennahdha dans des affaires du terrorisme postrévolutionnaire. Ce n'est pas à l'ordre du jour mais la peur a certainement gagné des militants d'Ennahdha.D. BNomAdresse email




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